Bullet Train : Terminus, tout le monde se descend

Après The Gray Man sorti récemment sur Netflix, c’est au tour de Bullet Train d’offrir notre dose de divertissement estival. Néanmoins le film ne va pas nous faire voyager à travers de multiples destinations comme dans The Gray Man, car Bullet Train va se limiter à un décor quasi unique qui est, vous l’aurez compris, un train. Cette arène s’est illustrée auparavant dans le cinéma sud-coréen avec le très bon Snowpiercer, le Transperceneige (2013) de Bong Joon-Ho ou bien le film de zombies Dernier train pour Busan (2016) réalisé par Sang-ho Yeon. Malheureusement la comparaison entre ces deux films et Bullet Train est bien évidemment déséquilibrée en raison de la qualité de ce dernier.

Ce projet a été confié à David Leitch, cinéaste qui nous a déjà présenté son travail dans Atomic Blonde (2017) film d’action porté par Charlize Theron, le spin-off de Fast and Furious : Hobbs & Shaw (2019), sa co-réalisation non créditée dans le premier John Wick (2014) ainsi que dans son film majeur Deadpool 2 (2018). Cette filmographie est plutôt révélatrice du genre de prédilection de David Leitch, légitime de porter le cinéma d’action de divertissement en raison de son expérience de cascadeur. C’est d’ailleurs dans le cultissime Fight Club (1999) de David Fincher, que David Leitch va rencontrer Brad Pitt en étant sa doublure cascade. Ils vont continuer à collaborer dans Troie (2004) de Wolfgang Petersen ainsi que dans Mr. & Mrs. Smith (2005) de Doug Liman. Une relation qui semble fonctionner ce qui va amener David Leitch à retravailler avec Brad Pitt en lui offrant le premier rôle de son nouveau film, lui qui était déjà passé faire un caméo éclair dans Deadpool 2.

Bullet Train va donc faire évoluer son intrigue dans un quasi-huis clos. Un décor agréable à suivre, nourri par de nombreuses scènes d’action qui vont devoir s’adapter à son espace exigu. Ces scènes très chorégraphiées vont avoir comme personnalité d’être comiques, tout en se servant du décor afin d’apporter une richesse dans les scènes de combat même si dans ce métrage les séquences d’affrontements ne seront pas vraiment transcendantes. Cette manière de chorégraphier ces scènes va également rendre hommage à Jackie Chan, porteur de ce style de combat caractéristique de l’acteur chinois.

La personnalité de Deadpool 2, et donc celle de David Leitch, va être transmise par le biais de ces chansons fun, comme l’entrée de Brad Pitt sur Stayin’ Alive des Bee Gees. De plus, d’autres musiques seront en décalage complet avec l’image comme l’illustre l’utilisation d’une musique dansante sur une scène de violence banalisée par ce ton humoristique et déjanté qui rappelle bien évidemment le métrage porté par Ryan Reynolds.

David Leitch aime désacraliser son héros principal en le rendant ridicule, fun, mais efficace comme le personnage de Deadpool. Dans son second volet, David Leitch va non seulement désacraliser l’image du super-héros par l’essence même de son personnage, qui est un anti-héros, mais également celle de la star de cinéma. En effet, l’un des acteurs les plus influents du 7ème art va être rendu inutile par le biais du caméo révélant Brad Pitt périssant de manière ridicule. Dans Bullet Train, Brad Pitt va certes avoir un rôle plus important mais ce n’est pas pour autant qu’il va être travaillé différemment que le personnage de Deadpool, à savoir un héros principal fun, comique, bête et efficace.

Hormis Coccinelle qui est le nom de code de Brad Pitt, nous allons découvrir de nombreux autres personnages empruntant le nom d’un fruit ou d’un animal de sorte à couvrir leurs identités. Brad Pitt partage l’espace restreint du train avec deux autres groupes de personnages. D’un côté, nous avons Citron (Brian Tyree Henry), Mandarine (Aaron Taylor-Johnson) et de l’autre Yuichi Kimura (Andrew Koji) et Prince (Joey King). Ces protagonistes vont bien évidemment se rejoindre liés par cette quête qu’ils ont en commun autour de ce même objet qui n’est d’autre qu’une mallette affiliée à l’antagoniste principal du film : La mort blanche incarné par Michael Shannon. Seulement les différents personnages vont vouloir servir leur propre intérêt ce qui va par conséquent donner lieu à différents conflits.

Le film met donc en scène beaucoup de personnages, des principaux et des secondaires qui vont être développés d’une manière simpliste. Nous aurons différentes backstory afin de les exposer un minimum avec même l’histoire d’une simple bouteille d’eau basculant la mécanique de la backstory dans le running gag. Ce comique de répétition va également être illustré par le biais de la personnalité des personnages avec tout d’abord celle de Coccinelle (Brad Pitt) qui va sortir ces citations philosophiques assez bancales afin de se convaincre qu’il est une personne pacifique ou bien avec le personnage de Brian Tyree Henry qui, quant à lui, s’est donné comme philosophie d’assimiler les personnages qui rencontrent aux différents caractères présents dans le dessin animé du petit train Thomas. Même le caméo d’une star va être caractérisé par son running gag autour de sa volonté de faire beaucoup plus que simplement couvrir l’identité de Coccinelle, car oui comme énoncé auparavant, le film est un défilé de stars.

Le film va parler de la thématique du destin qui sera exposé par les différents liens des protagonistes qui se sont rencontrés à cause de cet objet tant convoité en raison de cet acheminement planifié par l’antagoniste qui va bien évidemment être désacralisé, ridiculisé par les soins de David Leitch. Comme quoi le réalisateur ne va pas seulement sans prendre qu’aux héros de ses films. Un dénouement qui peine à s’achever, mais le destin ou plutôt le karma clôture enfin ce métrage.

L’objectif de divertir ne va pas faire de Bullet Train un bon film sans qu’il soit complètement raté. Si la présence (très attrayante) de Brad Pitt en tête d’affiche ne va pas suffire à sauver le film, on sent que l’acteur américain s’amuse beaucoup. Par conséquent, le casting 5 étoiles va se limiter à un film fun mais assez cliché dans une arène originale, c’est toujours ça de pris.

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