Deadpool 2 : Harder, Better, Faster, Stronger ?

Après avoir créé la surprise en 2016, Deadpool est de retour ! Le mercenaire invincible vulgaire et ultra-violent a tellement fait d’émules il y a deux ans qu’il fallait bien qu’il s’offre le luxe d’une suite, au budget pourtant pas forcément plus déraisonnable que le premier opus. Pour conserver la saveur du premier film et s’assurer une rentabilité maximum, Ryan Reynolds n’a pas voulu trop faire enfler le budget (ce qui expliquerait le départ de Tim Miller, lui qui aurait voulu faire un film plus conséquent) et si cela se ressent dans certains effets spéciaux pas toujours convaincants, force est de reconnaître qu’on ne peut pas en vouloir à Reynolds de porter à bout de bras ce personnage tant aimé des fans et qui ne doit sa présence sur grand écran qu’à l’acharnement d’un acteur décidé à casser son image de beau gosse et à offrir aux fans ce qu’ils méritent le plus.

Ceci dit, en dépit de toute la bonne volonté de Ryan Reynolds, Deadpool n’a jamais cassé trois pattes à un canard. C’est un film à l’humour régressif bienvenu, aux références hilarantes mais aux gags balourds, se considérant parfois trop souvent à tort comme un petit malin. Deadpool 2 est donc à l’image du premier, l’effet de surprise en moins. A vrai dire, tout le début du film tend à être embarrassant tant il multiplie les saillies gores et les bons jeux de mots sans avoir l’air de faire autre chose. Par chance, le récit finit par décoller dès que Cable fait son apparition. Venant du futur pour zigouiller un gamin mutant afin d’empêcher une catastrophe, Cable est une sorte de Terminator qui va tellement donner du fil à retordre à Deadpool qu’il va devoir créer la X-Force (ce qui donne lieu à une scène de parachutisme franchement hilarante). Tout un programme donc pour cette suite qui, sans faire mieux que le premier film, parvient à donner plus de corps à son récit.

Il faut dire que les enjeux sont de taille et que le méchant (Josh Brolin, encore, mais on ne va pas s’en plaindre tant son charisme irradie l’écran) a plus d’allure que le pauvre Ajax du premier film. En se parant d’un scénario classique, Deadpool 2 arrive à mieux centrer ses enjeux et prouve que le personnage existe mieux entouré des autres. Une façon d’apporter un peu d’épaisseur aux personnages avec quelques idées sympas donnant lieu à de très bons moments.

A trop vouloir se la jouer cool, Deadpool 2 a tout de même du mal à pleinement convaincre. Si certains caméos sont irrésistibles, que certaines blagues de mauvais goût sont les bienvenues et que de belles idées pullulent dans le scénario, la plupart des répliques bien senties du personnage sonnent faux. On sent constamment cette envie d’en faire toujours plus dans la vulgarité et dans l’humour méta pour donner au public ce qu’il a aimé dans le premier film. Un systématisme d’autant plus agaçant que le personnage a encore plus de potentiel que ça. Potentiel entrevu tout au long du film par la formation de la X-Force. Reynolds lui-même semble s’en être rendu compte puisqu’il a récemment annoncé ne pas penser à un Deadpool 3 mais à un film X-Force. Ce qui serait effectivement la meilleure façon de continuer à faire exister le personnage tout en étendant l’univers des films. En attendant, être conscient des limites de Deadpool 2 ne devrait tout de même pas empêcher de passer un bon moment devant. Ce serait même plutôt dommage…