Fast & Furious : Hobbs & Shaw : Ça roule des mécaniques !

La série Fast & Furious passe un cap avec Hobbs & Shaw. Elle entame la création d’un univers étendu cher à notre cinéma contemporain avec comme point de mire la Marvel Cinematic Universe. Universal s’est déjà fourvoyée dans la formule sans succès avec La Momie et la possibilité d’un Universal Monsters Universe. Ici, c’est à des différents types de monstres auxquels nous avons affaire. Dwayne Johnson et Jason Statham dans leurs rôles respectifs de l’agent fédéral Luke Hobbs et du mercenaire Deckard Shaw. Des personnages apparus dans l’épisode 5 pour Hobbs et 7 pour Deckard de la saga Fast & Furious. Mais pourquoi un dérivé sur ses deux personnages ?

Tout est une question d’ego de stars. Vin Diesel ne supportant pas de se faire voler la vedette par une star plus fédératrice, en l’occurrence Dwayne Johnson à qui la saga Fast & Furious doit beaucoup dans son succès international soudain. Puis l’alchimie bourrine entre The Rock et Jason Statham sur les deux précédents films a été si évidente que produire un buddy-movie avec les deux personnages s’imposait naturellement. Dans le même temps, Hobbs & Shaw reste un film de la saga Fast & Furious, les éléments de l’un pouvant entrer en corrélation avec le second, à savoir tout converger vers un même et seul final. Les éléments de ce film dérivé prodiguent l’attente de voir le grand méchant, caché derrière sa voix, à devenir celui des prochaines aventures de Torreto et sa famille.

Dans Hobbs & Shaw, tout est encore une question de famille. La petite Shaw, agente du MI6, s’injecte un dangereux virus à défaut de le compromettre dans les mains de Brixton, agent bionique d’Eteon. Eteon est un lobby terroriste qui fabrique des soldats bioniques à partir de mercenaires vivants ou morts. Il joue aussi sur le flux de notre société et ses informations déréglant à leur volonté le monde entier. Ainsi Hobbs et Shaw deviennent des fugitifs suite à des fake news. Ils sont ainsi poursuivis par Brixton, un ex-coéquipier de Shaw tué par ses soins. Idris Elba est cet antagoniste parfait faisant état d’un charisme hors du commun dans la peau d’un homme qui valait trois milliards. Hobbs & Shaw ont sacrément affaire à un bad guy de haute volée pour des faces à faces percutants et des courses-poursuites de hautes intensités. La preuve avec celle dans le cœur de Londres où Brixton se transforme en Tonnerre Mécanique, quand Shaw au volant de sa McLaren doit passer sous deux camions avec sa sœur et Hobbs dans une boite à sardines biplaces. Gérard Oury n’aurait pas renié la séquence. 

Le blockbuster réalisé par David Leitch est une propulsion constante au NOS. Nous ne sommes plus à suivre des courses urbaines en plein LA, mais au cœur d’une mission internationale de sauvetage passant entre Londres, l’Ukraine et les îles Samoa. Face à Hobbs & Shaw, on pense énormément à une autre saga qui repousse les limites de l’incroyable au fil des épisodes, Mission : Impossible. Nous ne faisons pas face à la même qualité de production, mais l’entrain des films à des cascades toujours plus folles procure cet identique plaisir «pop-corn». Nous en prenons pleins les yeux à l’image de cette poursuite finale entre 5 voitures et un hélicoptère accrochés tel un mille-roues sur les routes escarpées des Samoa. 

Toujours plus fou, toujours plus furieux, ce dérivé ne serait rien sans ses stars. Le film est produit pour eux et rien que pour eux. Plutôt pour Dwayne Johnson dont sa démesure cause des dommages égocentriques dans la saga phare auprès du producteur/star Vin Diesel. Les deux hommes se vouent une antipathie réciproque à l’image de deux catcheurs au cœur du ring. Alors un parallèle est créé pour continuer à amasser les dollars, Jason Statham trouvant sa part du gâteau dans les deux films sans sourciller. Ce dernier castagne avec un style so’british et un regard figé appréciable. On commence même à rêver de voir les deux personnages mis en scène par Walter Hill au cœur des années 80 – ou encore aujourd’hui – le film aurait une toute autre gueule.
Hobbs & Shaw ne s’empêche tout de même pas d’avoir deux gueules sourcillant à devoir collaborer ensemble. Le long-métrage est un concours vergétique plus dur et plus fort sur 2h30, comme un nouveau slogan pour ce film appelant une nouvelle série de films. De nouveaux spectacles jouant des muscles et du pénis agrémentés de cascades roulant furieusement des mécaniques quand ce n’est pas pour nous présenter des petites pépées à peine habillées à l’accent sexy et jouant du gros flingue comme jamais un homme ait pu le rêver.

Hobbs & Shaw, c’est le prolongement d’une saga qui assure ses arrières. Des producteurs et un studio sûrs de leur potentiel gonflant le moteur d’une série rentable pour ne pas perdre les deux pistons permettant de continuer la course envers des supers-héros vampiriques et des espions casse-cous. Pour le moment l’huile fait toujours tourner la mécanique, mais attention à ne pas serrer le moteur à force de tirer dessus.