Nope : Prédateur venu du ciel

“Sommes-nous seuls dans l’Univers ?” est l’une des questions les plus intrigantes que l’humanité se pose encore aujourd’hui. Sa réponse semble révolue ce qui amène l’être humain à créer sa propre présentation de la vie extraterrestre en raison des fascinations, de la peur ainsi qu’aux diverses théories élaborées autour des aliens exposés par l’image fictionnelle créé par le biais de légendes, d’images et vidéos fakes ou bien évidemment par les multiples propositions cinématographiques. De nombreux films ont terrifié les spectateurs comme la cultissime saga Alien (1979-2017) créée par Ridley Scott, La Guerre des mondes (2005) de Steven Spielberg ou le plus méconnu Under the skin (2013) de Jonathan Glazer. Le cinéma sur la thématique des extraterrestres va également briser les préjugés que nous nous sommes inculqués. Dans Premier Contact (2016) de Denis Villeneuve nous avons une proposition à l’allure d’invasion hostile sous fond de transmission temporelle sans oublier bien évidemment le film d’extraterrestre le plus populaire : E.T (1982) de Steven Spielberg à nouveau, qui à l’inverse de nombreux films du genre va être destiné à la famille de par l’aspect inoffensif, attachant et comique de la petite créature.

Jordan Peele nous dévoile son nouveau long-métrage : Nope, après le phénomène Get Out (2017) et son dernier film Us (2019) qui avait reçu des avis plus partagés. On aura à faire dans ce long métrage à la vision de l’extraterrestre hostile que l’on a donc été habitués à voir auparavant ainsi qu’à la forme de l’OVNI en question représenté de la manière la plus populaire qui soit, par une soucoupe volante. Mais c’est très mal connaître Jordan Peele de penser que Nope est un film se reposant sur ces clichés car bien évidemment le réalisateur va nous offrir une vision originale de l’attaque extraterrestre.

La patte reconnaissable de Jordan Peele va être exposée par son casting principal porté par des acteurs afro-américains afin de mettre en avant la culture en question et d’apporter son engagement envers elle, un engagement cependant moins présent dans cette nouvelle œuvre. Une personnalité d’auteur également perçue par le biais de son sens du détail prémonitoire subtilement inséré dans le récit afin de nous donner des indices sur l’issue du dénouement sans qu’on en ait forcément conscience lors du premier visionnage. Nope va toutefois changer sa manière de nous transporter dans le récit, car Jordan Peele ne va pas cette fois nous retourner le cerveau par le biais de ses traditionnels twists mené avec brio dans Get Out ainsi que dans Us. Cette remarque n’est en aucun cas une critique négative car cela n’empêche absolument pas l’œuvre d’évoluer vers une fin convaincante sublimée par la maîtrise de l’ambiance dirigée par Jordan Peele. Malgré sa manière différente d’aborder l’issue de son film, le réalisateur va tout comme Us effectuer, au début de son métrage, un travelling dévoilant un animal. Dans Nope le mouvement de caméra dévoile un cheval alors que dans Us ce sont des lapins en cages qui ont été choisis. Ces deux plans dans Nope et Us auront comme objectif d’illustrer le dénouement sans nous le révéler. Ce genre de mécanique a déjà été utilisé auparavant dans Le Prestige (2006) de Christopher Nolan qui va nous révéler avec aisance le twist du film dès son premier plan.

Enfin, la présentation de l’arène dans laquelle évolueront les personnages peut nous faire penser à l’espace utilisé par les protagonistes de Get Out, par cette maison unique au milieu d’un terrain isolé avec également pour ces deux films un axe secondaires scénaristiques qui est dans Get Out l’investigation de Rod (Lil Rel Howery) sur la disparition de son amie Chris (Daniel Kaluuya) et dans Nope, l’axe du personnage Ricky (Steven Yeun).

Daniel Kaluuya marque son retour au côté de Jordan Peele sous les traits d’OJ (Otis Haywood) partageant l’affiche avec Keke Palmer, Em (Emerald Haywood) qui incarnera sa sœur. Malgré ce lien familial, les deux personnages s’opposent par leurs caractères. OJ est calme, blasé, introverti tandis que Em fait preuve de plus d’enthousiasme par son caractère extraverti. Ils gèrent le ranch familial ce qui va nous renvoyer au western, genre assumé par ce décor vaste et aride ainsi que par ces plans à dos de chevaux accentués par cette musique aux sonorités du cinéma de cow-boys. La science-fiction est au cœur du propos mais l’essence même de Nope sera bien évidemment l’horreur. Sa mise en place va prendre forme à travers le mystère. Une façon très caractéristique du style de Jordan Peele de mettre en scène la tension. Il va par la même occasion rendre hommage aux codes de l’épouvante par l’illustration de la résidence renvoyant à la maison hantée qui va être au centre de la grande scène d’horreur du film, grandiose et terrifiante accompagnée par ces quelques interventions comiques de Daniel Kaluuya.

Jordan Peele va utiliser les animaux afin de parler de la notion de proie chassée par les prédateurs, qui est le thème du film. Le cheval est l’animal le plus représenté, illustré dès l’affiche officielle du métrage. Il va permettre d’animer l’arène ainsi que d’exposer les personnages de OJ et Em, liés à ces étalons représentant leur héritage. Ces chevaux vont également permettre de placer l’engagement afro-américain par le biais de son importance dans le 7ème art. La faune va se glisser dans le décor ou interagir avec le récit. Elle sera également présente sur les images d’archives animalières présentant pour la plupart des animaux chassant leurs proies… Ce qui va bien entendu appuyer le propos du film révélé dès l’ouverture de Nope lors de cette scène qui expose le massacre d’un singe, illustration parfaite de la notion d’horreur prédatrice, permettant par la même occasion de donner de la profondeur au personnage de Steven Yeun, même si ce dernier ne sera pas acteur majeur du récit contrairement à la brutalité de cette scène qui va se servir de l’horreur bestiale du singe afin de pouvoir la comparer à cet OVNI prédateur.

L’horreur va donc minutieusement se mettre en place par le biais de ce fameux OVNI qui va se montrer de plus en plus menaçant et de plus en plus visible, car on va surtout l’entrevoir avant de véritablement être spectateur des deux phases de camouflages de l’OVNI (vous comprendrez en voyant le film). Cette soucoupe va donc être présentée sous la forme d’un prédateur de par sa manière furtive d’évoluer dans le décor avant de véritablement s’élancer à la poursuite de sa proie et de révéler la nature de ce vaisseau. Nope va être une manière originale de présenter la menace extraterrestre tout en mettant en scène notre fascination à travers les protagonistes qui quant à eux, vont se mettre en quête de réponse à cette grande question sur l’existence de la vie extraterrestre : “Sommes nous seuls dans l’Univers ?”

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