Alien : Covenant, aux origines du mal

Alors que Alien : Covenant s’apprête à sortir en DVD et Blu-ray chez 20th Century Fox demain, profitons de l’occasion pour nous repencher sur le film, plus ou moins dézingué à sa sortie mais loin de démériter, Ridley Scott proposant un retour aux sources sacrément gore et résolument pessimiste…

Alien… Rien que le mot suffit à nous arracher quelques frissons d’angoisse à la pensée de John Hurt et de son dernier petit-déjeuner au Nostromo ou à celle d’Ellen Ripley en petite culotte face à une créature absolument affreuse, désormais inscrite au panthéon des meilleurs monstres de l’histoire du cinéma. Autant dire qu’après les promesses non tenues de Prometheus (qui, s’il est décevant, reste de bonne facture avec le recul), Ridley Scott se devait de se faire pardonner auprès d’un public intransigeant qui réclamait son lot de xénomorphe et de giclées de sang.

A la fois suite de Prometheus (il se passe dix ans après) et préquelle d’Alien, ce Covenant, racontant les mésaventures d’un équipage de colons se rendant sur une étrange planète à la suite d’un problème technique, entend mettre tout le monde d’accord. Et s’il ne satisfera pas les plus exigeants (à cause de quelques défauts de scénarios et à un troisième acte prévisible clairement inférieur aux autres), force est de constater que le film y va de son petit effet, se percevant à la fois comme une solide série B qui réjouira les amateurs de gore et comme un film tortueux sur les affres de la création et du pouvoir destructeur de l’être humain. Car si Ridley Scott entend être généreux envers son public en lui offrant de grosses gerbes de sang, des corps qui explosent et des créatures terrifiantes, il n’en oublie pas d’offrir de vraies réponses aux questions que l’on se posait depuis Prometheus. Si Alien : Covenant soulève (inévitablement) de nouvelles questions quant à l’univers des films développé depuis 1979, il saura nous contenter en nous offrant une réponse aussi glaçante que satisfaisante quant à la question de l’origine du xénomorphe et de sa perfection.

Troublant, le scénario repose sur de nombreuses dualités illustrées par les nombreux binômes du film. En effet, la plupart des membres de l’équipage du vaisseau Covenant sont en couple mais surtout, il y a les deux androïdes Walter et David, tous deux incarnés par Michael Fassbender et dont la relation ne manque pas de pimenter l’une des thématiques du scénario : la création et la notion de paternité (après celle de la maternité largement explorée par la saga auparavant). Thème que l’on sent très proche du co-scénariste John Logan dont la série Penny Dreadful explorait déjà ce terrain avec sa créature de Frankenstein complexe et bouleversante. Bien qu’ils soient similaires physiquement, David et Walter sont deux êtres différents. David, rescapé de Prometheus est capable de ressentir des émotions humains, il ressent l’amour et sait créer des choses, capacités qui sont propres à l’humain et qui peuvent rapidement tourner mal. Walter, quant à lui, a été  »amélioré », désormais incapable de ressentir autre chose que du devoir envers ses camarades du Covenant.

Bien au-delà du simple survival pessimiste, Alien : Covenant pose autant la question de la place de l’être humain dans ce monde, de sa foi et de sa capacité de création alliée à sa capacité de destruction. Ces réflexions rendent le film beaucoup plus foisonnant qu’il n’en a l’air, apportant une vraie profondeur à un univers de plus en plus terrifiant. Notons d’ailleurs que l’on n’est pas obligés de goûter à ces thématiques pour apprécier le film, Ridley Scott s’étant débrouillés pour faire de ce Covenant un Alien amplement gore dont chaque montée de tension et chaque attaque implacable témoigne de sa grande maîtrise de la mise en scène.

Si l’on regrettera donc que parmi ce chouette casting (Michael Fassbender dans un rôle troublant, Katherine Waterston plutôt solide en simili Ripley, Billy Crudup, Danny Mcbride), quelques personnages n’aient pas le rôle qu’ils méritent (Carmen Ejogo et Demian Bichir sont totalement sous-exploités), on pourra aisément se mettre d’accord sur le fait que Covenant sait répondre aux attentes les plus exigeantes, se posant en spectacle efficace et habile dont on saluera l’intelligence et l’audace malgré un troisième acte un poil décevant, se montrant résolument prévisible et faisant retomber une tension jusqu’ici sacrément bien amenée.

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