Paternel : La Paternité et un jour…

Visible en salles dès ce mercredi 27 mars le premier long métrage du méconnu Ronan Tronchot est de ces films dits « à sujet » sans transcendance aucune, un ouvrage filmique des plus modestes dans sa forme comme dans son contenu. Clairement vendu sur l’image de son acteur principal n’étant autre que l’excellent Grégory Gadebois Paternel est un morceau de Cinéma avare en matière de proposition artistique, certes nullement déplaisant voire même passablement divertissant mais duquel pratiquement rien ne reste quelques heures après son visionnage.

Concernant l’argument narratif résonnant telle une charge idéologique à priori moderne et progressiste ce premier long déplie doucement mais sûrement la relation d’un séminariste chrétien et de son fils illégitime, fruit d’une relation consommée dans une relative hérésie onze ans plus tôt. Nous suivrons donc le cas de conscience du Père Simon se devant d’assumer sa paternité aux yeux de son ancienne conquête, de son propre fils et de la paroisse adoptant un regard plus que critique sur cette inédite reconversion familiale…

Sage, très sage, trop sage ce Paternel nous conforte sur les limites des bons sentiments littéraires et cinématographiques dans le giron du Septième Art, le réalisateur accouchant en l’état d’un long métrage complètement inoffensif et sans réelles prises de risque au vu de son sujet typiquement dans l’air du temps. Réalisé comme n’importe quel téléfilm condamné aux prime times des chaînes hertziennes vouées à satisfaire les ménagères ce coup d’essai selon Tronchot fait davantage penser à un coup d’épée dans l’eau qu’à un petit tour de force solide et soutenu. Gentil voire gentillet dans ces moments les plus faibles Paternel a pour lui la très belle prestation de Grégory Gadebois, particulièrement crédible en paroissien subtilement fruste et chagrin ; à ses côtés le plutôt sympathique Lyes Salem semble apporter un soupçon de contrepoint en la figure du Père Amine, assez amusant en homologue passionné par la série Game of Thrones insufflant timidement un petit vent de comédie à toute cette mièvrerie sans charme ni caractère véritables… Et si le jeune Anton Alluin livre une interprétation correcte mais sans dépassement quelconque en la figure du jeune Aloé la plutôt bankable Géraldine Nakache peine à faire exister son personnage de mère-courage trop peu développé pour susciter l’empathie voire l’intérêt le plus simple.

De fait l’écriture semble désespérément plate et convenue, le métrage alternant avec une monotonie lassante et dispensable entre les pieuses occupations du Père Simon et ses nouvelles responsabilités parentales. En d’autres termes le dilemme animant ledit protagoniste passe dans la plus parfaite indifférence cinéphilique, pas même rehaussé par une direction artistique certainement bien documentée mais tristement dépourvue d’aspérités. Tourné en région bourguignonne Paternel n’a pas même la beauté esthétique de son décor, comme aplati par une photographie terne sans doutes destinée à retranscrire le quotidien ascétique de Simon et de sa paroisse mais décidément trop rébarbative pour nous séduire a minima.

Si l’on excepte la très bonne prestation de Grégory Gadebois le premier film de Ronan Tronchot est de ces oeuvres oubliables dès le premier coup d’oeil, juste bonnes à raconter une petite affaire privée pas forcément inintéressante sur le papier mais exempte de style et de passion dans le même mouvement de médiocrité. Pas méchant mais pas franchement captivant Paternel est donc un film de toute petite mine loin d’être indispensable, à peine remuant et tout juste moyen dans sa globalité. Une déception.

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