Édito – Semaine 41

C’est un cas assez singulier : depuis deux semaines, le film dominant le box-office français n’est pas un film récent mais une ressortie. En effet, ressorti dans une version 4K toute pimpante afin de donner un coup de boost à la sortie de sa suite pour la fin d’année, c’est Avatar qui est en tête du box-office, cumulant désormais plus de 564 000 entrées. C’est suffisamment rare pour être souligné mais c’est aussi suffisamment inquiétant. À l’heure où beaucoup de films sortis récemment sont de qualité (Revoir Paris, Les enfants des autres, Le sixième enfant, L’origine du mal, Chronique d’une liaison passagère), c’est une fois de plus vers une valeur sûre et sans prise de risque que le public se tourne. On peut difficilement lui jeter la pierre, un Avatar par James Cameron – malgré son scénario aux grosses ficelles – valant tous les Marvel du monde mais on est en droit de s’inquiéter. Où est passé l’appétit du public pour la surprise ? Tient-il absolument à ce qu’on lui serve en boucle le même plat réchauffé au micro-ondes ?

La chute de fréquentation des salles inquiète tout le monde (même si Novembre devrait normalement faire déplacer le public) et se fait systématiquement dès que les blockbusters américains quittent les écrans. Or, on ne peut pas compter que sur eux pour remplir les salles. Le problème n’est pas la qualité des films (on ne peut décemment plus chanter la même litanie concernant le cinéma français car – si l’on excepte toujours ses comédies nazes comme Jumeaux mais pas trop – il se porte bien) mais encore une fois leur attractivité couplée au problème du prix de la place et à celui de la quantité (quand on a du mal à choisir un film, parfois on finit par ne pas aller au cinéma du tout) reste, depuis le Covid, un frein.

Dans la rédaction, on a certes toujours du mal à comprendre le problème, nous qui pensons et respirons cinéma à longueur de journée (donnez-nous le choix pour voir un film, on choisira toujours le grand écran comme option) mais il est bien réel même si nous restons optimistes. Il s’agit pour le cinéma d’une période de crise comme il en a traversé souvent mais qui n’entache en rien son éclat et sa nécessité. Il nous faut être optimistes et laisser le mot de la fin à Louis Garrel qui récemment à la radio déclarait avec un joli sens de la formule : « Il y a des cuisines Mobalpa chez les gens, mais ils continuent à aller au restaurant ! Je pense que les gens vont se désabonner (des plates-formes) et aller au cinéma. » On se joint à lui dans cette pensée, avec toute notre passion cinéphile !

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