Casino Royale (2006) : « Veuillez m’excuser. Cette dernière manche a failli me tuer ! »

James Bond

Nouvelle ère, nouvelle saga, nouveau Bond. Les succès des films Bond avec Pierce Brosnan ont poussés les producteurs Michael Wilson et Barbara Broccoli vers l’envie de rajeunir le personnage afin d’attirer un nouveau public dans les salles, un public plus jeune. Brosnan approchant la cinquantaine à l’époque du projet, il fut remercié et la recherche de son successeur débuta. Une flopée d’acteurs fut approchée. De Henry Cavill à Ewan McGregor, en passant par Orlando Bloom, Christian Bale, Jude Law, Hugh Jackman, Sam Worthington ou encore Colin Farrell…tous ont failli endosser le smoking de l’agent 007.

En octobre 2005, Daniel Craig devient officiellement le nouvel interprète de James Bond au cinéma. Repéré et salué par la critique pour son rôle dans Munich de Steven Spielberg cette même année, on lui devait déjà plusieurs rôles marquants. Si on avait pu apprécier ses performances chez Sam Mendes (Les Sentiers de la Perdition), Matthew Vaughn (Layer Cake) ou encore John Maybury (The Jacket), il n’avait pas encore montré l’étendu de ses talents ni même côtoyé un premier rôle vraiment marquant, outre les très bons films dans lesquels il figurait. Voilà pourquoi il fut boycotté par de nombreux fans, déçus du choix. En revanche, Craig s’est vu offrir le soutien de nombreux acteurs dont celui de Sean Connery qui a déclaré publiquement qu’il était un excellent choix. Il ne restait plus qu’au film confié à Martin Campbell (alors que Quentin Tarantino émettait son envie furieuse d’adapter Casino Royale depuis le succès de Pulp Fiction) de réussir à apaiser les craintes des fans. Il faut dire que Martin Campbell avait déjà réalisé GoldenEye, donc déjà un pied dans l’entreprise Bond. Les multiples relances de Tarantino entre 1997 et 2003 montraient qu’il désirait plus que tout aborder le côté sombre du personnage, ses propositions furent à chaque fois déclinées par les producteurs…mais l’idée d’un Bond plus sombre est, quant à elle, restée.

L’ordre de mission

James Bond vient d’obtenir le statut d’agent 00 au sein du MI6. Après une mission qui se solde par la destruction d’une ambassade à Madagascar, Bond est envoyé en vacances. Il poursuit cependant sa mission à Nassau. Il rencontre des agents terroristes qui travaillent pour un certain Le Chiffre. Bond va le traquer jusqu’au Monténégro et y mènera sa première mission.

Oubliez tout ce que vous saviez de James Bond. Chronologiquement, Casino Royale replace son personnage à ses débuts au sein du MI6. C’est un jeune agent arrogant, bagarreur et alcoolique à ses heures perdues. Il manque de self-control et cogne sévèrement dès que la situation lui échappe quelque peu…ne manquant pas de rendre furieuse M qui ne sait comment gérer ce jeune agent prometteur, mais instable. Le fait de reprendre toutes les origines du célèbre agent permet aux non-initiés de mieux rentrer dans l’univers Bond. Martin Campbell insuffle une dynamique dantesque à son film. Il dépoussière l’image d’agent propre sur lui dans n’importe quelle situation. Ici Bond se blesse, saigne, détruit ses costumes à chaque altercations. Campbell offre un film dans l’air du temps et va lorgner du côté de la saga Mission : Impossible qui s’était vu offrir un troisième opus musclé quelques mois avant la sortie de Casino Royale et qui a fait rentrer les films d’espionnage dans une ère nouvelle. Casino Royale offre un ton beaucoup plus dur et contemporain que ses prédécesseurs. On sent nettement l’envie de renouveau des producteurs, et le film s’en tire avec tous les honneurs. Nous ne sommes absolument pas déçus.

Antagoniste

Sans dévoiler les divers jeux de faux-semblants dans lesquels cette saga Bond sous l’effigie de Craig vont baigner, Le Chiffre demeure le principal adversaire de James ici. Interprété à merveille par un Mads Mikkelsen en grande forme, l’acteur danois, révélé par Nicolas Winding Refn, était en pleine conquête du cinéma américain. Son émigration aux USA avait déjà enchanté Antoine Fuqua pour son adaptation du Roi Arthur en 2004, mais c’est véritablement Casino Royale qui va asseoir sa notoriété et lui permettre d’étoffer son jeu si particulier. Mikkelsen offre un personnage froid, méthodique et manipulateur. On le sent sans cesse sur la défensive et prêt à exploser à n’importe quel moment. Il sera le premier méchant de cette nouvelle ère à être impliqué au sein d’une organisation dépassant tous les plus gros groupes terroristes que Bond ait eu à affronter. Une organisation que Bond tentera de faire tomber sur chacun des trois films qui suivront ensuite, une organisation sur laquelle il pourra mettre un nom uniquement lors du dernier film en date actuellement. En outre ce méchant charismatique, cela reliera les trois films suivants à cet opus. Voilà ce qui insuffle également un effet de renouveau à la saga, tous les films sous l’égide de Daniel Craig sont reliés et il vaut mieux les voir dans un ordre chronologique afin d’en comprendre tous les enjeux.

James Bond Girl

Décidément, Casino Royale distribue de nouvelles cartes à tous les étages. Un nouveau Bond et un méchant interprété par un acteur à peine connu à l’international, il en va de même pour la James Bond Girl. Second rôle aux États-Unis pour l’actrice française Eva Green, juste après s’être faite remarquer chez Ridley Scott pour Kingdom of Heaven, elle n’est qu’une débutante dans l’industrie au moment du tournage. Casino Royale n’est que le 4ème long métrage dans lequel elle joue, et son aisance devant la caméra est troublante. On a bien failli ne jamais la voir au casting d’ailleurs. Elle avait refusé deux fois le rôle. Elle a cédé sur les conseils de son agent et des producteurs, ainsi qu’en voyant les changements de tons apportés au rôle. Elle interprète Vesper Lynd, chargée d’escorter Bond au Monténégro afin de se faire passer pour son épouse. Elle tient tête à Daniel Craig de manière surprenante. Elle a beau être projetée dans la cours des grands, elle possède déjà toute l’aura d’une très grande actrice et devient l’une des James Bond Girl les plus mémorables et iconiques jamais vu à l’écran. Non seulement par sa carrure, si élégante, mais également par les actes qu’elle commettra en fin de métrage. Vesper Lynd est un nom qui marquera durablement James. Une fois encore, on en revient sur l’idée de renouveau. Les producteurs, Wilson et Broccoli, donnent un sérieux coup de balai sur la saga Bond et réussissent à mettre d’accord toutes les générations sur la nouvelle formule. James Bond sera, désormais, une saga à suivre, avec des enjeux allant bien plus loin qu’un simple film de 2h. Ils font confiances à des acteurs qui n’ont pas encore énormément de notoriété, et le pari s’avère gagnant, puisqu’Eva Green est un nom qui parle aujourd’hui.

Section Q

Partie mineure du film, puisque James est à peine un agent double 0 et est censé être en vacances, il n’a droit qu’au strict minimum. D’ailleurs, le personnage de Q est absent de Casino Royale. On verra bien James piloter une Aston Martin DBS ainsi que la DB5, et son attirail sera bien maigre, si ce n’est un téléphone Sony Ericsson K800 et un mouchard placé dans son avant-bras permettant de le localiser et de connaître son état physique en temps réel. Il aura également un kit de secours high-tech dans la boîte à gant de son Aston DBS.

1 Rétrolien / Ping

  1. Mourir peut attendre : Baroud d'honneur -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*