Evil Dead 2 : Cabin F(or)ever

Est-il encore besoin de présenter en ces lignes le film culte de Sam Raimi, véritable parangon de comédie horrifique succédant à deux longs métrages jugés par nos soins relativement décevants (à savoir un Evil Dead délibérément fauché, foutraque et inabouti suivi d’un Mort sur le Grill aux allures de nanar mal branlé, ndlr) ? Référence du genre (et disponible sur Shadowz) Evil Dead 2 s’agit moins d’une suite du premier que d’une oeuvre visuelle à part entière, troquant les petits moyens de son prédécesseur pour un budget plus conséquent, le tout sous la direction du producteur Dino De Laurentiis et sous l’impulsion de l’incontournable maître de l’épouvante littéraire américaine : Stephen King.

Reprenant les mêmes motifs narratifs que ceux déjà présents dans Evil Dead premier du nom (une cabane isolée dans les bois, des forces démoniaques s’emparant des corps humains, un protagoniste sur-expressif encore et toujours incarné par un Bruce Campbell plus cabot que jamais…) Evil Dead 2 n’a pourtant rien de la vulgaire suite tant redoutée par l’auteur de ces lignes. Strict récit d’un couple fraîchement parti en villégiature dans une cabane forestière anciennement occupée par un archéologue féru du Necronomicon à l’orée du métrage Evil Dead 2 est à Evil Dead ce que le Braindead de Peter Jackson est au passablement digeste Bad Taste : une variation horrifique des premières armes de son réalisateur, sublimée par un humour grotesque et savamment pittoresque tenant pleinement ses promesses sur le plan purement graphique…

Rien de moins qu’un festival de couleurs et de formes anguleuses, de mouvements de caméra rendus tous azimuts et de comédiens surtout présents à l’écran dans le plus simple esprit de plaisir de jeu et d’amusement Evil Dead 2 est de ces films prodigues et généreux rendant gloire au second degré, montrant dans le même temps les limites d’une gravité de ton lourdement rédhibitoire. Cintré, cinoque et hautement cinéphagique le troisième long métrage de Sam Raimi n’en finit pas d’enchaîner les visions aujourd’hui devenues emblématiques pour tout un pan de la cinéphilie gore et cultuelle : à commencer par la figure ahurissante du personnage de Ash Williams interprété par Bruce Campbell, littéralement possédé par sa main droite et voué à la remplacer par une hénaurme tronçonneuse destinée à retracer tout un joyeux bordel mêlé d’hémoglobine et de fureur au gré du métrage ; on se rappelle par ailleurs cette délicieuse séquence macabre d’objets s’animant par la seule force d’une imprécation ricanante, qu’il s’agisse d’une tête de cerf empaillée maculée d’un sang verdâtre ou d’une lampe de chevet se dandinant sur son pied amovible… Là ce chef féminin désolidarisé de son tronc et affichant une teinte bleuâtre et criarde, ici une jeune fille sous l’emprise de démons bien déterminés à l’exécuter à renfort de lianes assassines, là encore des visions de crânes au regard exorbité et des incantations suscitant quelques-unes des répliques les plus légendaires du genre (on se souviendra longtemps de la litanie monomaniaque de l’une des créatures planquées sous le grenier de ladite cabane, éructant un « I’ll swallow your soul » avec toute la véhémence de rigueur, ndlr)…

Sans temps morts et plein de promesses tenues Evil Dead 2 demeure aujourd’hui un authentique paradigme de mise en scène et d’inventivité formelle. Potentielle matrice de bon nombre de cinéastes épigones (Quentin Tarantino et surtout son comparse Eli Roth – auteur du fun et efficace Cabin Fever – semblent connaître ledit film sur le bout de leurs ongles au regard de leurs productions respectives…) cette farce grossièrement somptueuse est une véritable hagiographie de la matière organique, déluge de poisse et de couleurs hautement prononcées destiné à faire du rire la catharsis essentielle au Cinéma d’Horreur. Récemment découvert dans une superbe copie numérique lors de la XXIXème Édition de l’Étrange Festival il y a désormais deux semaines Evil Dead 2 demeure également disponible sur Shadowz, le catalogue de films préféré des aficionados de frissons et de mauvais goût en tous genres. Groovy.

Abonnez-vous sans crainte à
SHADOWZ – L’unique plateforme de SCREAMING !

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*