Misery : La plus fervente des admiratrices 

La séance Shadowz de cette semaine a été particulièrement prenante. Cette semaine, c’est avec Misery que nous avons passé du temps. Adapté du roman éponyme du maître de l’horreur Stephen King par Rob Reiner (Quand Harry rencontre Sally, Stand By Me), Misery est une petite pépite dans la catégorie Thriller.

Le film nous raconte l’histoire de Paul Sheldon (James Caan) un écrivain connu pour sa série de romans à l’eau de rose « Misery ». Fatigué d’écrire ce type de roman, il décide de faire mourir son héroïne. Désireux de se concentrer sur des histoires plus sérieuses, il écrit dans un hôtel au cœur des montagnes enneigées du Colorado un nouveau manuscrit. Une fois fini, il décide de rentrer à New York voir son éditrice au volant de sa Ford Mustang 1965 sous un blizzard. La visibilité sur la route étant presque nulle, il finit par avoir un accident. Et c’est Annie Wilkes (Kathy Bates), une infirmière et fan de ses livres, qui le sauve.

Ce long métrage nous offre un duo incroyable. L’énigmatique James Caan est excellent dans le rôle de l’écrivain séquestré. Il garde tout le long du film un calme assez surprenant : une femme complètement folle menace de le tuer s’il ne réécrit pas la fin de sa Misery adorée, pendant que lui garde son sang-froid. Il ne laisse transparaître aucune émotion et donnant l’impression d’être dépassé par la situation. C’est dans les tentatives d’évasion que l’on entrevoit sa peur et son envie de s’enfuir le plus loin possible.

Kathy Bates quant à elle joue le rôle de cette femme étrangement douce, délicate dont l’esprit peut très rapidement divaguer. Sa prestation remarquable et remarquée lui a valu l’Oscar ainsi qu’un Golden Globes de la meilleure actrice. Elle change de personnalité rapidement, ce qui est angoissant à regarder. Les plans rapprochés nous la présentant en pleine furie accentuent la folie de son personnage. On comprend rapidement qu’Annie se sent seule après l’abandon de son mari. Les romans de Paul ont été bien plus qu’une source de réconfort. Ça lui a surtout permis de vivre une autre vie, d’être une autre femme. Donc perdre Misery c’est comme perdre une partie d’elle-même.

L’actrice réussit à rendre son personnage attachant grâce à sa psychologie complexe. On en vient presque à l’aimer. Pourtant, c’est elle qui a attaché l’écrivain sur un lit, l’a menacé et a fracturé ses jambes. Bizarrement, Annie Wilkes nous touche profondément. C’est aussi le cas pour Paul car à la fin il ne semble pas lui en vouloir plus que ça. Il ressort bien entendu traumatisé de cette expérience mais on ne ressent aucune haine venant de lui à son égard. Jusqu’au dernier moment, il ne laisse rien transparaître, ce qui est troublant.

Plus il prend de l’âge et plus Misery se bonifie. Le film contient quelques scènes mémorables glaçantes. L’une d’elle est une scène de torture impossible à oublier. L’atmosphère est anxiogène sans avoir recours à des screamers. Les personnages et cette maison isolée suffisent à nous effrayer. Dans ce huis clos horrifique où l’enfer est une dame psychopathe, rien n’inclut un banal esprit maléfique vengeur. Non : ici c’est l’ambiance qui est effrayante, et la probable schizophrénie de l’hôte. C’est à la fois excitant et perturbant. Ce qui fait la différence avec les autres films du même acabit, c’est le suspense. Il plane tout le long du film et joue avec nos émotions.

Misery établit son intrigue autour de la dynamique de l’affrontement entre deux personnages. Et ça fonctionne parfaitement. Ce jeu de domination et de survie se révèle saisissant. Au-delà du thriller, le film pose une réflexion sur le métier de l’écrivain. Paul n’a pas le syndrome de la page blanche mais une envie de faire autre chose. Peut-être se découvrir lui-même puisqu’en écrivant sa série de livres, il s’est cantonné à un genre romanesque. Il a besoin d’aventure, d’introspection, et de se détacher de ce qu’on attend de lui. En se concentrant davantage sur son personnage, on s’interroge sur le rôle de l’écrivain. Doit-il écrire pour des fans (hystériques) ou pour lui-même ? Peut-on dire que l’écriture est le support des pensées d’un écrivain ?

Quel bonheur de revoir ce film à l’occasion de la séance Shadowz ! Aujourd’hui c’est assez rare d’avoir le même type de film sans faire appel à des screamers prévisibles à 200 kilomètres. Toute en finesse et surprise Misery – adapté du roman de Stephen King – est un film culte. A voir et revoir sans modération sur Shadowz.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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