Un Flic Explosif : Un justicier dans la ville… et à la campagne

Disponible dans un beau digipack Blu-Ray/DVD édité par Artus Films, Un Flic Explosif intègre leur collection « Polar » restauré en un Master 2K. La sortie du film en vidéo permet surtout de jeter un œil à une série de longs métrages trainant sur le net souvent dans de modestes copies VHS voire DVD satisfaisantes, à savoir les polars-actionners avec Maurizio Merli. Un Flic Explosif (Un Poliziotto Scomodo de son titre original) en est un bel exemple sans valoir des titres comme Rome Violente (1975) Opération Jaguar (1976) SOS Jaguar (1977).
Dans Un Flic Explosif, Merli incarne le commissaire Olmi qui enquête sur un trafic de diamants ayant donné lieu à plusieurs meurtres crapuleux. Il découvre que les commanditaires sont des membres de l’élite corrompue. Pour ses supérieurs, il fait un peu trop de zèle, et l’enquête lui est alors retirée. Il se retrouve muté en province, dans une ville paisible. Mais, face à la pègre locale, ses méthodes musclées vont vite lui revenir.

Un Flic Explosif se découvre comme un métrage découpé comme une bande dessinée. Sur une idée de Danilo Massi – fils de Stelvio Massi, réalisateur du film – le film est construit en deux parties distinctes. La première partie se déroule à Rome. Le commissaire enquête sur les meurtres de jeunes qui le mèneront à un trafic en bande organisée mêlant plusieurs hauts gradés. Le style urbain – avec, en son centre, la ville de Rome – prête idéalement son atmosphère, notamment l’ouverture accrocheuse sur les quais et ce corps flottant découvert par un clochard ; l’arrivée dans la foulée du commissaire fait alors basculer le film dans une dimension iconique. Maurizio Merli a profité à l’époque de sa ressemblance avec Franco Nero pour percer au cinéma. Il était jusqu’alors un second rôle au cinéma sortant du succès d’une série TV en tête d’affiche réalisée par Franco Rossi. Il se familiarise avec ce rôle de commissaire aux méthodes expéditives avec comme signature graphique cette moustache blonde. Col relevé, torse bombé et figure fière, il est ce héros devenu aujourd’hui ringard, quoique l’acteur dégage toujours une belle prestance depuis lors ; copié-collé de l’Inspecteur Harry avec lequel Clint Eastwood vient de connaître un succès mondial mêlé à une dose punitive droite extrême (dans son interprétation facile par les Italiens) du Justicier dans la Ville avec Charles Bronson, Maurizio Merli est un panaché de personnages forts des années 1970 destiné à créer un succès facile en Europe. Il est cette figure bientôt brisée dans ce film surprenant, envoyant le commissaire en exil à la campagne pour excès de zèle.

À la fin de la première partie, sous pression il tue malencontreusement un veilleur de nuit en rentrant chez lui. Olmi est alors envoyé loin de Rome. Il se retrouve dans la région des Marches dans l’est de l’Italie, coin bien trop calme pour lui – région natale du réalisateur. Dans Un Flic Explosif, il y a deux films en un. Les scénaristes ont synthétisé un maximum les différentes intrigues, procurant cette drôle de sensation d’assister à une BD sur grand écran. L’action s’enchaîne rapidement dans ce métrage efficace de bout en bout. S’il doit beaucoup à la figure de Merli, Stelvio Massi fait des merveilles à la mise en scène.
Destiné à devenir décorateur au cinéma, il tombe sous le charme de la photographie dès son arrivée sur un tournage. Assistant caméra puis directeur de la photographie sur près d’une cinquantaine de longs métrages, Stelvio Massi devient logiquement réalisateur dans les années 1970. Auréolé du succès de la trilogie de Un Flic voit Rouge avec Franco Gasparri, l’homme enchaîne rapidement avec celui qui deviendra son acteur fétiche Maurizio Merli avec six films au compteur.
Dans Un Flic Explosif, Massi fait preuve d’intuition avec son directeur de la photographie, Sergio Rubini. Les plans sont réfléchis avec des placements d’angles originaux comme la séquence où l’on voit Olmi monter les marches de la maison où sont cachés des trafiquants de drogue. Il y a également les champs-contrechamps où ils abusent des zooms pour cadrer à travers des miroirs et des reflets produisant des plans-séquences astucieux et économiques. La séquence dans le bistro avec le journaliste ou celle dans le bureau du juge sont de beaux exemples à analyser. Il faut une sacrée préparation pour orchestrer ce style de séquences et s’éviter les sempiternels découpages épuisants. Si le style peut marquer son époque, la mise en scène fait aujourd’hui mouche relevée avec amusement et détail d’une intuition pointilleuse – semblant brouillonne certes – jamais reprise, pourtant savoureuse. Que l’on aime ce cinéma italien aventureux et rebelle des années 1970, celui où certains artistes et maîtres faisaient étalage de leur émancipation et de leurs prises de risque sans le moindre complexe…!

Un Flic Explosif s’agit donc d’un savoureux film d’action du cinéma italien des années 1970. Le film fait toujours son petit effet par son style intuitif et emmené par un metteur en scène en pleine possession de ses moyens. Il se délecte de mettre en valeur sa star, acteur fier à la moustache soyeuse, copie d’un Clint Eastwood blond et fervent défenseur de la loi et l’ordre au cœur des rues et des campagnes italiennes. Il a la gâchette facile, la droite dure et le regard revolver, couchant dans son lit la magnifique Olga Karlatos – actrice vue dans l’Enfer des Zombies (l’oeil percé c’est elle !) et Murderock de Lucio Fulci – suite à la démonstration de ses talents dans un bar face à de petites frappes. Un Flic Explosif pour un film détonnant avec un acteur pétaradant, la recette efficace d’un cinéma fumetti comme on ne fera plus jamais, alors on en profite un maximum !

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