Édito – Semaine 18

C’était un rêve de gosse, jamais alors réellement formulé mais qui s’est précisé en grandissant : avoir l’opportunité un jour de voir Al Pacino sur scène. Acteur immense, avec lequel tout cinéphile grandit à mesure que sa culture se forge (ça commence par Scarface évidemment puis Le Parrain, Heat, L’Impasse, Serpico, Un après-midi de chien et ça ne s’arrête plus), Pacino est venu à Paris la semaine dernière, le 25 avril précisément (le jour de son anniversaire) pour donner ce qui pouvait s’apparenter à une master-class sur la scène de la salle Pleyel avec questions-réponses mais qui s’est rapidement transformé en one-man show.

L’acteur de 83 ans, durement éprouvé par le Covid en 2020, s’est montré en pleine forme et fidèle à l’image qu’on a de lui : volubile, énergique, prompt à raconter avec humour les anecdotes émaillant sa carrière tout en passant parfois d’une à l’autre sans prévenir, se perdant parfois mais retombant toujours sur ses pattes. Pacino fait le show certes mais n’en demeure pas moins d’une sincérité désarmante quand il s’agit d’évoquer son enfance dans le Bronx, sa période où il buvait énormément et son immense regret d’avoir une mère décédée trop tôt, n’ayant pas vu voir son fils réussir. Cabotin mais toujours juste, captant son auditoire face auquel il se délecte visiblement (même face aux interventions les plus débiles du public se résumant beaucoup en déclarations d’amour gênantes et inutiles), Al Pacino est fidèle à l’image que l’on se faisait de lui tout en affichant une curiosité toujours fraîche pour la nouveauté (il a déclaré être grand fan de la série Succession, pas étonnant pour quelqu’un adorant Shakespeare).

Et même si certaines anecdotes nous sont déjà connues (la façon dont Coppola a dû lutter pour l’imposer dans Le Parrain, son refus d’interpréter Han Solo dans Star Wars), nul ne pouvait égaler le plaisir d’une soirée en sa présence (nous qui l’avions loupé quand il était passé il y a quelques années, le prix des places étant, il faut bien l’avouer, assez rédhibitoire) surtout quand elle se clôture sur Pacino récitant le célèbre poème The Ballad of Reading Gaol de Oscar Wilde. Une soirée mémorable comblant l’un de nos grands rêves de cinéphile, la semaine dernière, malgré sa météo capricieuse, fut décidément très belle.

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