
Voilà typiquement le genre de sequel qu’on n’attendait vraiment plus. Après un remake franchement réussi signé Fede Alavrez en 2013 et le retour de la fière équipe originale sous forme de série dans Ash vs. Evil Dead en 2015, nous pensions la franchise éteinte à tout jamais. Des rumeurs ont persisté pendant plusieurs années. On a d’abord annoncé une suite au remake de 2013, puis une suite à L’armée des Ténèbres ou encore un cross-over entre l’héroïne du film de Fede Alavrez, Mia, et Ash, le héros mythique de la trilogie de Sam Raimi. Ce n’est finalement aucun de ces projets qui a abouti cette année puisque Evil Dead Rise a été vendu comme une histoire à part entière, sans aucun lien avec tous les autres projets réalisés jusqu’alors. Véritable sequel ou remake/reboot non-assumé ? La question demeure légitime tant le film use de plusieurs clins d’yeux aux opus précédents, mais en fait-il pour autant son unique sève ? C’est ce que nous allons tenter de décortiquer ci-dessous.

Alors que Beth n’a pas vu sa grande sœur Ellie depuis longtemps, elle vient lui rendre visite à Los Angeles où elle élève, seule, ses trois enfants. Mais leurs retrouvailles tournent au cauchemar quand elles découvrent un mystérieux livre dans le sous-sol de l’immeuble dont la lecture libère des démons qui prennent possession des vivants.
Ce qui fonctionne avec les films Evil Dead provient de leur capacité à savoir se renouveler sur la nature des démons que le livre décide de libérer. Si le processus peut paraître redondant, les possibilités de création des entités sont quasiment infinies et font que l’on se passionne toujours autant pour un nouveau film de la franchise. Et les spectateurs ne s’y sont pas trompés. Evil Dead Rise a récolté 145 millions de dollars au box-office mondial pour un budget de 17 millions, faisant de cet opus l’épisode le plus rentable de la série. Est-ce pour autant un gage de qualité ? Plutôt oui. Evil Dead Rise n’a rien à envier à ses grands frères. En dépit du fait qu’il recycle des éléments iconiques pour alimenter ses séquences comme la fameuse tronçonneuse ou l’incantation qui réveille les démons, ce n’est en réalité que pour mieux nous faire découvrir les goûts de son réalisateur. Second long métrage du cinéaste irlandais Lee Cronin, Evil Dead Rise est un melting-pot de toutes les œuvres qui ont fasciné son auteur. De Démons 2 à Braindead en passant par Shining, son film délivre savoureusement les classiques qui ont façonné Cronin. Et ne pensez pas que sa jeune expérience en tant que réalisateur le fait tomber dans tous les pièges inhérents à ce genre d’exercice, il est même plutôt adroit pour en esquiver quelques-uns. Evil Dead Rise est loin d’être parfait, mais dans sa globalité il donne ce que tout spectateur fan de la licence attend de lui : des démons vicieux, des séquences de tortures violentes et surtout de la tripaille dans tous les sens. A ce jeu-là, le film remplit parfaitement sa part du contrat.

D’aucuns diront que le film est superficiel et transpire les stéréotypes. Bien entendu, ils n’auraient pas tort de blâmer le film pour cela. Il serait également très réducteur de ne se souvenir de lui que par le biais des clichés qu’il aborde. Après tout, ces clichés étaient présents dès le premier Evil Dead entre Ash, le jeune homme timide, Cheryl, la jeune coincée, Scott, le sportif, ou encore Linda, la petite amie dévouée. Un stéréotype doit répondre à certains codes pour asseoir le spectateur dans une certaine zone de confort et ensuite pouvoir lui asséner ce qu’il est venu chercher. La saga Evil Dead n’a jamais cherché à bouleverser ces codes, ce n’est pas dans sa nature. D’autant que Lee Cronin tente une approche singulière avec ses personnages. Chaque membre de la famille possède un trait de caractère qui lui est propre. Ils ont tous une qualité qui les façonne en tant qu’être humain et qui va devenir une vraie arme lorsqu’ils seront possédés. Pour ne citer qu’elle (elle est dans la bande-annonce et est la tagline du film, donc nous ne gâcherons pas votre plaisir à le découvrir) Ellie est une mère-courage, qui assume seule ses trois enfants après avoir été quittée lâchement. Elle serait prête à mourir pour protéger ses enfants. Lorsqu’elle sera possédée, son amour immodéré va devenir une arme dont va se servir le démon afin d’appâter l’âme de ses enfants. Une fois encore, rien d’original quand on sait que les autres films montraient déjà des démons qui utilisaient toutes sortes de subterfuges afin d’arriver à leur fin, mais la force de conviction de Cronin est telle que le film fonctionne à merveille. De plus, le film n’épargne vraiment personne. Ne vous attendez pas que sous-prétexte qu’il y a des jeunes enfants au sein du casting, ils seront forcément sauvés, vous vous tromperiez lourdement. Et rien que pour son jusqu’au boutisme extrême (il faut voir ce que les démons ont en réserve pour leurs victimes), Evil Dead Rise est l’une de nos plus belles surprises horrifiques vues en salle cette année.

Espérons que les plus sceptiques se rueront sur la sortie vidéo de Evil Dead Rise afin d’en découdre avec lui. En dépit de ses maladresses évidentes, le film transpire une certaine fraîcheur et l’envie de rendre justice à une saga entamée il y a plus de 40 ans. Les enfants sont d’une justesse incroyable et les nouveaux démons qui éclosent au sein de cette nouvelle histoire sont d’une cruauté digne d’un très bon opus de la franchise. Evil Dead Rise est un film qu’on n’attendait vraiment pas et qui parvient à nous faire regretter qu’on ne l’ait pas attendu plus tôt.
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