Mission : Impossible – Dead Reckoning, Partie 1 : Le début de la fin ?

Par où commencer ? Comment entamer un papier sur un film si attendu ? Que dire que vous ne sachiez déjà autour du film ? Devoir introduire le septième opus d’une franchise aussi iconique que celle de Mission : Impossible nous semble aussi productif que de vous expliquer comment on fait les bébés. On vous entend déjà scander : « Non mais c’est bon connard, on sait. Dis-nous plutôt si Tom Cruise casse la baraque ! » Et vous auriez probablement raison de réagir ainsi. La franchise capitalise nettement sur le contrôle total qu’a sa star dessus. On n’attend pas un nouveau film pour la richesse du scénario, mais plutôt pour admirer Tom Cruise se mettre en scène dans de multiples cascades périlleuses. D’ailleurs, depuis les deux derniers films, la promotion des nouveaux opus ne tournent qu’autour de cela. Ainsi, ce n’est pas un secret pour vous que de vous révéler que Tom se jette en moto du haut d’une falaise dans ce septième volet. Mais est-ce vraiment un coup marketing judicieux que de laisser reposer l’attrait du film sur une seule et unique scène ? Si les films précédents se sont gardés de nous dévoiler certaines séquences spectaculaires afin de nous laisser la surprise de la découverte, nous avons le sentiment qu’avec Mission : Impossible, Dead Reckoning : Partie 1 (Grand Dieu, ce titre est interminable), le bouchon ait été légèrement poussé trop loin.

Ethan Hunt et son équipe se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité toute entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission, pas même la vie de ceux qu’il aime.

Dire que Mission : Impossible, Dead Reckoning : Partie 1 nous a entièrement déçu serait mentir. Mais nous vous mentirions également si nous vous avouions être sorti extatique de la salle. Quelque chose ne va pas. Ce n’est pas indicible, loin s’en faut, mais nous tâcherons d’être le plus concis possible pour tenter de vous expliquer ce qui nous a gêné. Pour commencer, il nous paraissait impossible de rivaliser avec l’opus précédent qui, à nos yeux, atteignait un degré de maturité extraordinaire réussissant le parfait compromis entre une histoire bien ciselée et des scènes d’action mémorables. C’est dire si l’attente était grande de notre côté. Pour M:I 7, nous retrouvons, une fois encore, Christopher McQuarrie au scénario et à la réalisation. Si l’on sait que Tom Cruise exerce un droit de regard prépondérant sur sa mise en scène, il y a de vraies choses à redire sur son écriture. Capable des meilleures histoires à concept fort (Usual Suspects, Edge of Tomorrow, Top Gun Maverick) comme des pires étrons (Wolverine : le Combat de l’Immortel, La Momie version 2017), on ne peut pas dire que nous vouons une confiance aveugle à McQuarrie quand bien même nous lui reconnaissons certaines qualités évidentes. Malheureusement, pour ce nouvel opus de Mission : Impossible, son pire côté emboîte le pas sur ses bonnes intentions. Le résultat donne un film inégal, parfois trop long et ne sachant pas vraiment comment embellir son sujet. Choisir de traiter de l’intelligence artificielle comme ennemi ultime est une bonne idée en soi, mais McQuarrie se perd totalement dans ses péripéties et ne sait jamais vraiment comment embrasser pleinement son sujet pour y insuffler un semblant de cohérence. Le tout n’est pas aidé par un méchant paresseusement écrit. Il est décrit comme un être maléfique…et c’est tout. Il possède une sorte de don de divination qui lui permet d’anticiper toutes les situations. Dans l’absolu, nous savons qu’il est aidé par la fameuse intelligence artificielle…mais dans la mesure où le film nous rabâche sans cesse qu’elle est incontrôlable et totalement autonome, à quel moment pouvons-nous croire que le méchant peut s’imposer comme un allié de celle-ci ? Le film n’est jamais clair sur la manière dont elle fonctionne et confère les pleins pouvoirs au bad guy uniquement dans le but de le montrer surpuissant et comme l’ennemi le plus redoutable que l’équipe ait eu à affronter (même si nous resterons à jamais convaincus que le vilain le plus iconique de la franchise demeure le personnage campé par Philip Seymour Hoffman dans le 3e volet). De plus, il y a un vrai problème de caractérisation des nouveaux personnages. Hayley Atwell peine à trouver sa place et ne se révèle que dans la dernière partie. McQuarrie réitère le même procédé qu’il avait appliqué au personnage interprété par Rebecca Ferguson dans le cinquième épisode : elle retourne sa veste à chaque séquence. Que de futilité pour pas grande chose ! Cette paresse d’écriture est navrante. Oui, l’essence de ces films repose beaucoup sur les jeux de dupes, mais au bout de sept épisodes, on ne peut plus jouer délibérément de ces grosses ficelles sans provoquer une certaine lassitude chez les fans qui anticiperont forcément les retournements de situation. Et s’il ne s’agissait que de petits détails, nous pourrions passer l’éponge, mais beaucoup d’autres choses ne vont pas. Les personnages sont mal écrits dans l’ensemble, à l’image de Kittridge dont on ne saura jamais s’il a basculé du côté obscur ou non. Mettons nos doutes sur le fait qu’il s’agisse d’une première partie et espérons avoir des réponses concrètes lors de la seconde car la confusion est bien trop grande et il serait réducteur de résumer l’entièreté de nos propos sur ce qui nous a passablement déçu.

Mission : Impossible, Dead Reckoning : Partie 1 renferme son lot de séquences qui font tout de même honneur à la franchise. Tom Cruise se la donne beaucoup moins, mais lorsqu’il rentre dans la mêlée, il n’y va pas de main morte, comme d’habitude. On se souvient de Steven Spielberg qui remercie l’acteur d’avoir « sauvé les miches de Hollywood » à la sortie des Oscars, mais force est de constater que Cruise, à l’instar de McQuarrie, cherche une nouvelle recette de divertissement pour ce nouvel opus. Le résultat nous a beaucoup amusé. Il y a un humour nettement plus prépondérant que sur les films précédents qui se dégagent des scènes d’action. Le côté positif est que cela permet de nous faire oublier l’âge avançant de sa vedette principale (on a connu Cruise beaucoup plus vif, et puis, au risque de nous répéter, il a atteint le stade ultime de nervosité et de don de sa personne pour Fallout). Nous retiendrons une scène de course-poursuite exaltante dans les rues de Rome. Un alliage idéal entre le savoir-faire de McQuarrie/Cruise dans la mise en scène et d’autres inspirations insoupçonnées allant du Cuirassé Potemkine à Mr. Bean. Le tout offre une séquence d’action rocambolesque, dynamique, musclée et savoureusement drôle. Et des inspirations dans la pop-culture, le film s’en nourrira à maintes reprises. La plus évidente demeurant une reprise de l’ouverture du jeu-vidéo Uncharted 2 et sa séquence du train à couper le souffle (dans le jeu comme ici). Dire que M:I 7 est avare en action serait mentir, il se classe toujours dans le haut du panier de ce que les gros blockbusters devraient nous proposer en terme de divertissement. Mais nous revenons à ce que nous soulevions en préambule de ce papier : toute la promotion du film a tourné autour des deux plus grosses séquences de ce dernier. De fait, même si nous sommes heureux de les voir s’offrir à nous sur grand écran, il n’y pas de bonus de derrière les fagots pour nous sustenter pleinement. Il y a un sérieux goût d’inachevé et cela nous fait mal de nous dire que le film risque de sonner la fin de la saga tant l’essoufflement global se fait lourdement ressentir. Serait-ce la fin de la saga ou la fin de la longue association Cruise/McQuarrie ? Il y a clairement un manque de sang neuf, il n’y a pas cette petite étincelle qui nous a fait vibrer à chaque séquence. Quand bien même nous n’avons pas totalement boudé notre plaisir, l’envie de proposer un retour aux fondamentaux du film d’espionnage a été ruiné par une écriture qui ne maîtrise pas suffisamment son sujet. Une fois encore, gageons que la seconde partie saura compléter les zones d’ombres qui nous manquent pour apprécier pleinement ce film en tant que préambule à une suite qu’on rêve spectaculaire.

Mission : Impossible, Dead Reckoning : Partie 1 se révèle être le blockbuster que l’on pensait avoir mais qui n’a pas « l’effet waouw » escompté. Il se perd dans une écriture alambiquée et qui ne sait jamais comment se défaire des problématiques qu’elle s’est créée, des personnages fouillis et faussement complexes et un Tom Cruise indubitablement vieillissant qui ne peut plus uniquement capitaliser sur ses cascades extraordinaires. L’acteur est plein de ressources, on ne doute pas qu’il saura remanier la formule à bon escient au moment venu. Quand bien même l’acteur tient une forme olympique (peu de personnes du même âge peuvent se targuer de réaliser les mêmes exploits que lui), il semble avoir perdu de sa superbe, il parait effacé en dehors des scènes musclées et se contente d’un minimum syndical qui ne lui sied guère. Ne reste plus qu’à patienter jusqu’à la sortie de la seconde partie afin de voir si nos doutes et déceptions se fondent ou non. Si nous n’attendions rien de Top Gun Maverick et nous en sommes ressortis subjugués, force est de constater que nous en attendions probablement trop de ce Mission : Impossible. La faute sûrement à un marketing qui en a beaucoup trop fait. L’omniprésence de publicités autour du film aurait-elle agi comme une overdose sur nous ? Nous ne pouvons arrêter de nous dire qu’on nous a berné sur le produit fini…même s’il faut bien avouer que le problème majeur provient surtout l’écriture insipide de McQuarrie qui ne s’est clairement pas foulé les chevilles sur cet épisode !

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