Agent Stone : Mission Impossible pour les nuls

Nous entretenons un rapport ambivalent avec Netflix. D’un côté nous apprécions que la plate-forme donne à de grands cinéastes l’opportunité de mener à bien leurs projets au sein d’une industrie hollywoodienne de plus en plus moribonde, de l’autre on ne peut s’empêcher de penser qu’elle contribue également au problème en refusant tout partenariat avec des salles de cinéma (contrairement à Apple) et en produisant à tour de bras des films qui ne sont que des produits semblant avoir été pensés par une succession d’algorithmes, œuvres fades où l’Art n’a pas la moindre place. Si de temps en temps quelques productions surprennent (le diptyque Tyler Rake), le reste du contenu Netflix – surtout en matière de cinéma d’action ces dernières années – est d’une pauvreté alarmante. Après The Gray Man et Red Notice, voilà donc Agent Stone, un sous-Mission : Impossible pensé comme un véhicule pour Gal Gadot censé lancer une franchise. Mauvaise nouvelle : il n’y a personne au volant.

On ne vous fera pas l’affront de vous résumer en détails l’intrigue du film. Disons simplement que Gal Gadot incarne Rachel Stone, une espionne appartenant à une organisation ultra-secrète empêchant l’humanité de sombrer dans le chaos. Quand Le Cœur, leur système d’intelligence artificielle permettant de tout voir et tout contrôler à distance dans le monde, se fait voler, c’est à Rachel qu’incombe la mission de le récupérer…

Drôle de constat que de s’apercevoir que le film, se réclamant de l’influence de la saga Mission : Impossible au point de partager avec elle des producteurs exécutifs (ce que l’affiche ne manque pas de vanter) et de pomper sa meilleure scène d’action sur Fallout, se retrouve également comme Dead Reckoning à parler d’intelligence artificielle ; un comble pour une œuvre semblant justement avoir été écrite et réalisée par une IA : sans âme, recyclant sans vergogne les tropes du genre et incapable d’insuffler la moindre tension à sa réalisation fadasse et sans inventivité, Agent Stone réussit en outre l’exploit de se faire déjà oublier alors même que l’on est toujours en plein visionnage.

Nous sommes prêts à pardonner bien des choses dans le genre, notamment un scénario indigent pour de bonnes scènes d’action mais le film n’a même pas ce respect pour son public, pensé comme un pur produit de consommation qui cartonnera en tête des visionnages Netflix pendant quelques semaines avant de disparaître à jamais de l’inconscient collectif. Cette volonté de créer du contenu et non plus de l’Art est absolument alarmante et Gal Gadot, mauvaise actrice amenuisant le peu de charisme qui lui reste, n’a pas la ressource nécessaire pour faire tenir le film sur ses épaules. Dépenser autant d’argent pour faire quelque chose de si foncièrement mauvais (et de si laid) est une aberration comme seule Netflix sait les produire, on ne peut pas leur enlever ça. À nous de ne plus nous infliger de tels supplices et de privilégier le vrai cinéma en priant pour que cette tendance à la médiocrité finisse par passer…

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