Top Gun – Maverick : Ad vitam æternam !

Parmi les œuvres cultes des années 1980, Top Gun a toujours été un film tenu en très haute estime. Considéré par beaucoup comme l’un des films cultes de Tony Scott et qui révéla Tom Cruise au grand public, Top Gun se démarquait des blockbusters de l’époque par ses prouesses techniques hallucinantes. Jamais des avions de chasse n’avaient été filmés avec autant d’inventivité, permettant une immersion totale au cœur des combats. Pour sûr que Top Gun ne vaut presque uniquement que pour ses séquences aériennes là où les plus exigeants déplorent un scénario aussi creux qu’un trou d’air. Qu’importe, l’aura du film surpasse toutes les faiblesses que l’on peut lui trouver. Une suite a été fantasmée et espérée des années durant. Ce n’est qu’en 2010 que Tony Scott accepte de revenir dans la partie en expliquant sa fascination pour le monde des combats aériens. Il ne souhaitait pas partir sur un remake et désirait ardemment proposer une vraie suite. Il a pour idée de raconter la fin d’une ère dans laquelle les pilotes sont remplacés par des drones de combat. Malheureusement, le suicide de Tony Scott en 2012 stoppe net la production. Sous l’impulsion de Tom Cruise et Val Kilmer, Jerry Bruckheimer (le producteur) relance le projet en 2014 et entend s’appuyer sur les idées évoquées par Scott auparavant. Après de multiples réécritures, le tournage débute enfin en 2018 et il faudra attendre patiemment quatre ans avant de voir enfin débarquer le film dans nos salles (merci la COVID-19). Top Gun : Maverick ouvre les festivités des blockbusters estivaux en s’offrant un crochet remarqué par le Festival de Cannes. 36 ans après le premier film, que vaut cette suite de Top Gun ? Est-ce que le film répond à l’adage « plus c’est long, plus c’est bon » ?

Après avoir été l’un des meilleurs pilotes de chasse de la Marine américaine pendant plus de trente ans, Pete « Maverick » Mitchell continue à repousser ses limites en tant que pilote d’essai. Il refuse de monter en grade car cela l’obligerait à renoncer à voler. Il est chargé de former un détachement de jeunes diplômés de l’école Top Gun pour une missions spéciale qu’aucun pilote n’aurait jamais imaginée. Lors de cette mission, Maverick rencontre le lieutenant Bradley « Rooster » Bradshaw, le fils de son défunt ami, le navigateur Nick « Goose » Bradshaw. Face à un avenir incertain, hanté par ses fantômes, Maverick va devoir affronter ses pires cauchemars au cours d’une mission qui exigera les plus grands des sacrifices.

Exit les idées d’automatisation des avions et retour en bonne et due forme à Top Gun. Qu’on se le dise immédiatement, Top Gun : Maverick est un film miroir. Dans cette suite, nous faisons la econnaissance d’une toute nouvelle équipe où chacun des personnages possède un trait de caractère calqué à la mimique près sur la promotion de 1986. Ce qui fait échapper Top Gun : Maverick de justesse de la case remake réside en un seul nom : Tom Cruise. En effet, ce dernier passe son temps à être spectateur des actions (pendant la première grosse moitié du film en tout cas). Tom Cruise semble contempler sa gloire passée avec une mélancolie plus que palpable. Tout y est pour titiller la corde nostalgique, du générique d’ouverture qui reprend au plan près le travail de Tony Scott avec la musique qui va avec jusqu’à la fameuse moto de Maverick que l’on a ressorti du garage pour l’occasion. Le film ne cherche même pas à cacher qu’il entend nous resservir allégrement le fameux plat que nous avons tant apprécié jadis allant jusqu’à refaire la séquence musicale de Great Balls of Fire au piano. Scène dans laquelle Miles Teller enfile aisément les bottes d’Anthony Edwards (Goose) sous les yeux médusés de Tom Cruise qu’on aura bien pris soin de mettre à l’écart. Le film piétine en comptant exclusivement sur sa fibre nostalgique pour faire passer la pilule. Si l’ennui n’est, certes, pas de la partie, force est de constater que le scénario de Christopher McQuarrie, Eric Warren Singer et Ehren Kruger se sait dépassé par l’attente suscitée par le projet. Ne cherchant clairement pas à froisser les fans, Top Gun : Maverick entend réitérer exactement les mêmes enjeux que son grand frère. Après tout, si la formule a fonctionné une fois, pourquoi ne marcherait-elle pas une seconde fois ? Ne surnage au milieu de tout ce réchauffé qu’une seule séquence absolument touchante qui rend justice au destin tragique que connaît Val Kilmer. L’acteur, le temps d’une scène crève-coeur, s’offre son baroud d’honneur avec une élégance folle. Et à ce sujet, nous vous invitons vivement à voir le documentaire Val qui lui est consacré et qui revient à la fois sur sa carrière et sur la maladie qui le ronge et qui l’a obligé à se retirer des plateaux. Un documentaire bouleversant pour un acteur qui manque cruellement au cinéma américain. Val Kilmer émeut le temps d’une séquence qui va servir de bascule au film et qui va le propulser dignement sur la route du blockbuster qualitatif que l’on attendait.

Lorsque toutes les cartes nostalgiques ont été jouées, Top Gun : Maverick parvient à lâcher les chiens et s’émancipe merveilleusement. Le troisième acte du film est une véritable leçon de mise en scène. Toujours dans l’idée de s’aligner sur le modèle du film d’action qui respecte son public, Joseph Kosinski assimile tout le savoir-faire qu’avait insufflé Tony Scott dans son film pour nous délivrer sa propre vision du projet. Les séquences de combats aériens sont sidérantes. L’immersion est totale. Kosinski instaure un vrai climat de tension. Il y a un sentiment d’urgence qui se met en place et qui implique directement un dévouement total chez son spectateur. On n’avait pas ressenti cette exaltation si intense depuis des lustres. Top Gun : Maverick passe la seconde avec un vrai respect des codes du film d’action à l’ancienne. Il doit son efficacité à un build-up similaire au film d’avant, ce qui atteste le talent indéniable qu’il y avait chez Tony Scott à parvenir à créer une vraie tension à partir d’un scénario maigre. Faire naître cette adrénaline communicative entre l’action à l’écran et le spectateur prouve le profond attachement que nous avions aux personnages originaux.

On ne va pas se mentir, bien que le film pompe allégrement tous les éléments du scénario du premier film, Top Gun : Maverick délivre un spectacle incroyablement vibrant qui fait terriblement du bien par où il passe. Avec les technologies actuelles, Kosinski déploie tout ce qui est possible de mettre en scène au cœur des avions. C’est un festival excessivement satisfaisant pour les rétines. Une fois encore, Tom Cruise témoigne qu’il est l’un des rares acteurs américains à savoir comment rendre l’action si jubilatoire. Lorsqu’il décide de prendre sa place au cœur des nouvelles têtes, il impose son aura magnétique offrant une dimension quasiment super-héroïque à Maverick. Bien qu’il s’accapare la lumière, il laisse les autres acteurs exister et c’est un bonheur de voir tant de nouvelles têtes s’épanouir avec autant de confiance. Seul bémol résidant dans le personnage incarné par Jennifer Connelly qui ne doit son existence que par la présence d’un dialogue totalement anecdotique entre Tom Cruise et Meg Ryan au cœur du premier film. Sa présence n’est là que pour apporter un love interest au personnage de Maverick et n’apporte absolument rien là où le simple dilemme de transmission de savoir et la dette paternelle auraient amplement suffi.

Top Gun : Maverick est un film d’action qui compte énormément sur l’aura nostalgique du premier film pour se parfaire sa propre identité. Si la mise en abîme de Tom Cruise qui observe avec tendresse son passé est intéressante et que l’hommage vibrant à Val Kilmer arrachera une petite larme, le film prouve qu’il n’est pas qu’un simple remake déguisé. Sous couvert de reproduire le passé, le film de Joseph Kosinski déploie ses ailes dans un dernier tiers époustouflant et qui vaut à lui-seul qu’on se déplace en salle pour en prendre plein les mirettes. On ne peut pas nier la fainéantise d’un scénario paresseux tout comme on ne peut pas nier le gigantesque sourire satisfait qui arborait notre visage à la fin de la séance.

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