Titanic : Cauchemar mélancolique

La popularité sur la reconstitution catastrophique de 1912 s’est imposée parmi les piliers du Septième Art. Une œuvre qui s’inscrit dans nos mémoires en raison de sa dramaturgie viscérale accentuée par l’une des plus grandes romances du cinéma.

Titanic a gravé son nom au sommet du box-office avec plus de deux milliards engrangés derrière l’écurie Marvel et son frère Avatar premier du nom enfanté par le génie James Cameron. Titanic a eu quelques années de règne en tant que film ayant rapporté le plus de recettes (hors inflation). Ce record a été accompagné par d’autres performances marquantes telles que son écrasante victoire sur les planches du Shrine Auditorium lors de la soixante-dixième cérémonie des Oscars avec pas moins de onze statuettes remportées. Pourtant, le succès de Titanic était loin d’être garanti au départ, car ce projet colossal a été, à l’époque de son développement, le film le plus coûteux produit avec un budget de deux cents millions de dollars, ce qui était loin de rassurer l’alliance entre la Twentieth Century Fox et la Paramount.

Mettons désormais l’aspect économique et compétitif de Titanic de côté pour se plonger dans sa mélancolie dramatique. James Cameron nous offre un spectacle grandiose, comme à son habitude, introduisant son obsession de l’océan et des fonds marins exposés auparavant dans Abyss. Cette arène hostile sera donc à nouveau utilisée par le réalisateur canadien isolant ses personnages à la merci de la dominance de l’océan, au travers d’une ouverture de métrage flirtant avec le documentaire autour du Titanic en ruine que James Cameron n’hésitera pas à filmer avec passion. Mais cela aura surtout comme intérêt pour le récit de donner vie aux empreintes émotionnelles rattachées à l’épave du navire matérialisé à travers le témoignage du personnage de Rose (Kate Winslet) qui nous comptera sa merveilleuse histoire dramatique.

L’intrigue n’aura pas la vocation de nous offrir un twist dantesque à la Fight Club. D’autant plus que nous connaissons déjà le destin funeste du Titanic provoqué par son choc contre l’iceberg. Cependant, le récit nous apportera plus qu’une reconstitution historique. En effet, l’histoire d’amour entre deux individus issus de classes sociales opposées alimentera le traitement de la société et ses différences qui seront la thématique majeure du film, susceptible de donner de la profondeur à une histoire de naufrage.

Jack Dawson (Leonardo DiCaprio), est un artiste vagabond qui a gagné sa place à bord du navire à un jeu de cartes. Son destin croisera celui de Rose DeWitt Bukater qui, quant à elle, évolue dans la bourgeoisie. Deux mondes qui vont s’entrechoquer et se découvrir humblement, libérant Rose de sa cage dorée prédéfinie par son rang représenté de manière immonde et immorale, incarné notamment par l’imbuvable compagnon de Kate interprété par Billy Zane aux airs condescendants et arrogants. L’exposition de l’inégalité des classes est véhiculée par l’image réductrice des “pauvres” menés par Jack, représentés comme des animaux, des bêtes de foire pour amuser la haute classe.

Pourtant ce seront bien les pauvres qui apporteront la richesse à l’humanité en déclin face au drame. Une catastrophe devenue une expérience sociale qui nous révèle sans grande surprise comment l’être humain en société se comportera face à un danger de mort, à savoir écraser son prochain afin d’avoir la vie sauve. De plus, l’arrivée de la tragédie aura comme effet de rendre les inégalités des classes obsolètes, rendant l’argent et le pouvoir insuffisants pour marcher sur le rang des opprimés. Une tension longue et haletante, traumatisante notamment par sa froideur, violente notamment grâce à sa puissance immersive. Un dénouement inévitable loin des pirouettes (facilitée) scénaristiques venant sauver les personnages, allant au bout de sa dramaturgie ponctuée par la scène iconique du sacrifice de Jack, donnant sa vie par amour.

L’auteur d’Alien, le retour ou encore Terminator frappera à nouveau un grand coup par son aisance du grandiose tout en permettant la révélation d’un certain Leonardo DiCaprio sur le devant de la scène avant qu’il ne devienne très prochainement l’un des plus grands acteurs de son art. Cameron sera également entouré de piliers comme James Horner, le compositeur dressant une partition culte grâce à son orchestration de My Heart Will Go On interprété par la diva canadienne Céline Dion. 

Malgré l’enfer vécu par les victimes, la survivante Rose y verra un souvenir contrasté par cette histoire d’amour puissante et brève qu’elle aura vécu à bord du Titanic. Son geste lourd de sens, iconique, résumera l’humanité du film quand celle-ci se dresse sur la proue du navire pour y semer le cœur de l’océan, ce collier incrusté d’une pierre bleue d’une valeur inestimable venant rejoindre l’âme de Jack enfouie dans l’océan, comme pour unir les deux êtres. Cette métaphore de la richesse submergée, en fait un objet quelconque devenant un symbole du souvenir de cette histoire d’amour brisant les frontières des inégalités sociétales.

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