Hunters – Saison 2 : La dernière chasse

Pour être tout à fait honnête, au moment où Amazon Prime Video a annoncé que la deuxième et dernière saison de Hunters serait diffusée à partir du 13 janvier dernier, nous avions pour ainsi dire totalement oublié l’existence de la série. Il est vrai qu’après une première saison au potentiel prometteur mais parfaitement inégale, la série n’avait pas marqué les esprits et surtout personne n’en avait jamais réellement reparlé jusqu’à cette sortie improbable, presque trois ans après la diffusion de la première saison. L’occasion de donner à ces chasseurs de nazis une fin mémorable ? (Attention, ça va spoiler)

La première saison s’achevait par la mort de Meyer Offerman, le leader du groupe des Chasseurs qui n’était autre qu’un ancien nazi ayant usurpé l’identité du réel Meyer Offerman et par la révélation (attendue) qu’Adolf Hitler était bel et bien vivant (et évidemment, on le trouve sous les traits d’Udo Kier, qui d’autre ?). De quoi affoler enfin la série qui, jusqu’à présent souffrait non seulement d’une mise en place beaucoup trop longue pour son propre bien mais également d’un problème de ton, ne choisissant jamais entre ses envies d’être une pure série B régressive où l’on flingue des nazis à tour de bras et sa volonté de traiter son un angle dramatique certaines thématiques. Et si les huit épisodes composant cette ultime saison ne résolvent pas la schizophrénie chronique de la série (nous y reviendrons), ils permettent enfin de lancer la machine sur une allure plus réjouissante.

En effet, prenant place quelques années après la fin de la première saison, Hunters voit la bande de Chasseurs séparée suite à un drame se reformer pour traquer le gibier ultime : Adolf Hitler dont ils ont la preuve qu’il est bien vivant et planqué en Argentine. L’occasion pour Jonah (Logan Lerman qui, barbu, gagne mille points de charisme) de rencontrer sa tante qu’il croyait morte (Jennifer Jason Leigh, que l’on a toujours autant de plaisir à voir à l’écran) et de tenter d’amener à la justice Hitler en bravant les dangers…

Et quand elle se concentre sur la traque d’Hitler, Hunters devient réellement prenante et tendue, se reposant sur des ressorts classiques du cinéma d’espionnage et du cinéma d’action mais avec une certaine maîtrise qui fait plaisir à voir, la série trouvant enfin une tension constante collant parfaitement bien à l’objectif unique des Chasseurs et à la pression reposant sur leurs épaules. Malheureusement le récit bifurque fréquemment en cours de route avec des flash-backs nous montrant comment Meyer a monté sa bande de Chasseurs et comment il a protégé son identité. Un moyen pour la série de ne pas se séparer de sa vedette en la personne d’Al Pacino mais le procédé est boiteux et si l’acteur défend son personnage du mieux qu’il peut, chaque séquence avec lui paraît totalement dispensable, n’apportant pas grand-chose à une narration qui aurait méritée d’être resserrée pour maintenir sa tension tout en pouvant développer ses personnages secondaires dont l’attachement finit par se mesurer avant tout au charisme des acteurs les interprétant (c’est donc parfaitement variable).

Et si cette saison se fait donc plus réussie car plus contenue et avec moins de temps morts, elle n’en demeure pas moins toujours aussi bicéphale, bien représentative de l’incapacité de la série de trancher sur la façon d’aborder son concept. Cette double identité est parfaitement illustrée à travers les deux épisodes concluant la série, les plus originaux et audacieux de tous mais dont l’enchaînement est une nouvelle fois la preuve d’un total manque de constance. D’un côté l’avant-dernier épisode nous fait remonter le temps pour se situer durant la guerre dans une maison construite par un vieil architecte et sa femme qui y abritent des Juifs. Véritable chausse-trappe pour nazis en inspection, toute la maison est pensée à la fois comme un abri pour ses habitants et comme un piège pour tous ceux qui osent s’y aventurer, orchestrant un réjouissant jeu de massacre piochant ses références dans les contes (l’épisode en reprend la structure) et les séries B décomplexées.

Juste après cet épisode en forme de récréation, la série trouve sa conclusion en se concentrant sur le procès d’Adolf Hitler que le scénario traite avec le plus grand sérieux, exprimant en une heure tous les enjeux d’un tel procès, confrontant à la justice des crimes innommables, montrant l’ancien dictateur défendu par un avocat Juif et voyant la Défense et la partie civile s’attaquer sur le concept de justice. Un épisode absolument passionnant par tous les enjeux qu’il traite sans sombrer dans la grandiloquence ou le grotesque mais qui dénote par sa tonalité sérieuse et investie dans une série qui ne l’a jamais été réellement ou qui, tout du moins, n’a jamais réussi à nous convaincre qu’elle maîtrisait les deux aspects de sa personnalité. Hunters nous laisse donc une fois de plus sur une impression mitigée, enthousiasmant par une double proposition dont les versants s’annulent mutuellement. Une série qui se sera cherchée tout du long sans jamais parvenir à se trouver…

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