Fall : La chute d’une bonne idée

Après avoir été coincé dans un cercueil, sur une bouée en pleine mer avec un méchant requin, dans une cage sous la mer avec des requins (47 Meters Down), dans l’espace, sous terre avec des gobelins et tant d’autres, Fall nous propose une nouvelle expérience anxiogène. Cette fois, nous sommes coincés entre ciel et terre à six cent mètres du sol sur une antenne de communication abandonnée. Misant tout sur leur concept, certains de ces films ont su réveiller des peurs primaires mais tous ne se valaient pas, Fall (disponible en vidéo chez Wild Side depuis le 7 décembre dernier) réussit-il à tirer son épingle du jeu ?

Co-écrit avec Jonathan Frank, Scott Mann signe son premier scénario et réalise son quatrième long métrage. L’histoire tient en quelques mots : Becky (Grace Fulton) est traumatisée depuis la mort de son mari lors d’un accident de varappe. Sa meilleure amie Hunter (Virginia Gardner), elle aussi présente lors de l’accident, lui propose d’escalader la quatrième plus haute structure des États-Unis pour lui remonter le moral. Comme dit le proverbe, il faut soigner le mal par le mal. Becky se laisse convaincre et les deux amies parties à l’assaut de cette structure vieillissante et fragile. Les choses se gâtent et les jeunes femmes se retrouvent coincées.

Dans ce genre de film, les histoires secondaires sont souvent anecdotiques, n’existant que pour gonfler la durée du film et faire naître le minimum d’empathie pour les personnages. C’est une chose regrettable parce qu’un concept, aussi brillant soit-il, ne suffit pas à alimenter un film, au risque de lasser le spectateur. C’est pour cela qu’il faut apporter d’autres éléments narratifs, à condition que ce ne soit pas du remplissage et qu’un traitement, un minimum sérieux, soit apporté à ces éléments. Si cela n’améliore pas la qualité du film, cela démontre la volonté des auteurs de proposer une histoire originale. Fall ne parvient pas à nous intéresser à ses personnages, pourtant moteurs de ce huis-clos à ciel ouvert, la faute à un jeu d’acteur inexistant et à une sous-intrigue tout ce qu’il y a de plus banale.

Passée cette déception, il reste tout de même le concept à se mettre sous la dent et l’idée est originale. Reprenant les codes de l’exploration urbaine qui a inondé les réseaux sociaux il y a quelques années avec ces vidéos de jeunes casse-cous prêts à risquer leur vie, offrant aux spectateurs des images et des sensations à couper le souffle, Fall nous propose de revivre cette expérience mais en pire.

Mal dirigées, les actrices n’arrivent pas à nous transmettre le mélange de peur et d’excitation que l’on doit ressentir au moment de grimper et, une fois arrivées au sommet, elles ne font passer aucune émotion. La verticalité du concept n’est pas du tout exploitée et les rares plans censés nous donner le vertige passent à côté de l’effet recherché. Les effets spéciaux sont bâclés et l’emploi d’un fond vert est tellement grossier que l’on rit au lieu de frissonner. Hitchcock dans Vertigo n’a eu besoin que d’un traveling compensé pour exprimer et faire ressentir la peur qui envahissait son personnage. Il est possible de croire que la longue liste de défauts et d’errances qui jalonnent ce film sont imputables à son budget très faible, mais cela reviendrait à minorer les films à petit budget qui ont su faire preuve d’inventivité et de créativité justement par manque de moyen.

Fall passe complètement à côté de son idée et offre un récit plat et insipide. Certes, imaginer et tenir une histoire sur une antenne au milieu de nulle part avec seulement deux actrices est un exercice d’écriture difficile mais le scénario manque de folie, la même qui pousse des personnes à mettre leur vie en danger, et le film manque visuellement de prises de risque. Et ce n’est pas le twist final qui apporte le vertige, manquant cruellement au film de Scott Mann qui se contente d’une histoire très scolaire, respectant parfaitement les codes de la structure en trois actes. Ou deux et demi par manque de budget.  

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