47 Meters Down : Et au milieu nagent les requins.

Le requin au cinéma est devenu aujourd’hui une blague potache pour le samedi soir entre potes avec une bonne bière. Que ce soit au cœur d’une tornade, dans le sable, dans la neige ou dans l’espace, le « Shark » est l’assurance du grand n’importe quoi made in Syfy. Le pire est que le spectateur en redemande, la série Sharknado en étant à son 5e épisode. Les films se vendent comme des petits pains. Pendant ce temps-là, le requin perd toute crédibilité.

Le requin au cinéma, c’est tout d’abord un robot qui ne fonctionne pas sur le tournage des Dents de la Mer de Steven Spielberg. Mais c’est finalement un cauchemar pour toute une génération ayant découvert le film l’été de sa sortie. Qui n’a plus mis un pied dans l’eau pendant les dix années suivantes  ? Il en fallait alors peu que l’exploitation trouve un filon juteux. Le cinéma italien s’en est opportunément emparé puis les chaînes TV du câble jusque aujourd’hui. Le requin a épuisé toutes ses ressources, tous ces ressorts aptes à nous effrayer.

47 Meters Down change quelque peu la donne. Non pas que Johannes Roberts fasse preuve d’une grande originalité dans son traitement de la peur du requin. Mais il y ajoute deux ingrédients judicieusement trouvés que sont le vide et le noir. Si la promotion du film joue avec facilité sur la peur du requin, il faut surtout savoir que 47 Meters Down est un pur film de survie. Au fond de l’eau, dans cette immensité sombre, les deux héroïnes que le film se coltine n’ont qu’une seule perspective, rester en vie en gérant l’oxygène de leurs bouteilles respectives.

47 Meters Down suit Lisa qui subit une rupture douloureuse. Sa sœur Kate l’embarque alors en vacances au Mexique pour lui changer les idées. Avides d’aventures, elles se mettent au défi de plonger parmi les requins blancs, protégées par une cage. Une fois dans l’eau, le spectacle est incroyable…
Mais subitement, le câble qui retient la cage au bateau cède, et les deux sœurs se retrouvent plongées au fond de l’océan, à 47 mètres de profondeur. Il ne reste qu’une heure d’oxygène  et les grands blancs rôdent…

Deux ans après sa sortie US et un buzz en fanfare sur le net, 47 Meters Down arrive enfin dans nos contrées après une exploitation en E-cinéma le 21 septembre dernier en France. Jouant habilement sur les terreurs primaires de l’homme, Johannes Roberts emmène son spectateur à 47 mètres de profondeur. L’effet est glaçant, la peur garantie. Confinant sa mise en scène dans l’étroitesse de cette cage avec les deux héroïnes bloquées, nous subissons cette peur de l’imprévisible. L’immensité de l’océan s’offre à nous telle une sombre peinture cauchemardesque. On ne sait jamais ce qu’abritent ces profondeurs, ce qui se tapit dans l’obscurité de l’océan… jusqu’au dernier moment. 47 Meters Down a la particularité de soulever cette peur insoutenable de l’inconnu. Jamais on ne sait à quoi s’attendre. Des films comme Paranormal Activity ont essayé dans l’épouvante à surprendre son spectateur pour finalement tomber en permanence à plat. Avec 47 Meters Down, l’histoire est tout autre. Jamais de votre vie vous ne souhaiterez allez faire de la plongée ou de monter dans une cage pour admirer des requins. L’horreur est sèche, le stress de tous les instants. Les surgissements sont brusques, provocateurs, voire insoutenables. Johannes Roberts provoque la peur des mouvements de caméra. On ne sait jamais ce qu’il nous attend au détour d’un plan. Les surgissements sont éprouvants, le film encourage les emballements cardiaques. Jamais dans notre vie de cinéphile nous n’avons subi un tel film. 47 Meters Down est une véritable épreuve d’épouvante se positionnant à l’orée du plan de Steven Spielberg où le requin sort subitement de l’eau avec Roy Scheider en premier plan sur le bateau.

Formellement classique, 47 Meters Down est une réussite de l’épouvante. Une nouvelle référence pour le genre « survie » où se mêle brillamment la peur de la profondeur, de l’océan et du noir. Une recette savamment dosée et distillée tel un cauchemar insurmontable. 47 Meters Down est un cinéma éprouvant comme nous en avons peu vécu dans notre carrière. C’est bon, mais on ne s’y risquera plus  !

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