Les enquêtes du département V – L’Effet Papillon : Les théories du chaos (selon Carl Mørck).

Voici donc le cinquième et – à ce jour – dernier volet de la fameuse série cinématographique à succès des années 2010 adaptée des non moins fameux best-sellers de la littérature danoise écrits par Jussi Adler-Olsen et factuellement intitulés Les enquêtes du département V ; un cinquième épisode que nous découvrons pratiquement vierges de toute information préalable, notre rédaction ayant néanmoins apprécié l’adaptation filmique du précédent opus réalisée sous le signe d’une potentielle conclusion de la saga (Dossier 64, un quatrième chapitre sorti dans les salles danoises en 2018 et annoncé à l’époque comme l’apothéose du partenariat liant ses deux acteurs principaux, Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares, ndlr). Mécontent du résultat des quatre premiers volets de son grand oeuvre mis en images par divers réalisateurs sur près de cinq ans (le premier film du projet, Miséricorde, remonte à 2013) et désireux de travailler avec une nouvelle production et de nouveaux interprètes principaux susceptibles d’incarner le binôme de policiers légendaires de rigueur Jussi Adler-Olsen voit donc aujourd’hui son Effet Marco dirigé par l’artisan Martin Zandvliet et campé par Ulrich Thomsen et Zaki Youssef, jouant respectivement l’inspecteur aguerri Carl Mørck et son assistant Assad et remplaçant in fine Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares afin de perpétuer un succès sériel à l’aboutissement jusqu’alors resté lettre morte.

Visiblement vendues sur ce duo de flics pour le moins attachants et complémentaires Les enquêtes du département V s’avèrent ici changer sensiblement de modus operandi, s’attardant énormément sur la figure de Carl Mørck au détriment de son complice Assad, ici clairement relégué au second plan d’une enquête mêlée d’obscures affaires de pots-de-vin et de pédophilie craspec… De ce point de vue le choix porté sur l’acteur Ulrich Thomsen (comédien emblématique du chef d’oeuvre dogmatique Festen de Thomas Vinterberg, sorti à la fin des années 90, ndlr) est une franche réussite, ladite figure parvenant à insuffler une réelle ambivalence au personnage de Carl Mørck tout en assumant sa patine et sa dimension un rien désabusée, comme sur le retour… L’enquête proposée par L’Effet Papillon (autrement titré L’Effet Marco, nom du personnage de l’adolescent gitan jouant un rôle déterminant dans l’affaire rondement développée par les scénaristes, ndlr) part donc d’une improbable histoire de passeport subtilisé par un jeune rom suite aux agissements nauséabonds de son propriétaire deux ans auparavant ; à partir d’une affaire classée sans suite Mørck va tenter d’exhumer de l’oubli une vérité que beaucoup ont souhaité laisser sous un tapis de mousse garnis de cadavres jugés trop encombrants, reprenant du service après à peine deux semaines de répit peu ou prou imposées par ses supérieurs…

Si l’ensemble dudit chapitre montre assez rapidement ses ressorts narratifs un tantinet laborieux dans leur imbrication (on ressent du reste à chaque instant l’ambition des romans originaux, même dans les moments les plus capillotractés du métrage…) L’Effet Papillon demeure pourtant joliment limpide dans la conduction de son récit, et ce malgré la forme un rien télévisuelle (et sans doute assumée comme telle) de ce thriller hautement divertissant et dérangeant dans le même mouvement d’efficacité. Nous passerons outre le caractère sur-découpé du scénario (notons de ce point de vue que le réalisateur Martin Zandvliet fut également monteur sur bon nombre de productions danoises dans les années 2000) afin de saluer une intrigue passionnante et toute en zones d’ombres, digne héritière de la saga Millenium revenant elle aussi sur les fantômes d’un passé à l’horreur innommable, ou du moins indicible. Un polar ténébreux mais magnifié par un Ulrich Thomsen littéralement redécouvert, que nous vous conseillons à l’occasion de sa sortie en DVD et Blu-Ray disponibles aux éditions Wild Side depuis le 1er juin de cette année. Une belle réussite.

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