Balada Triste : Once Upon a Time in… Spain

Après une première tentative dans le cinéma classique avec le thriller whodunit Crimes à Oxford avec en tête d’affiche Elijah Wood et John Hurt, Alex De la Iglesia est vite reparti dans ses contrées espagnoles pour retrouver son cinéma en marge, passionné et enragé. Étant l’auteur de quelques pépites fonctionnant par leur décalage et leur misanthropie (Mes chers voisins, Le crime farpait), Alex De La Iglesia réalise avec Balada Triste une oeuvre unique en son genre qui fera date par son style et son univers revu et corrigé de l’histoire d’Espagne par l’esprit grand-guignol et macabre de l’auteur. Véritable tournant dans la carrière du réalisateur le film est actuellement disponible sur Shadowz, évènement propice à sa redécouverte depuis sa sortie déstabilisante au cinéma en 2012. 

Balada Triste marque la rencontre entre Federico Fellini et Quentin Tarantino avec un zeste gothique de Tim Burton (nous vous renvoyons au final réinterprétant La belle et la bête façon Batman). 
Une nouvelle fois tout se joue dans le décalage des âmes humaines où la folie les mène dans un amour fou, totalement fou. Entre le gentil grassouillet et naïf dont l’enfance n’a pas été épargnée par l’oppression franquiste et le patron d’un cirque duraille et alcoolique qui a les faveurs (ou retient prisonnière, c’est selon la vision) d’une très belle acrobate déchirée entre deux opposés la bataille va être soulevée par un vent macabre et emmènera nos deux antihéros au plus profond de leur chair.
Quand on se projette dans ce film on pense tomber sur une comédie noire, remplie d’un humour gras où tout va charcuter pour notre plus grand plaisir. Eh bien non : Alex De La Iglesia nous prend de court et nous fait pénétrer dans un drame gothique, mélancolique dont on sort la tête retournée. La musique n’aide point, transcendant chaque propos et chaque image par ses airs redondants.

Le réalisateur joue avec quelques étapes phares de l’Histoire de l’Espagne entre 1950 et 1970, la période noire d’un pays qui mit longtemps à s’en remettre. Pire : il joue avec certains personnages clés comme le général Franco en personne pour une partie de chasse particulière. Il utilise les codes chers à Quentin Tarantino employés avec furia pour les besoins de Inglourious Basterds ou de son dernier long métrage Once Upon a Time in … Hollywood renforçant encore plus son propos dramatique. Bizarrement Balada Triste tisse des liens concomitants par sa dramaturgie, se souhaitant classique avec le film de Francis Lawrence De l’eau pour les éléphants avec Robert Pattinson et Reese Whiterspoon sorti à la même période. Si ce dernier film pompeux s’oublie aussi vite qu’il n’a été vu il est drôle de constater – malgré le décalage entre les deux approches – les liens évidents pour deux traitements opposés, l’un vaporeux et ennuyant, l’autre jubilatoire et cabotin.
Parce que Balada Triste est infiniment grotesque dans le bon sens du terme. Le film navigue dans les zones sombres tourbillonnant parmi le surréalisme fantastique pour créer un monde cauchemardesque plus sombre que le Gotham burtonien. Ce n’est pas un film d’horreur au sens strict, mais surtout un film d’action hardcore (voire hard-boiled) sauce spaghetti bolognaise nécessitant une force intestinale à base de Smecta. Avant même que l’intrigue ne prenne de l’ampleur, l’histoire est complètement captivante dès le début. Ceux qui ont une connaissance plus approfondie de l’Espagne de l’ère franquiste découvriront sans aucun doute de nombreuses couches supplémentaires de sous-texte, mais thématiquement Balada Triste parle moins de la guerre civile espagnole que de la guerre en général. Si vous recherchez un film visuellement époustouflant, habilement conçu et d’une intensité dévastatrice ne cherchez pas plus loin, Balada Triste est fait pour vous et il est encore disponible sur la plateforme de screaming Shadowz !

Balada Triste s’avère être en fin de compte un drame hard-boiled gothiquement violent sur un amour impossible entre une belle (magnifique Carolina Bang) et deux bêtes (dont l’une marquée au fer rouge) le tout sur fond d’oppression au cœur de l’Espagne de Franco qui prête idéalement ses traits pour une peinture rare et diabolique du pays dans le cinéma ibérique. Le long métrage d’Alex De La Iglesia va vous chahuter – à l’image des personnages principaux – vers une folie dont on ne peut ressortir indemne.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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