The Duke : Vol à « l’étoilage ».

The Duke raconte l’histoire incroyable et invraisemblable pour l’époque du vol du portrait du duc de Wellington peint par Goya et exposé à la National Gallery de Londres. C’est la seule œuvre à avoir été dérobée dans la galerie depuis la fondation de celle-ci il y a 196 ans.
The Duke est le premier long-métrage qui raconte cette histoire vraie hors du commun. Au cœur de ce récit se trouve Kempton Bunton, personnage éminemment excentrique et plein de principes qui s’est battu pour ses convictions décidé à donner un sens à sa vie. The Duke réalisé par Roger Michell sort en salles de cinéma le 11 mai 2022.

The Duke est le dernier long métrage mis en scène par Roger Michell. Célébré suite au succès mondial de Coup de Foudre à Nothing Hill en 1999 avec Julia Roberts et Hugh Grant, le réalisateur britannique est décédé le 22 septembre 2021 à l’âge de 65 ans. The Duke est une sortie posthume pour un réalisateur populaire ayant assuré depuis une trentaine d’années dans les comédies et les drames. Son avant-dernier long métrage, Blackbird sorti en 2020, rassemblait une sacrée palette d’acteurs autour de Susan Sarandon : Kate Winslet, Sam Neill et Mia Wasikowska. Pour The Duke, il s’entoure de nouveau d’un casting talentueux pour former ce vieux couple de Newcastle : Jim Broadbent et Helen Mirren. Les deux acteurs sont la grande force d’un métrage classique orchestré avec un certain académisme. The Duke est un vibrant hommage aux comédies anglaises d’après-guerre popularisées par les présences d’Alec Guinness, Alastair Sim ou Margaret Rutherford (Miss Marple). Jim Broadbent et Helen Mirren rappellent les deux derniers cités qui formaient régulièrement une opposition détonnante notamment dans The Happiest Days of your life (Frank Launder-1950). Jim Broadbent – qui retrouve Michell neuf ans après Un Week-End à Paris – incarne un chauffeur de taxi candide et révolutionnaire se battant contre les injustices d’une société taxatrice. L’homme se révolte envers la redevance télévisuelle (faisant même deux séjours en prison pour non-paiements) souhaitée gratuite pour les pauvres retraités n’ayant rien d’autre pour s’occuper la journée. Rôle central du film, l’acteur incarne un formidable Kempton Bunton, Robin des Bois des années 1960, qui commettra ledit vol comme un acte de rébellion contre l’oppression du gouvernement.

The Duke – une production PathéUK – est un délicieux divertissement qui nous propulse dans le Newcastle des sixties. Alors que Londres commence à swinguer, la ville de Newcastle se remet doucement de la Seconde Guerre. Le port de cette ville côtière – épicentre de la Marine anglaise – avait été durement touché lors du conflit avec l’Allemagne Nazi. Loin des préoccupations d’un gouvernement plus intéressé par la capitale, la ville prête ses traits abîmés au décor de cette peinture d’un couple affecté par la perte de leur fille aînée lors d’un accident de vélo. Kempton ne cesse de lui rendre hommage en allant lui porter une fleur, lui parlant et écrivant des pièces de théâtre pour exorciser sa peine. Il écrit son deuil dans une série de pièces envoyées et refusées par la télévision. Dorothy, sa femme incarnée avec retenue et force par Helen Mirren, est plutôt dans le déni ayant bâti une carapace pour affronter la vie et les tracas du quotidien. Elle porte cette famille un brin rêveuse par le mari qui commet ce vol cachant le tableau dans un double fond d’une armoire. Plus que l’histoire du vol elle-même, le film se focalise sur la famille Benton, reflet d’une vie rurale anglaise d’époque dur et parfaite incarnation des espoirs pour un futur meilleur. Car sous ses airs d’hurluberlu, le combat de Kempton ne sera point vain, la gratuité de la télévision anglaise étant votée 40 ans plus tard. 

The Duke est un divertissement drôle comme le cinéma britannique en a le talent depuis 70 ans. Les propositions sont régulières et perpétuellement enivrantes. Exemple fait dernièrement avec la sortie malheureuse – car flopée – de Fisherman’s Friend, comédie entêtante autour du succès des marins chanteurs. The Duke perpétue cette tradition de comédie à l’accent british, moment de bonheur de cinéma pour s’évader et rire. La séquence du procès est en cela l’apothéose d’un personnage principal trouvant la scène idéale pour l’expression de ses idées et de sa liberté. Un instant lumineux, naïf, mais si humain nous intimant de revoir nos préceptes, notre cynisme qui, malheureusement, soixante années plus tard a toujours cours.

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