1BR : Ses chers voisins…

Nous y sommes presque ! La soirée tant attendue, celle où regarder tout un tas de films d’horreur en se gavant de sucreries est permise. Vous qui nous suivez assidûment, vous n’êtes pas sans savoir que Shadowz s’est mis aux couleurs de la fête de Halloween afin de vous garantir le programme le plus qualitatif possible. Une fois n’est pas coutume, les trublions de la plateforme sont allés puiser au cœur du catalogue Shudder (son homologue américain, plus ou moins) afin de nous servir le premier film d’un jeune réalisateur prometteur. Avec 1BR, David Marmor écrit et réalise sa vision du rêve américain. Il sera difficile de parler de son film sans en dévoiler un minimum. Le spectateur averti comprendra rapidement de quoi il en retourne. En revanche, 1BR est le film idéal pour le néophyte désireux de se lancer dans le genre. En effet, 1BR bouscule notre confort d’une manière radicalement efficace. S’il va puiser ses inspirations chez Roman Polanski (Rosemary’s Baby) et dans n’importe quel autre film du même acabit (vous savez déjà de quoi nous allons parler), 1BR n’apporte rien de neuf sous le soleil du genre. Mais si vous vous sentez désireux de prolonger l’expérience Midsommar sorti la même année, alors cette séance Shadowz est faite pour vous.

Laissant derrière elle un passé douloureux, Sarah emménage à Los Angeles dans l’appartement de ses rêves. Elle est chaleureusement accueillie par ses voisins, mais très vite des bruits étranges et menaçants se font entendre la nuit.

Digne héritier d’un cinéma à la Lucky McKee pour son aspect horreur insidieuse, 1BR est un film qui doit énormément à son rythme endiablé. David Marmor parvient parfaitement à gérer à la fois une urgence présente autant dans son histoire que dans la courte durée de son film, ainsi qu’une installation minutieuse de tous ses personnages. Personne n’est présent par hasard, le réalisateur met un point d’honneur à ce que chacun apporte sa pierre à l’édifice. 1BR prend le temps de développer les univers de tout le monde afin d’avoir une emprise totale lorsque survient l’éclatement. Si nous citions McKee ci-dessus, ce n’est pas pour rien. A l’instar du réalisateur de The Woman, Marmor est à la recherche d’une ambiance avant de proposer des images chocs. L’horreur est palpable dans 1BR. Elle s’immisce dans les regards, les intentions, les dialogues et les non-dits. Ce n’est uniquement que lorsque les mots ne sont plus assez forts que le réalisateur sort l’artillerie lourde et malmène littéralement ses personnages. Question horreur graphique, 1BR ne déçoit pas : c’est vif, cru et définitivement jubilatoire. Sans pour autant être le plus grand film de genre de tous les temps, 1BR attise un capital sympathie irrésistible qu’on ne peut que vous encourager à expérimenter.

On regrettera toutefois une héroïne à côté de la plaque. Nicole Brydon Bloom ne parvient jamais à convaincre de son calvaire. Pas assez ingénue pour la prendre en empathie, pas suffisamment couillue pour l’encourager à se battre, elle erre au fil des scènes et provoque un fort agacement chez le spectateur qui ne peut jamais la soutenir. Il ne suffit pas d’avoir les larmes faciles pour donner de l’ampleur à son personnage. Mettons ce manque d’intensité sur le jeune âge de son actrice, d’autant que quelques scènes surnagent au-dessus de son manque d’investissement dans lesquelles nous avons perçu une once de qualité. Gageons qu’elle ne peut que s’améliorer avec le temps. Fort heureusement pour elle, l’ensemble du reste du casting brille de mille feux. Il n’est pas chose aisée de jouer les détracteurs en instaurant un sentiment de contrôle, de peur et de soumission totale. A ce jeu, notons la belle performance de Taylor Nichols qui mène son troupeau d’une main de maître. L’acteur s’extirpe de son éternel personnage qu’il ressasse sans cesse en tant que second couteau dans moult séries (Les Experts, Grey’s Anatomy, 24 Heures Chrono, The Walking Dead) afin de composer un immense tortionnaire. Tout en gardant un flegme imparable, il assène une folie proche du discours recherché par David Marmor. Oui, car 1BR distille en sous-texte une critique qui désacralise le rêve américain. Sarah espère devenir une grande couturière en laissant derrière elle toute sa vie passée. Tenter sa chance à Los Angeles, épicentre de tous les rêves, aurait dû lui garantir gloire et prospérité. Seulement, pour Marmor, Los Angeles cache de sombres démons sous son apparence lisse et propre. Par le biais de dérives sectaires, le réalisateur appuie ses effets horrifiques par un discours foncièrement pessimiste. Il réfute l’idée que pour exister il faut se conformer au système. Bien évidemment, il prend deux extrêmes afin d’étoffer ses propos et nous montre que le mieux est l’ennemi du bien, mais en l’état le constat est limpide : l’humain est seul maître de son destin et qu’importe ses opinions politiques, son entourage familial ou communautaire. La finalité du film n’est pas sans rappeler le cinéma de John Carpenter où tout ne demeure qu’errance, désolation et nihilisme. Une chouette conclusion pour un film somme toute sympathique qui a le mérite d’aller au bout de ses idées coûte que coûte.

1BR possède toutes les qualités d’un premier long métrage relativement réussi : une histoire balisée qui renferme son lot de rebondissements, un casting qui se donne corps et âme (en dépit d’une interprète principale faiblarde) et un twist final digne de ce nom. Le tout est emballé au sein d’une critique acerbe du rêve américain qui titille juste ce qu’il faut la bien-pensance. Un film à recommander chaudement à quiconque désire découvrir le genre horrifique en douceur.

Abonnez-vous sans crainte à
SHADOWZ – L’unique plateforme de SCREAMING !

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*