Bull : Son fils, sa bataille !

Nous vous l’avions annoncé lors d’une précédente chronique Shadowz. Nous nous y sommes enfin penchés. Bull, lauréat de l’Oeil d’Or du PIFFF 2021, est le dernier film réalisé par Paul Andrew Williams (Bienvenue au Cottage, Cherry Tree Lane). Acteur, producteur et scénariste prolifique ces dernières années (il a signé le scénario de The Children, un film d’horreur à voir impérativement), il s’inscrit dans une mouvance de nouveaux auteurs anglais qui en ont sous le coude (à l’instar d’autres réalisateurs comme Jake West, James Watkins ou encore Christopher Smith). Clairement biberonné aux classiques du genre, Paul Andrew Williams est un auteur à suivre de près tant ses projets mêlent les codes classiques du genre à un modernisme sidérant. C’est tout à fait le cas pour Bull pour lequel il reprend les codes du vigilant movie auquel il associe ceux du revenge movie pour en tirer un film fou, à la noirceur qui n’a d’égale que sa violence crue et sans concession. En profitant de l’actualité du film via le PIFFF, Shadowz ne pouvait rêver d’une meilleure acquisition afin de faire profiter les provinciaux n’ayant pas eu la chance de pouvoir monter sur Paris assister à sa projection.

Bull s’en revient au bercail après dix ans d’absence, bien décidé à solder les comptes. Dans son collimateur, ses anciens partenaires criminels et surtout leur boss, qui se trouve être son beau-père. Bull veut récupérer son fils, peu importe le nombre d’hectolitres de sans versé. Bull ne s’arrêtera pas avant d’avoir faire payer tous ceux qui ont voulu lui arracher son fils et le réduire à un silence éternel.

S’il semble se présenter comme un film aux enjeux conquis d’avance, Bull ne cessera de brouiller les pistes pour mieux entourlouper son spectateur. De prime abord, le film de Paul Andrew Williams se construit comme un rise & fall où nous assistons à une longue et douloureuse descente aux enfers de son héros, mais c’était compter sans les chemins de traverses que le film empruntera. La force du film tient en son montage qui alterne malicieusement les flashbacks avec le récit présent. Sans jamais nous prendre par la main, Bull est un film qui nous immerge au cœur d’une famille de gangsters. Il en va de notre propre concentration à savoir recréer mentalement l’arbre généalogique de la famille pour savoir à qui nous avons affaire. D’autant que le premier quart d’heure aligne les meurtres aussi aisément qu’un Tony Montana ingurgitant sa came. Nous devons composer avec le peu d’éléments mis à notre disposition pour tenter de comprendre qui Bull vient de tuer et ce qu’il ou elle représente au cœur de la famille qu’il cherche à détruire. Fort heureusement, la richesse d’écriture de Paul Andrew Williams nous remet rapidement les pieds sur terre et le portrait de famille se dessine brièvement lors d’une scène de barbecue dominical, repas qui s’avérera être le point de bascule de toute la violence qui grondera par la suite. Si le montage permet de nous garder la tête hors de l’eau, ce n’est que pour mieux nous cacher un twist final aussi glaçant qu’efficace. Une fois encore, rien de bien nouveau dans le paysage du genre, mais l’amour du travail bien fait et la compréhension des codes confèrent à Bull un cachet que peu de films de genre actuels peuvent se targuer de posséder. Bull est une claque viscérale, une succession d’uppercuts aussi violents que bien placés, un tour de roller-coaster duquel il sera difficile de sortir indemne.

Bull ne serait pas aussi saisissant sans la prestation totalement habitée de Neil Maskell dans le rôle-titre. Acteur britannique aperçu dans l’hilarant Doghouse de Jake West ou encore dans les terrifiants Kill List et High-Rise de Ben Wheatley, il offre à son personnage une haine aussi viscérale que l’amour qu’il porte à son fils. En l’espace de quelques plans il peut être aussi froid et dangereux que le meilleur père au monde. Son talent d’acteur n’est plus à prouver et il serait temps de lui offrir une visibilité plus que méritée. Pour quiconque s’intéressant au cinéma d’exploitation, son nom parlera évidemment, mais aux yeux du grand public, il n’est (malheureusement) encore personne. Et l’extrême confidentialité d’un projet comme Bull ne lui permettra pas de décrocher son étoile sur Hollywood Boulevard, mais est-ce bien important ? C’est grâce au talent de ce genre d’acteur que Shadowz peut se targuer d’avoir une ligne éditoriale qui en impose. De plus, n’oublions pas de mentionner l’antagoniste du film, David Hayman. Acteur écossais de 73 ans qui ferait trembler n’importe quel caïd de la trempe de Vito Corleone tant son magnétisme sauvage habite chacune des scènes où il apparaît. D’une force tranquille apparente, il dégage une singularité particulière qui donne à son personnage une posture de méchant iconique instantané. Chef de meute assumé et prêt à tout pour protéger sa famille, il est l’essence même du mal. Pas de rédemption dans son collimateur, juste la nécessité d’achever l’adversaire le plus coriace qu’il n’ait jamais eu. Hayman possède une sacré gueule de cinéma, une classe et un flegme dont peu d’acteurs sont dotés. Il n’a pas besoin d’en faire des caisses pour imposer ses exigences. Un regard bien placé, des mots choisis avec minutie et (accessoirement) un canon scié en main suffisent à le rendre terrifiant. Bull promet un sacré affrontement et son épilogue risque d’en dérouter plus d’un, soyez-en sûr.

Bull est un film d’une violence aussi âpre que crue. Nous sommes introduis au cœur d’une quête vengeresse aussi palpitante que virulente. Un sacré tour de force de la part de Paul Andrew Williams qui n’a absolument pas démérité son Grand Prix lors du dernier PIFFF. Bull est un uppercut sévère derrière lequel il sera difficile de rivaliser durant de longues années tant il possède absolument tous les atouts pour devenir un film culte. A voir sans plus tarder sur Shadowz !

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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