Flagellations : Donatien Alphonse François de Sade pour les nuls !

Oyez oyez braves gens ! L’été bat son plein et vos hormones en ébullition sont sur le point d’être sustentées par la séance Shadowz du jour. Avec un titre aussi évocateur que Flagellations, nul doute que nous venons d’attirer le petit coquin qui sommeille en vous. Réalisé par Pete Walker, l’un des papas britanniques de la sexploitation (L’école du Sexe, For Men Only) et l’un des grands noms de l’horreur anglais des années 1970 et 1980 (Le Rideau de la Mort, Frightmare, Le Manoir de la Peur), Flagellations est un film à la croisée des deux chemins susmentionnés. S’inspirant vivement d’un autre sous-genre du cinéma d’exploitation, les films de femmes en prison, Flagellations peut se révéler être une porte d’entrée vers tout un pan du cinéma peu représenté sur les plates-formes. Est-ce pour autant la meilleure des portes ? Rien n’est moins sûr.

Anne-Marie, une jeune mannequin française qui a fait quelques clichés dénudée se voit invitée lors d’une soirée par un inconnu qui lui propose de l’emmener en week-end chez ses parents. Anne-Marie accepte et se retrouve dans une gigantesque demeure qui semble inhabitée. Elle vient en réalité de se faire kidnapper et se retrouve devant la directrice, son mari aveugle et deux gardiennes sadiques. La demeure, une ancienne prison abandonnée, est devenue un lieu de séquestration pour jeunes filles, dirigée par des individus prônant le retour de l’ordre moral et de la civilité. Anne-Marie va devoir se plier aux règles sous peine de subir moult tortures dont la punition au fouet.

Affirmer que Flagellations est une drôle de curiosité est vrai. Mais de là à dire que Flagellations est une bonne curiosité, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. En effet, nous manquons probablement de codes pour bien analyser le film de Pete Walker et bien recevoir ses messages. On ne sait jamais s’il faut rire, trembler de peur ou tout simplement s’indigner devant le spectacle qu’il nous offre. Avec la subtilité d’un chasseur chassant au bazooka, Pete Walker entend s’inspirer des écrits du Marquis de Sade afin d’étoffer son histoire. Non seulement Walker a autant lu Sade que nous sommes allés personnellement sur la lune mais le plus risible demeure dans ce qu’il en tire des récits du fameux libertin. Il enfonce des portes ouvertes au char d’assaut en nommant l’un de ses antagonistes Mark E. Desade (prononcez Marquis de Sade) au cas où vous seriez passés à côté du message. De plus, il ne tire qu’une faible inspiration des écrits de l’auteur puisque la torture comme forme de plaisir demeure sacrément absente du récit. S’il y a bien quelques séquences avec un fouet, Flagellations n’est qu’un prétexte pour encourager les sévices, mais surtout pour accentuer la nudité de son actrice principale et ainsi faire râler la censure de l’époque. Flagellations ne tire rien d’autre de Sade, il n’y aucune réflexion autour des mots de l’auteur, aucune approche philosophique quelconque ni même un semblant de réflexion sur les déviances amorales de ce dernier. Flagellations sort en 1974 et se retrouve classé X à sa sortie, mais c’était sans compter sur l’énorme bombe qui se profilait en Italie. Salo ou les 120 Journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini sortira en 1975 et proposera cent fois plus de réflexions autour des récits de Sade que Flagellations n’en fera jamais. A titre de comparaison, Flagellations est semblable à La Maison de Mickey face au film de Pasolini. Si vous vous attendiez à de la finesse, c’est raté !

Malheureusement, outre le fait d’affirmer l’ignorance du réalisateur envers son sujet, Flagellations n’a rien de bien transcendant. Les dialogues sont insignifiants et remplissent de longues et interminables scènes. Les décors sont pauvres et aussi vides que les dialogues. La direction d’acteur est totalement absente. Flagellations est le degré zéro du manuel de l’acting. Les méchants sont très méchants parce qu’ils hurlent et froncent les sourcils. Les victimes sont des victimes parce qu’elles pleurent au contact de leurs bourreaux et n’ont rien d’autre que leur physique avantageux (c’est l’histoire d’une blonde…). L’empathie n’existe pas. La nuance dans les tonalités de la voix non plus. Tout est lisse et faussement provocateur. On se croirait au cœur d’une parodie tant tout paraît risible. Voilà pourquoi on ne sait jamais sur quel pied danser. Est-ce une comédie ? Auquel cas c’est une franche réussite tant il y a de quoi pouffer de rire. Est-ce un ratage total ? Probablement ! Nous n’en saurons rien de plus puisque Pete Walker ne nous donne aucune clé de lecture (en a-t-il seulement une à nous offrir ?). Et ne parlons même pas de la fin qui, en plus d’être téléphonée, mérite d’entrer au panthéon des épilogues les plus indigents jamais écrits. Ni fait ni à faire, la fin de Flagellations possède le seul et unique mérite d’enfin nous libérer d’un calvaire interminable.

Ce ne sera pas avec Flagellations que vous vous découvrirez une soudaine passion pour les films de femmes en prison ou encore que vous vous sentirez aptes à affronter les œuvres de Sade. Pete Walker livre un film paresseux similaire à une copie de lycéen qui pense faire le meilleur devoir à la maison en résumant bêtement ce qu’il a lu sur Wikipédia. Passez donc allègrement votre chemin, il y a bien mieux à voir cette semaine sur Shadowz, comme Meurtres Sous Contrôle par exemple !

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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