Touristes : Tueurs Chiants

Quand Alice Lowe et Steve Oram – duo d’auteurs plein d’entrain – décident de s’attaquer aux morceaux que sont Tueurs Nés de Oliver Stone et La Ballade Sauvage de Terence Malick, il faut avouer qu’on les attend bien volontiers au tournant : car le pari est sacrément culotté ! Malheureusement sans discours de fond Touristes tombe trop vite dans le superficiel, l’excessivement léger et le naïf, et nous avons bien du mal à trouver le propos pertinent.

L’histoire ? Tina a toujours mené une vie paisible et bien rangée, protégée par une mère possessive et très envahissante. Pour leurs premières vacances en amoureux, Chris, son compagnon, décide de lui faire découvrir l’Angleterre à bord de sa caravane. Un vrai dépaysement pour Tina. Mais très vite ces « vacances de rêve » dégénèrent : touristes négligents, ados bruyants et campings réservés… autant d’ingrédients qui vont faire de ce road trip un enfer pour Chris et tous ceux qui se trouvent sur son chemin. Le couple de touristes désenchanté va alors se transformer en un couple de tueurs psychopathes. Rien que ça. 

Tina et Chris, c’est Alice Lowe et Steve Oram, également les scénaristes du film. Touristes est un projet de longue date pour eux. Après avoir travaillé leur personnage sur scène et adapté leur histoire pour un pilote de série TV (sans réussite), leur rencontre avec Edgar Wright va être décisive. Produit par sa société Big Talk Productions, Edgar Wright amène rapidement Ben Wheatley – réalisateur plébiscité pour son film Kill List (diffusé en majeure partie dans divers festivals et disponible en DVD) – sur le coup pour donner vie à l’histoire sur grand écran. Promis à un avenir radieux derrière la caméra, Wheatley livre un deuxième long métrage s’avérant être davantage une commande qu’un film personnel pour le cinéaste anglais qui manque ici de souffle. 

Malgré tout le talent palpable de Ben Wheatley, difficile de faire face à Oliver Stone et Terrence Malick. Construisant son film comme un road movie meurtrier, Touristes ne peut échapper à la comparaison évidente envers Tueurs Nés ou La Ballade Sauvage. Chacun des trois films prenant comme personnages principaux un couple paumé, la force de ce genre de film réside dans leur caractérisation.
Arborant chacun un ton révolutionnaire, Tueurs Nés reste le mastodonte du genre. Critique acerbe et avant-gardiste sur l’Amérique, le film culte dénonçait avec fronde la violence ambiante, les armes et surtout la place de la télévision dans la conscience des gens, comme si Oliver Stone pointait du doigt dix ans avant tout le monde les ravages de la télé-réalité envers le monde moderne. Terrence Malick prônait quant à lui une philosophie révolutionnaire en pleine période de guerre du Vietnam. Inspiré d’un vrai road movie meurtrier en 1957, Malick explorait la perte d’identité d’une jeunesse sans travail et sans repère, dans une société en plein marasme politique jalonnée de conflits internationaux. Un discours plein de maturité pour un réalisateur ayant déjà l’oeil vissé sur les hommes en plein début d’une carrière magistrale. 


À côté d’eux Touristes fait pâle figure. Affligeant parfois, le quotidien de ce couple traversant la campagne anglaise est des plus monotones. Passant des campings aux musées (très atypique), leurs revendications sont des plus futiles. Un homme jetant ses papiers par terre, la jalousie envers un autre couple pour leur caravane, une réprimande d’un homme dans un parc ou encore le bruit fait par des jeunes la nuit : où est la finalité dans tout ça ? On cherche encore. 
Constamment porté par des actes égoïstes, sans fondements et très antipathiques, on ne prend aucun plaisir à suivre ses deux zigotos dans ce voyage au bout de l’enfer et de l’ennui.

Abonnez-vous sans crainte à
SHADOWZ – L’unique plateforme de SCREAMING !

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*