Meurtres sous contrôle : God Told Them To

Rimini Editions agrandit sa collection consacrée au fantastique et à l’horreur avec un titre à découvrir absolument, un film qui ne ressemble à aucun autre : Meurtres sous contrôle réalisé par Larry Cohen. Disponible depuis le 18 mars dernier dans une belle édition Blu-ray + DVD + Livret généreusement garnie en bonus, Meurtres sous contrôle rentre certes dans les critères du genre, mais les étend de façon tout à fait étonnante jusqu’à un final saisissant, embrassant le caractère jusqu’au-boutiste de son pitch, que seul un trublion inventif comme Larry Cohen était capable de faire tenir durant 1h30.

Une vague de meurtres secoue New York. À chaque fois, le responsable est arrêté, toujours sans antécédents et quand on lui demande ce qui l’a poussé à agir de la sorte, c’est toujours la même réponse qui est donnée : Dieu leur a dit de le faire (le God Told Me To du titre original). Fervent catholique, l’inspecteur Peter Nicholas est fortement perturbé par ces dires et tâche de remonter la piste d’un suspect, un nommé Bernard Phillips dont la mère, restée vierge a toujours clamé avoir été kidnappée par des extra-terrestres. Alors que la police refuse le mobile religieux pour les meurtres, Peter est suspendu, décidant de démêler l’affaire à lui seul…

On le disait dans notre introduction, il n’y avait bien que Larry Cohen pour nous pondre un film comme ça, mélangeant avec audace polar, fantastique, science-fiction, le tout en interrogeant le rapport de l’être humain à la religion. Il y a dans Meurtres sous contrôle à la fois une charge contre la religion, dénonçant la violence qui en découle souvent et le besoin de l’humain d’avoir une force supérieure dans sa vie, un polar naturaliste explorant la ville de New York (avec beaucoup de scènes d’extérieur visiblement ‘’volées’’, les passants regardant la caméra) et un film de science-fiction. Si l’on ajoute à ça un soupçon de métaphysique et un regard lucide sur la facilité à laquelle les gens cèdent à la peur, on tient là un cocktail détonnant.

L’ensemble pourrait d’ailleurs être indigeste tant il déborde d’idées et même de genres au sein d’un même film. Mais l’énergie avec laquelle Larry Cohen passe d’une idée à l’autre est vigoureuse et nous accroche toujours. À chaque nouvelle scène, Cohen sait créer un malaise, une attente et travailler son atmosphère. Si le récit n’échappe pas à quelques lourdeurs, elles sont toujours contrebalancées par le travail formidable de Cohen et de son chef-opérateur Paul Glickman qui livrent des moments mémorables traversant parfaitement l’épreuve du temps et que le master de Rimini met parfaitement en valeur.

La force de la mise en scène et l’audace du scénario prennent finalement le pas sur notre suspension d’incrédulité et nous finissons par être complètement happés par ce récit étrange, s’étendant bien au-delà du simple territoire de la série B. En effet, avec son héros catholique en proie au doute (Tony Lo Bianco, inoubliable tueur pathétique des Tueurs de la lune de miel, trouve ici son plus grand rôle), personnage étonnamment nuancé et solidement écrit pour une proposition aussi extrême, Meurtres sous contrôle échappe à tout jugement préétabli et se visionne avec surprise, une surprise allant de séquences en séquences sans jamais perdre de sa force mystique. On a rarement vu une œuvre aussi hybride et en même temps aussi réussie, jusque dans son dernier tiers qui nous retourne comme un gant et qui se montre parfaitement cohérent, preuve que si Lary Cohen n’existait pas, il aurait fallu l’inventer, ne serait-ce que pour ce film formidable que Rimini a eu l’excellente idée de rendre disponible chez nous.

1 Rétrolien / Ping

  1. Flagellations : Donatien Alphonse François de Sade pour les nuls ! -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*