Édito – Semaine 45

Mercredi dernier sortait un film événement, attendu – voire redouté – par de nombreux fans à travers le monde : nous parlons bien évidemment de Many Saints of Newark, le préquel des Soprano. Et si l’on pouvait s’interroger sur sa nécessité, surtout quand la série avait tout dit, le film vient enrichir une mythologie fascinante, ayant amorcé une véritable révolution télévisuelle.

Tout le monde le dit : Les Soprano a changé le visage de la télévision américaine, c’est la série marquant un âge d’or pour le médium, créant une brèche dans laquelle beaucoup s’engouffreront. Revoir Les Soprano aujourd’hui (chose que l’on a faite consciencieusement cette année avant la sortie de Many Saints of Newark), c’est effectivement réaliser toute sa richesse et toute son influence. Si Profit avait tenté en 1996 de nous faire le portrait d’un véritable salaud comme personnage principal, l’annulation rapide de la série (le gâchis reste immense) l’aura rapidement fait disparaître des radars. Avec Tony Soprano c’est une autre histoire : pendant six saisons, le public va s’attacher à un personnage qui n’est rien de moins qu’un véritable salaud, responsable de nombreux assassinats (le premier commis de ses propres mains dans la série avait terrifié HBO à l’époque, pensant que le public allait se détourner de la série), véritable égoïste néanmoins rongé par suffisamment de doutes et de questionnements pour le rendre profondément humain et donc attachant. Une première qui marque à jamais l’histoire : sans Tony Soprano, pas de Vic Mackey (The Shield), pas de Walter White (Breaking Bad), pas de Dexter Morgan (Dexter), pas de Don Draper (Mad Men). Mad Men, autre grande série sur le rêve américain, d’ailleurs créée par Matthew Weiner, scénariste sur Les Soprano et l’on peut parier sur le fait que sans cette expérience, Weiner n’aurait pas créé cette série de la même façon que Terence Winter, autre grand complice de David Chase sur Les Soprano, n’aurait pas créé Boardwalk Empire sans la série.

Il est donc totalement vertigineux de se pencher sur l’influence qu’a eu Les Soprano sur la série télévisée et ce encore aujourd’hui, la série étant arrivée à un moment où personne n’aurait misé un centime sur le fait que les téléspectateurs se passionneraient pour un beau salaud. C’est paradoxalement parce qu’il détestait la télévision que David Chase l’a révolutionné : en refusant ses conventions, ses formats et ses contraintes, Chase a créé un mythe absolument fascinant dont chaque visionnage fait découvrir de nouvelles richesses. Alors merci David Chase et merci Tony Soprano, on ne sait pas ce que l’on aurait pu faire sans vous !

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