
Ami(e)s de l’horreur, bienvenus. Comment s’est passée votre semaine ? Nous espérons que vous avez réussi à digérer votre déprime post-Halloween. De notre côté, celle-ci n’a pas eu lieu car, vous le savez désormais, la séance Shadowz c’est tous les samedis sur Close-Up. Si la plate-forme partenaire de nos chroniques vous alimente tout au long de l’année, ce n’est que pour mieux nous aider à vous guider vers les meilleurs choix possibles. Et comme cette dernière s’est targuée d’une programmation d’une quarantaine de films le mois dernier, nous avons encore en stock tout un tas de bons filons à vous fournir. Bien évidemment, nous nous sommes abstenus de vous parler de (probablement) le meilleur film de la sélection d’Halloween de cette année car nous savions qu’il vous faudrait un sérieux coup de boost afin de repartir du bon pied. Servi en apothéose en guise de conclusion de programmation par Shadowz, Vicious Fun n’est pas n’importe quelle proposition. Lauréat du Grand Prix et du Prix du Public lors du BIFFF 2021, le dernier film co-écrit et réalisé par Cody Calahan est un hommage vibrant et jouissif aux films de psycho-killers et, globalement, aux films de genre des années 80. De quoi flatter goulûment notre fibre nostalgique et nous embarquer promptement au sein de sa folie contagieuse. Allez chercher les pop-corn et les restes de bonbons de votre tournée de la semaine dernière, la soirée promet d’être sanglante.

Joel est critique de cinéma pour un magazine spécialisé dans le fantastique et l’horreur. De nature introverti, il cache ses faiblesses derrière une personnalité hautaine. Incapable d’avouer à sa colocataire, Sarah, qu’il est amoureux d’elle, il se montre médisant avec tout le reste de son entourage afin de compenser sa timidité, et particulièrement lorsqu’il s’agit de casser du sucre sur le dos des réalisateurs qu’il interviewe. Un soir, lorsque Sarah rentre d’un rencard concluant, Joel décide de suivre la nouvelle conquête de cette dernière dans le but de s’assurer qu’elle ne soit pas tombée sur un énième beau-parleur. Sans le savoir, son escapade nocturne va le piéger involontairement dans un groupe d’entraide pour tueurs en série. Sans autre choix, il tente de se fondre parmi eux.

Des néons et de la synthwave…Vicious Fun ne pouvait pas faire meilleure entrée en matière pour venir réveiller le fan des bisseries 80’s qui sommeille en nous. Vicious Fun est un film irrévérencieux, à l’humour terriblement cinglant, qui rend un hommage à la fois tendre et furieux au cinéma qui a façonné son réalisateur, Cody Calahan. Pour sûr qu’il a dû poncer la filmographie des grands noms du genre : de John Carpenter à Wes Craven en passant par le cinéma européen et les giallii de Dario Argento. Tous les codes du slasher et du psycho-killer movie sont assimilés et maîtrisés avec une maestria déconcertante. Fort de quelques essais encore inconnus chez nous (Antisocial, Let Her Out), il y a fort à parier que Calahan synthétise ici toutes ses ambitions. Tout l’esprit geek d’un enfant des années 80 transpire de chaque plan de son film. Vicious Fun est tout autant un film de sale gosse qu’un vrai plaidoyer en faveur de toute une décennie fructueuse du cinéma de genre. Le film ravira surtout le fin connaisseur, on ne va pas se mentir, mais il n’est en aucun cas élitiste pour autant et saura combler n’importe quel néophyte, pour peu qu’il adhère au ton humoristique de ce dernier. En effet, Vicious Fun est une comédie horrifique d’un acabit incroyable. Joel est un personnage gaffeur, un adulescent qui n’a jamais été confronté à aucun vrai problème dans sa vie. La soirée qu’il s’apprête à vivre va l’amener à reconsidérer tous les choix qu’il a fait jusqu’alors. Au travers l’humour, Calahan amorce un récit initiatique atypique duquel on ne pourra que valider le chemin tant il se juxtapose parfaitement avec notre vécu de petit chroniqueur ayant grandit avec les écrits de Starfix et autres Mad Movies et fervent admirateur de la liberté créative proposée dans des médias du type Fangoria. Nous nous sommes complètement retrouvés dans la peau de Joel, dans la peau de cet adulte qui refuse de quitter sa casquette d’éternel adolescent fantasmant une vie de chroniqueur reconnu, ne doutant jamais de nos références en matière de film d’horreur et persuadé d’avoir les meilleures idées de scénario original pour un futur classique de l’épouvante. En bref, un adulte à côté de la plaque qui rêve sa vie plutôt que de la prendre à bras le corps. Ironiquement, il lui faudra affronter une horde d’assassins aussi débiles les uns que les autres pour se rendre compte qu’il doit arrêter de duper son monde. Ainsi, le ton humoristique était le meilleur langage à adopter pour raconter l’émancipation de son héros.

En matière d’éléments comiques, Vicious Fun explose intégralement son cahier des charges. Que ce soit du comique de situation, du slapstick ou de l’humour graveleux, Vicious Fun n’hésite pas à y aller franco. Il en sera de même lorsque les éléments horrifiques entreront en scène. Le film assure un gore outrancier où les hectolitres de sang coulent à foison et où tripes et boyaux sont lourdement mis à contribution. Construit sur trois actes répartis dans trois lieux différents, Vicious Fun souffre, toutefois, d’un léger ventre mou dans son second acte. La longue séquence d’interrogatoire au commissariat, ainsi que tout le build-up se mettant en place par l’arrivée des tueurs, n’est pas à la hauteur de son hilarante première partie, et pour cause, le gros premier tiers de Vicious Fun est assurément un sans-faute. En guise d’entrée en matière, nous avons droit à un savant mélange de suspense, de comédie et d’action horrifique écrit avec une justesse décoiffante. Par l’intermédiaire de quelques actions futiles, Calahan identifie tous les qualités et défauts de son héros. Pas besoin de s’embourber dans quelques élucubrations informelles, le but est d’aller directement à l’essentiel. Il faudra moins d’un quart d’heure pour se rendre compte de toutes les failles de Joel et de le faire se confronter à la bande de dégénérés qu’il va devoir affronter. Et pour les antagonistes, Calahan s’appuie sur des éléments physiques puissants et marqués pour que nous sachions immédiatement à qui nous aurons affaire (un gros bourrin, un cannibale, un fou, une tête pensante…). En s’appuyant sur des stéréotypes bien marqués, le réalisateur joue la carte de l’efficacité et cela s’avère extrêmement payant. Tout le premier acte de Vicious Fun est un sacré roller-coaster duquel on ne voudrait jamais descendre tant le plaisir qui nous submerge y est intense. Malheureusement, le soufflet retombe quelque peu ensuite lorsqu’il décide de nous affubler d’un trio de policiers aussi débiles qu’inutiles. Le comique devient alors lourdingue. On le sait qu’ils ne sont présents que pour augmenter le bodycount du film et on prie pour qu’ils meurent vite tant leur niaiserie n’a d’égale qu’une fistule anale. Fort heureusement, la force de l’entrée en matière du film ne nous quittera pas vraiment et reviendra nous consoler dans un dernier acte tout à fait à la hauteur de son ouverture. Tant et si bien qu’on terminera la séance avec une vive envie de prendre du rab, gage d’une réussite plus que convaincante.

Vous l’aurez compris, Vicious Fun est un film au ton résolument léger et aux abondances gores faciles. Seulement, l’amour des années 80 et la parfaite assimilation des codes du genre font de lui une pépite non-négligeable. Il y a une vraie nostalgie des années 80 qui émane des films canadiens ces dernières années (Summer of 84, Discopath, Aquaslash, WolfCop) et qui voit émerger toute une panoplie de jeunes réalisateurs désireux de rendre à leurs pères tout l’amour qu’ils ont reçu de leur cinéma. Une démarche sincère et faite avec le cœur qu’on ne peut que saluer. Il y a un vrai revival horrifique qui s’opère au sein du cinéma de genre canadien qu’on vous incite à surveiller de très près. Si nous nous vantions que Shadowz venait d’acquérir l’une de leurs meilleures exclusivités il y a deux semaines avec For The Sake of Vicious, nul doute que Vicious Fun vient truster le haut de ce podium. Ruez-vous dessus aussi ardemment qu’une nymphomane végétarienne dévorerait une carotte à pleine bouche, Vicious Fun c’est du lourd, du très lourd.
Abonnez-vous sans crainte à
SHADOWZ – L’unique plateforme de SCREAMING !

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.
Soyez le premier à commenter