Édito – Semaine 5

Monstre immuable depuis longtemps, véritable casse-tête en France, la chronologie des médias en France a enfin fait l’objet d’une réforme la semaine dernière, permettant de mettre en place de nouveaux accords et de nouvelles fenêtres de diffusion pour les films. Il était en effet grand temps, suite aux bouleversements rencontrés ces dernières années avec l’arrivée de la SVOD et l’accélération de sa croissance suite aux confinements, de rebattre un peu les cartes.

Désormais, les délais entre sorties en salles, diffusion sur Canal+ et accessibilité sur les plates-formes est réduit. Canal+, qui finance une grande partie du cinéma français avait justement tapé du poing il y a quelques temps en menaçant de ne plus investir dans le cinéma s’il ne bénéficiait pas de quelques privilèges comparés aux plates-formes de streaming. C’est chose faite avec cette réforme puisque les films seront diffusés sur la chaîne six mois seulement après leur sortie en salles (contre 8 avant) tandis qu’ils pourront être disponibles sur Netflix 15 mois après leur sortie en salles (contre 36 avant, c’est vous dire le bond en avant qui vient d’être fait !) Netflix sort gagnant de ces nouveaux accords (en effet, Amazon Prime ou Disney+ devront attendre 17 mois) parce qu’ils sont à priori les seuls à les avoir signés, s’engageant ainsi à reverser 20% à 25% de son chiffre d’affaires annuel dans la production française et produire au moins dix films par an en France.

La télévision bénéficiera également de ces accords puisque les films pourront être diffusés sur les chaînes 22 mois après leurs sorties en salles. Tout ça est une excellente nouvelle permettant aux films d’être quasiment omniprésents et disponibles au visionnage depuis leur diffusion en salles ce qui devrait ravir, entre autres, les cinéphiles habitant en dehors de Paris et qui ont souvent le malheur de ne pas voir le dernier film de leur réalisateur préféré au cinéma tant la distribution de certains films en province fait peine à voir. Si la SACD ne pense pas que cet accord puisse se tenir sur sa durée de trois ans sans finir par être caduque vu les mutations rapides du secteur ces dernières années, il faut bien reconnaître que c’est un grand pas en avant pour secouer cette fourmilière de la chronologie des médias qui devait de toute façon être revue. Saluons donc ce premier geste pour, on l’espère (et on l’a toujours défendu dans nos colonnes) une cohabitation saine et sereine entre salles de cinéma, support physique, chaînes télévisées et plates-formes de SVOD. Nous ne manquerons pas de vous reparler de l’évolution de cette situation et guetterons d’un œil attentif la suite, le milieu du cinéma subissant ces derniers temps de sacrées mutations !

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