Baby Boss 2, Une Affaire de Famille : Ne jamais rompre les liens…

Troisième long-métrage des studios Dreamworks Animation à sortir sur nos écrans cet été, juste après Les Croods 2 et Spirit L’Indomptable, énième suite d’un blockbuster d’animation ayant cartonné à sa sortie. Le premier Baby Boss laissait poindre un univers riche, un univers extrêmement drôle où des héros en couche-culotte marchaient fièrement sur les plates-bandes des plus grands films d’espionnage. Coloré, fun et décomplexé, le film de Tom McGrath avait été remarqué et nommé dans diverses cérémonies dont celle du Meilleur Film d’Animation aux Oscars 2018. Très vite, une série animée fut créée et diffusée sur Netflix. Étalée sur 49 épisodes, la série Baby Boss : les Affaires Reprennent prolongeait l’univers de son grand frère sans jamais en capter la nuance de ce dernier. D’un plaidoyer en faveur d’un univers familial stable et de la naissance d’une complicité entre deux frères, la série n’en a gardé que le comique enfantin et se destinait clairement aux enfants en bas âge. Exit les multi-couches de lecture et bonjour l’appauvrissement d’un matériau de base qui avait de quoi étoffer son univers dans un sens nettement meilleur. À voir ce qu’était devenu la franchise Baby Boss, on pouvait craindre le pire concernant sa suite. Fort heureusement, Tom McGrath revient aux manettes du projet et compte bien faire l’impasse sur la série afin de rendre justice à son bébé.

Tim et Ted sont devenus des adultes. Tim est un père à la maison alors que Ted est le président-directeur général d’une grande entreprise. Un jour, Tim découvre que sa fillette d’à peine un an est un bébé boss. Elle confère à son père et son oncle la mission d’infiltrer une école qui représente un danger pour l’humanité. Pour ce faire, Tim et Ted devront boire un lait magique qui leur permettra de redevenir enfants pendant 48h. Les deux frères vont de nouveau travailler ensemble afin de découvrir ce que trame l’étrange directeur de l’établissement, le Docteur Armstrong.

Faire une suite est, très souvent, un pari véritablement osé, surtout en animation. Lorsque le premier opus déclenche un succès inattendu, il devient évident d’avoir envie de capitaliser sur le succès. Beaucoup s’y sont essayés, beaucoup ont failli. Notamment chez la firme aux grandes oreilles, on ne compte plus les suites plus mauvaises les unes que les autres (La Reine des Neiges 2, Le Roi Lion 2, Pocahontas 2, Mulan 2…et toutes autres sortes d’horreurs). Chez Dreamworks Animation, à contrario, les suites sont souvent aussi bonnes, voire meilleures, que leur modèle (Les Croods 2, Dragons 2, Shrek 2). Baby Boss 2 ne déroge pas à la règle et enterre définitivement le premier film. Plus drôle et plus coloré, la suite soulève des questions intelligentes avec un vrai respect des personnages du premier film. Idée de génie que de placer les héros dans une vie d’adulte bien rangée. En choisissant de faire une ellipse de plusieurs années entre les deux films, Baby Boss 2 suscite un intérêt immédiat dès son ouverture. Le film nous plonge dans le bain directement et vient chercher la corde nostalgique en nous montrant un avenir que nous n’avions pas forcément imaginer pour Tim. En le plaçant en tant que père de famille, heureux et épanoui auprès de ses deux filles, Tom McGrath convoque tous les adultes ayant apprécié son film précédent afin de les faire réfléchir quant à leur avenir. Quel père aimerions-nous devenir ? Resterons-nous des éternels enfants ? Arriverons-nous à toujours rêver ? Il y a un pouvoir de transmission urgent qui se met en place dès l’ouverture du film. En effet, Tim voit sa fille aînée grandir et ne plus prendre part à ses joyeuses aventures. Il y a un fossé qui s’est creusé entre les deux. L’une devient adolescente avec des envies d’émancipation quand le patriarche aimerait lui occulter un syndrome de Peter Pan éternel. Outre la mission qui lui sera donnée, le fait d’infiltrer l’école de sa fille permettra à Tim de renouer un contact qu’il n’avait pas vu qu’il avait perdu. Et rien que pour cet axe narratif, Baby Boss 2 surpasse de loin son modèle.

Côté animation, le film ne fait jamais pâle figure en face des mastodontes issus de chez Disney. Depuis quelques années, Dreamworks Animation a su trouver une formule visuelle qui fonctionne, en dépit d’essais infructueux avec le temps (revoir le premier Shrek peut provoquer des crises d’épilepsies sévères). Ici, le film s’inscrit dans la lignée des dernières productions de la firme. S’il n’y a rien d’extrêmement novateur, la véritable surprise réside en une séquence particulière où l’enchantement sera total. Une séquence musicale absolument féerique que les grands pontes de chez Disney risquent de bouder sévèrement tant elle transpire tout le traditionnel de chez eux. Aussi surprenant de retrouver une scène pareille dans un film Dreamworks, la chanson ne fait vraiment pas décorative, elle représente l’apogée du lien indéfectible entre Tim et sa fille. Pour sûr que cette chanson, et la sublime séquence qui l’accompagne, est un point d’orgue qu’on ne s’attendait pas à atteindre en s’installant devant le film. Si nous partions confiant, dans l’idée d’être diverti juste ce qu’il faut, jamais nous n’aurions pensé être aussi soufflé le temps d’une scène. Baby Boss 2 gagne fièrement ses galons de suite réussie par toute l’ingéniosité et la générosité qu’il s’emploie à nous délivrer à chaque instant. Le scénario de Michael McCullen (Austin Powers 2, Hôtel Transylvannie 3) enlève tout doute quant à ses inspirations « Pixarienne ». On pense évidemment à la saga Toy Story lorsque l’on constate la construction de son histoire sur plusieurs années et les liens familiaux qui se créent entre les individus d’une même fratrie. Quand bien même les liens qui unissent Andy à sa sœur sont minimes dans Toy Story et ses suites, il y a toujours cet amour en filigrane qui ponctue les œuvres. Baby Boss 2 s’inspire directement de ce modèle pour en faire un film bien plus intelligent qu’une simple comédie d’espionnage avec des bébés. C’était une surprise véritablement agréable. Le charme et la sincérité du film nous ont totalement convaincu.

Baby Boss 2 est une suite merveilleuse. En choisissant de faire radicalement évoluer ses héros, le film confère un intérêt immédiat chez le spectateur. Soulevant des questions propres à tout bon père de famille, Baby Boss 2 enchantera petits et grands en mixant parfaitement la formule à succès du premier film tout en l’emmenant vers des contrées qu’on n’aurait jamais soupçonné. Une suite à dévorer en famille et sans modération.

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