Dragons 2 : Doit y’avoir une belle vue de là-haut

On continue sur notre lancée avec un deuxième épisode, qui vieillit mieux que son aîné. Le temps passe paisiblement à Beurk, Harold et compagnie ont totalement intégré les dragons aux us et coutumes du village. Ce dernier fuit ses responsabilités avec insouciance, préférant explorer et cartographier des zones inconnues en chevauchant Krokmou, plutôt que d’avoir une sérieuse discussion avec son père à propos de sa succession. Mais si ce petit village d’irréductibles Vikings parvient à vivre en paix, ce n’est pas le cas du reste du monde. Et à mesure qu’il le découvre, Harold se prend un bon coup de réalité dans le coin du visage. Naturellement, ce qui fait la singularité du village va finir par attiser les convoitises, celles de Drago notamment, qui veut asservir tous les dragons existants.

Aussi simple que le premier opus dans son déroulement, avec néanmoins quelques surprises, Dragons 2 soigne avant tout sa forme. La vocation d’Harold pour l’exploration permet de ne plus se cantonner à Beurk et ses environs, mais bien de nous accompagner à la découverte de ces nouvelles régions. On est amené vers de charmants décors, aux tonalités féériques accompagnées par l’envol des dragons, véritable ballet de couleurs virevoltantes. Car le bestiaire prend de l’ampleur, on passe à la vitesse supérieure avec des dizaines de petites bestioles cartoonesques, de quoi bien remplir le Pokédex du spectateur avide d’en (sa)voir plus. Avec en bonus, un compagnon comique pour Krokmou.

Mais cette variété et ce sentiment grisant de liberté n’existent paradoxalement qu’en des espaces confinés : des personnages obligés de se cacher pour éviter la captivité à Harold dont les escapades sont aussi le meilleur moyen de fuir ses engagements, les joies de l’exploration s’accompagnent d’une part d’ombre indissociable. L’arrivée d’un nouveau et mystérieux personnage mettra Harold au cœur d’un dilemme qu’il essaiera tant bien que mal de résoudre, en y imposant sa manière de faire. Ici, la morale simple de ce dernier est confrontée à un environnement plus vaste et donc plus complexe. Le Harold préado rêveur que l’on connaissait bute contre les responsabilités, contre des obstinés qui ne veulent rien entendre et qui requièrent de nouvelles solutions, qui vont évidemment pousser le jeune homme à grandir. Une dualité aussi simple qu’efficace, malgré les errances de chara design pour les ennemis comme Eret (ou dans une moindre mesure, Drago, rencontre improbable entre la testostérone et un prof de djembé) qui atténuent l’importance des enjeux. Ces derniers, tous deux antagonistes des fiers Vikings, ont au moins ce mérite d’apparaître (ou d’être évoqués) plus tôt dans l’aventure, que la menace du premier opus.

Côté arrangements, Dean DeBlois corrige  quelques-uns des travers rythmiques dont souffrait Dragons, bien que l’on soit encore loin du sans-faute. L’œuvre dans sa globalité fonctionne, mais certains passages obligés, comme les flashbacks explicatifs, peinent à s’imposer. Le caractère trop pressé de ces derniers fait triompher la contrainte narrative devant l’émotion. Un problème que l’on retrouve avec cette conclusion à la bataille finale, qui reprend la formule des plus grands shōnens: pense à tes amis/énerve toi un coup et l’ennemi sera vaincu ! Restent quelques petites idées de mise en scène qui parsèment les moments d’action, en particulier pendant les batailles, toujours bienvenues.

Dragons 2 est loin d’être parfait et conserve quelques tares de son prédécesseur. Mais il a su affiner suffisamment sa forme, avec une technique revue à la hausse, bien sûr (un coup d’œil à la barbe de Stoïk, suffit à s’en rendre compte), mais aussi cet aspect National Geographic spécial dragons (et de superbes artworks dans le générique de fin) qui titille notre envie d’explorations et de découvertes. Un deuxième épisode qui marque suffisamment son évolution, pour que l’on ait encore de l’appétit pour une troisième fournée.

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