Réalisateur : Antonio Isasi / Casting : Jason Miller ; Léa Massari ; Marisa Paredes ; Aldo Sambrell / Genre : Aventure ; Thriller / Compositeur : Antòn Garcia Abril / Date de sortie : 1979 / Durée : 114 minutes / Pays : Espagne /
Synopsis : Quelque part en Amérique latine, un dictateur nommé Leónidas Arévalo fait régner la terreur dans son pays. Comme de nombreux autres opposants politiques, le mathématicien Arístides Ungria croupit derrière les barreaux de la prison de San Justo. Un jour, il profite d’un moment d’inattention pour s’enfuir, avant d’être rattrapé par le gardien Zancho et son redoutable chien. Arístides finit par abattre le militaire mais, avant de mourir, celui-ci ordonne à l’animal de tuer le fugitif. La bête va alors traquer Arístides jusqu’à la capitale pour venger son maître…
Critique film : Ne vous fiez pas à l’accroche du film ni à son affiche palpitante, Les Crocs du Diable n’est pas une proposition aussi bis qu’annoncée. Débutant comme un film de prison au cœur d’une contrée volontairement inconnue d’Amérique Latine, on assiste à l’évasion d’un mathématicien possédant des informations à délivrer à des résistants d’une dictature oppressante. Jason Miller incarne le fuyard avec un air fatigué portant le poids d’années d’incarcération à tort, puisqu’il s’agit d’un intellectuel en opposition à la dictature en place. Il se voit poursuivi par le chien du gardien-chef, trame donnant tout le sel du film, notamment dans une première partie sèche à rapprocher des films de bagne typique des années 1970 entre Luke La Main Froide ou encore Papillon. Le chien est programmé pour atteindre sa cible ne lâchant rien. L’opposition est âpre, notamment lors d’une séquence déculottée dans un cours d’eau entre le héros nu subissant les attaques du chien. De son titre original El Perro plus symbolique du film en question, le long métrage réalisé par Antonio Isasi vire au thriller politique dès l’arrivée de Aristidés (Jason Miller) en ville récupéré par les opposants. Un attentat est alors programmé contre le dictateur – surnommé « El Perro » – et son régime afin d’exfiltrer notre protagoniste du territoire. Sauf que le chien continue sa traque vaille que vaille jusqu’à la ville. Le film procure alors des séquences folles du chien arpentant le périphérique et le centre-ville à la recherche du héros. L’antagoniste canin est dressé de main de maître, personnage fort d’un film le personnifiant en caméra subjectif, procédé que Samuel Fuller reprendra quelques années plus tard pour les besoins de son White Dog.
Le chien est l’élément fondamental d’une curiosité cinématographique méconnue, voire oubliée. Il est la symbolique parallèle avec le dictateur qui opprime son peuple comme le chien traquant sa proie. Jason Miller est donc la représentation d’un peuple en colère qui souhaite s’échapper. Le final est ainsi merveilleusement orchestré par Isasi dans un montage parallèle intuitif, d’une habileté rare dont on ne vous dévoilera rien vous laissant le soin de la découverte.
Les Crocs du Diable est une œuvre longtemps perdue dans les méandres du cinéma. À peine un DVD fut édité à destination des bacs à 1€ des supermarchés. Disponible dans un beau Blu-Ray chez Carlotta, on vous intime de vous ruer à la découverte de ce film égaré qui ne demande qu’à s’émanciper.
Test Blu-ray :
Date de sortie vidéo : 17 mai 2022
Informations Techniques : BD 50 • MASTER HAUTE DÉFINITION • 1080/23.98p • ENCODAGE AVC – Version Originale / Version Française DTS-HD Master Audio 1.0 • Sous-Titres Français / Format 1.66 respecté • Couleurs
Image : L’image a profité d’un soin tout particulier à l’époque et le master haute-définition retrouve cette luminosité solaire permanente. Le master est en effet magnifique, d’une précision ébouriffante laissant les moindres détails perceptibles à l’écran. C’est d’une propreté ahurissante laissant vivre les couleurs avec énergie. Les Crocs du Diable se découvre dans des conditions optimales.
Son : Du mono 1.0… mais qui délivre une belle énergie. Le son essaye de s’accrocher aux qualités de l’image avec vigueur que ce soit dans la jungle ou en ville. On ne sera jamais transcendé, mais le Mono montre ses forces.
Bonus Blu-ray :
Le fameux Bistro de l’Horreur diffusé sur la plateforme SVOD FilmoTV consacre avec ferveur 25 minutes au film. On retrouve au bar Mélanie Boissonneau, François Cognard et Christophe Lemaire qui retracent la production du film, développent les thèmes tout en fourmillant d’anecdotes. On ne se lassera jamais de cette émission.
Féroce : Discussion passionnée entre Fabrice Du Welz et Fathi Beddiar (cigare à la main), deux hommes qui se connaissent bien ayant collaboré pour les besoins malheureux de Colt 45. Pour ce module, ils échangent autour du film en proposant leur point de vue, leur développement d’une œuvre oubliée que Fabrice Du Welz a découvert pour l’occasion sur les bons conseils de son camarade. L’échange de 35 minutes se suit avec un réel plaisir tant les propos sont justes, notamment l’exposé de la carrière d’Antonio Isasi par Beddiar. Le cinéphile critique/scénariste est averti sur le film avec moult informations à partager notamment via ses échanges avec des personnalités prestigieuses comme James Ellroy. On reste parfois stoïque face aux déclarations dingues du bonhomme.
Le Blu-Ray édité pour Les Crocs du Diable est de premier choix.
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