Dealer : Anvers et contre tous…

Dealer est le premier long métrage du belge Jeroen Perceval, artiste polyvalent s’étant déjà fait remarquer dans le monde du théâtre, de la musique et du cinéma depuis près d’une dizaine d’années. Acteur à ses heures devant la caméra (on a pu l’apercevoir dans le récent et superbe L’Ennemi de Stephan Streker, ndlr) et rappeur opérant sous le nom de scène kRaMer depuis un certain temps ledit réalisateur détient également à son actif une poignée de clips musicaux souvent réputés dans la francophonie actuelle…

Ce fut donc avec une certaine attente que la rédaction de Close-Up s’en alla découvrir ce coup d’essai narrant l’errance de Johnny, adolescent de 14 ans partageant son temps entre le business et ses impératifs souvent impitoyables, une mère artiste et psychologiquement instable peu encline à le surveiller et sa quête d’un modèle spirituel susceptible de l’amener vers une potentielle rédemption… modèle qu’il trouvera en la personne du comédien Antony, acteur quinquagénaire de la scène artistique contemporaine également client du jeune dealer.

Au vu d’un tel pitch il était de fait bien difficile de ne pas être séduit et comblé d’attentes face à la découverte du premier film de Jeroen Perceval : des enjeux solides et des caractères à l’épaisseur à priori prononcée, une ambiance sordide laissant place également aux sentiments et à l’amour (maternel, fraternel, et cetera…) et une incursion certaine dans le cinéma de genre, avec violences suburbaines, règlements de comptes entre caïds et soirées nocturnes et interlopes au coeur desquelles l’adolescent originaire d’Anvers a bien du mal a trouver ses repères affectifs et existentiels, noyé dans la rumeur des boîtes de nuit vouant un culte à l’argent facile et à un cynisme de plus en plus hégémonique… Hélas le jeune cinéaste – s’il place plutôt intelligemment ses pions sur l’échiquier de la commune flamande dès la première demi-heure – finit par ne plus rien faire des différentes strates narratives sus-citées, se laissant aller à un racolage souvent injustifié, séduisant de prime abord certes, mais finalement lassant voire agaçant.

Jeroen Perceval semble vendre Dealer sur l’argument suivant : le crime et le criminel seraient les produits de leur environnement et non un tempérament ou une tendance naturelle. De ce postulat rousseauiste le réalisateur belge aurait pu tirer quelque chose du sublime et d’effectivement complexe, plongeant malheureusement dans un métrage moins psychologiquement dense que banalement factuel et un tantinet « trash pour être trash »… Sans réellement aller au bout de ses idées Dealer s’éparpille, déçoit et s’oublie passablement quelques jours après le visionnage. Le film pourra néanmoins plaire aux spectateurs avides de drames contemporains et d’atmosphères rudes et craspec, visible dans nos salles obscures à partir du 9 novembre 2022.

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