Édito – Semaine 16

Nous avons perdu un grand acteur la semaine dernière. Une fois n’est pas coutume, transformons cet édito généralement dévoué aux coups de gueule ou aux cris du cœur pour hurler tout notre amour au cinéma pour le transformer en hommage. Cette fois-ci c’est Michel Bouquet qui nous a quitté. Une disparition certes plus facile à accepter que d’autres sachant qu’il était âgé du bel âge de 96 ans mais cela ne nous empêche pas d’éprouver de la tristesse face à la perte d’un tel talent et surtout d’une telle gourmandise de jeu !

Pensez donc, en 2017 encore, à l’âge de 91 ans après plus de 70 ans à jouer sur les planches, il était sur la scène du Théâtre de la Porte Saint-Martin pour jouer dans Le Tartuffe le rôle d’Orgon. On voyait bien que son grand âge l’empêchait d’être complètement énergique mais il affichait une malice et un réel plaisir d’être sur scène qui faisait plaisir à voir. À titre personnel, j’avais également pu le voir auparavant quelques années plus tôt dans Le roi se meurt de Ionesco où il était absolument impérial, jouant avec gourmandise et un talent vivace. Il était ce genre d’acteurs que voir sur scène était un réel privilège, une chance unique quitte à s’offrir une bonne place de théâtre et à manger des pâtes pour le restant du mois.

C’est sans aucun doute sur les planches qu’il a marqué le plus d’esprits de façon individuelle mais de façon collective, on le retient évidemment beaucoup au cinéma pour ses rôles de salauds, de petits bourgeois ou de fonctionnaires et donc forcément excellent chez Yves Boisset en flic revanchard dans Un Condé ou chez Claude Chabrol notamment dans Juste avant la nuit en assassin pétri de remords mais dont personne ne veut entendre la confession. Plus tard, il fut également l’inoubliable François Mitterrand pour Robert Guédiguian dans Le Promeneur du Champs de Mars et encore l’année dernière, on l’a vu dans Villa Caprice. Modèle absolu pour bon nombre de comédiens, professeur attentif au Conservatoire national de Paris, on disait de lui qu’il enseignait mais ne donnait pas de leçons. Cela correspond à son parcours, lui qui s’est toujours mis au service des auteurs et d’une troupe, ne se laissant jamais dévorer par son ego. Il était brillant et il ne l’a jamais fait ressentir à personne, prenant chacune de ses prestations théâtrales comme un moment de partage avec le public. La marque des plus grands assurément.

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