Yummy : Salade d’intestins à la cantoche !

S’il fallait demander aux cinéphiles de dresser une liste de réalisateurs de films de genre belges, elle serait bien mince. Outre l’explosion du cinéma de Fabrice Du Welz ces dernières années, il est difficile de trouver des œuvres horrifiques marquantes venues du Plat Pays. Non pas que nous affirmions que la production demeure inexistante, il subsiste néanmoins un sérieux problème de distribution qui nous permette d’avoir accès à des pépites méconnues. Alors, s’il nous venait à l’idée de corser la question et de vous demander de nous citer des films d’horreur flamands, nul doute que nous ferions chou blanc. Fort heureusement, la plate-forme Shadowz s’est chargée de réparer le méfait en acquérant l’énergique Yummy pour venir sustenter notre soif de curiosité en matière de bisseries flamandes. Réalisé par Lars Damoiseaux, Yummy est un film d’horreur énervé, ultra gore et décomplexé, qui saura ravir les amateurs de sensations fortes en manque d’adrénaline pour survivre au week-end. Ne vous reste plus qu’à aller faire griller quelques pop-corns, de vous installer confortablement devant votre écran et de laisser nos voisins du Nord-Est assurer le spectacle. Bienvenue dans votre séance Shadowz de la semaine, une fois !

Un jeune couple d’amoureux se rend dans une clinique d’Europe de l’Est spécialisée dans la chirurgie esthétique à des prix défiants toute concurrence afin de revoir à la baisse la poitrine abondamment généreuse de madame. Évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu, d’autant que la clinique souffre d’une légère infestation de zombies. Les survivants devront affronter des créatures particulièrement coriaces dont il sera difficile d’en venir à bout.

S’il y a un sous-genre de l’horreur qui flirte de près l’indigestion ces dernières années, c’est bel et bien celui du film de zombies. D’abord réservé à une élite bien particulière lorsqu’il était sous l’égide de George A. Romero, le zombie a été dénaturé et trituré dans tous les sens. Entre les ersatz du cinéma italien, bons (L’enfer des Zombies) comme mauvais (Virus Cannibale), et les improbables tentatives européennes (Le Lac des Morts-Vivants), la figure zombiesque a connu un second souffle à l’orée des années 2000 lorsque des films comme 28 Jours Plus Tard l’ont récupéré pour le replacer au cœur d’un sous-texte aussi puissant que sa force destructrice est grande. Bien entendu, parmi la pléthore de rejetons que le genre nous aura pondu, il demeure toujours quelques pépites qui sortent du lot et qui nous permettent de continuer à croire en la capacité du film de zombies à pouvoir produire de vrais bons objets de cinéma. Yummy tente une approche singulière de son sujet. En effet, Lars Damoiseaux fait tenir son histoire sur un fil du rasoir qui jouit d’un équilibre minutieux entre film d’horreur premier degré et comédie absurde. Sorte d’hommage à la fois aux piliers du genre tels Romero et aux papes du gore décomplexé que furent les Peter Jackson et les copains de chez Troma Entertainment, Yummy va également puiser dans le cinéma japonais pour ce qui est d’attribuer l’identité physique et visuelle de ses zombies. Ces derniers se déplacent rapidement et de manière très désarticulée, ce qui donne lieu à des courses-poursuites renouvelant sans cesse les enjeux tant chaque zombie se meut différemment du précédent. Pour ce qui est d’iconiser ses créatures, Lars Damoiseaux fait preuve d’une solide maîtrise et d’un amour infaillible pour un genre avec lequel il s’amuse sans jamais prendre son spectateur pour un demeuré.

Dans le fond, Yummy semble démarrer comme un plaidoyer pro-féministe où il met en exergue (peu subtilement) toute la lourdeur de la gent masculine en présence d’une poitrine protubérante. Seulement, Lars Damoiseaux s’en éloignera bien vite pour venir se focaliser sur ce qu’il connaît parfaitement : aligner les carnages aussi promptement et voracement qu’un Gérard Depardieu en rut devant un rôti de porc à peine sorti du four. Vouloir caractériser le regard masculin envers son héroïne ne sert qu’à définir sa lassitude des hommes, mais ne construit en aucun cas un bagage suffisant pour nous aider à nous identifier à elle. Car, il faut bien l’avouer, tous les personnages, sans exception, sont absolument détestables. Damoiseaux construit les archétypes les plus mesquins qui soient et grossit délibérément les traits dans le but de susciter une vraie haine chez le spectateur qui n’attendra que le moment où ces derniers mourront dans d’atroces souffrances. Yummy est un immense buffet carnassier servi sur un plateau reluisant duquel le réalisateur sommera ses antagonistes de n’en laisser aucune bouchée. Et rien que pour ce plaisir régressif qu’il y a à prendre un pied conséquent à voir des abrutis se faire charcuter dans tous les sens, Yummy mérite tout notre amour. Et des séquences d’ores et déjà mythiques, Yummy en compte une petite flopée parmi lesquelles une congélation express d’un pénis en demi-molle, une amputation farfelue dans une broyeuse à papiers ou encore l’éviscération d’un intestin en guise de décoration du bloc opératoire. Yummy est un vrai festival de brutalité graphique assénée avec une aisance enfantine qui rend la séance véritablement plaisante. Lars Damoiseaux s’empare d’un pitch grotesque pour livrer un produit exécuté avec un premier degré féroce ne rendant que plus délectable l’absurdité des situations incongrues dans lesquelles il enferme ses personnages. Si d’aventures vous aviez aimé l’improbable Rabid Grannies (Les Mémés Cannibales en français dans le texte, une joyeuse bisserie à (re)découvrir de toute urgence) pour sa capacité à savoir jongler entre ses situations cocasses et gores avec un premier degré admirable, nul doute que Yummy devrait vous ravir.

Yummy est un joyeux défouloir duquel on n’en sortira clairement pas plus intelligent, mais repu comme jamais. Lars Damoiseaux délivre une énorme dose d’hémoglobine au cœur d’un bordel minutieusement organisé. Il y a bien longtemps qu’un film ne nous avait pas procuré cette irrésistible envie de voir l’ensemble de ses personnages mourir tant ils demeurent tous antipathiques. Lars Damoiseaux gage d’un vrai amour pour le genre et joue parfaitement avec les codes pour revenir au simple plaisir divertissant du film horrifique que l’on allait voir dans les drive-in ou en double-programme en séance de minuit. Yummy est aussi drôle qu’il est efficace en parvenant à ne jamais relâcher la tension. Une prouesse qui devrait vous rassasier pour le reste du week-end. Merci Shadowz pour l’invitation, y a-t-il du rab ?

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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