Blacklight : Allo Liam Ici spectateur en détresse !

Il incarnera prochainement le détective Philip Marlowe – détective célèbre du roman Noir créé par Raymond Chandler – pour Neil Jordan dans l’adaptation de la résurrection signée par John Banville en 2014. En attendant cette curiosité antédiluvienne, Liam Neeson retrouve le réalisateur de Good Criminal, Mark Williams, pour une nouvelle coquetterie superficielle nous plongeant en plein désarroi dès l’apparition du générique final.
Oeuvre d’un producteur plein d’assurance responsable de trois films oubliables, Mark Williams s’efforce à perpétuer le talent douloureux d’Aaron Norris qui mettait en avant le charisme de chien mouillé de son frère Chuck dans des productions bâclées au cœur des années 1990. Cet amour artistiquement fraternel a trouvé son zénith avec la série télévisée Walker Texas Ranger sur neuf saisons mémorables. Liam Neeson a trouvé le réalisateur sur le point de le faire basculer du côté des direct to video. On ne va pas refaire l’histoire, mais depuis l’inattendu Taken signé par Pierre Morel en 2008, l’acteur irlandais – talentueux en soi – s’évertue à enchainer les rôles affectionnés par ce cher Steven Seagal au début des années 2000. Liam Neeson n’a pas encore pris 30 kilos ni trouvé le soutien des oligarques russes, fournisseurs officiels de petites blondes pulpeuses, mais il n’en est pas loin. La recette du « Liam Neeson’s Movie » est simple : prendre une histoire bidon où l’acteur incarne un rôle improbable avec enlèvement de sa famille chérie à la clef et une séquence de menace au téléphone portable envers les antagonistes. Mark Williams a appris la recette par cœur et suite à Good Criminal (200 000 entrées France tout de même), il fait de l’acteur âgé de 70 ans un « régulateur » officieux opérant pour le compte du directeur du FBI lorsque toutes les autres options ont été épuisées. Ses méthodes impliquent souvent la manière forte. 
Quand on lui ordonne de faire taire un agent qui souhaite révéler à la presse les méthodes du Bureau, il comprend qu’il est devenu le pion d’une terrible machination. Déterminé à faire éclater la vérité, il se lance dans un combat contre ceux avec lesquels il a l’habitude de travailler. Mais lorsque ses adversaires s’attaquent à ses proches, Travis retourne ses méthodes contre ses anciens employeurs et il n‘aura aucune pitié.

Tourné en Australie pour des questions de production, Blacklight essaye tant bien que mal de nous faire croire en un Washington authentique. Nous ne sommes pas dupes face à ce film superficiel et sans la moindre attache en tant que divertissement potable. Tout sonne faux, plongeant le spectateur en plein désespoir face à cet actionner d’une bêtise crasse. Liam Neeson apparaît – suite à une introduction douteuse – tel un mâle alpha au volant de sa Dodge Charger flambante neuve sur une route vide roulant à vive allure pour sauver une agente infiltrée en proie aux rednecks racistes/suprémacistes l’ayant débusquée. Nous avons véritablement l’impression de faire face à un épisode modeste de Walker Texas Ranger. Le film accumule les improbabilités et les âneries grossières à l’image de cette séquence de course poursuite entre notre héros et un lanceur d’alerte qui s’échappe en volant un camion-benne (pourquoi un camion-benne???) pour mieux semer le chaos dans un quartier clinquant et clinique. Mark Williams pense mettre en scène Terminator 2 et fait mine de se prendre pour James Cameron. Sauf que le réalisateur d’Avatar aurait évité de faire des tentatives de plans bancals pour faire genre avec des sautes de montage pour insuffler un certain style ringard à son film.
Rien ne va dans Blacklight, long métrage souffrant des maux identiques à ceux de Good Criminal. Cette production souffre d’un goût douteux et d’une histoire tarabiscotée sortie tout droit des films complotistes post-watergate. Tout ceci fait l’effet d’une désuétude de près de quarante ans, désuétude manquant de solidité, d’aplomb, mais surtout d’un certain talent en écriture et en mise en scène. Il n’y a rien à sauver de ce film que l’on vous déconseille vivement. Ne dépensez pas le moindre centime pour ce film ni fait ni à faire. 

Le plus improbable dans cette histoire est de s’apercevoir de l’incurie dans la distribution des productions avec en tête d’affiche Liam Neeson. Le Vétéran ou Made in Italy, deux productions intéressantes et réussies, passent par la case Canal+Première en SVOD laissant aux séries Z pitoyables le loisir d’encombrer les salles de cinéma surchargées. Cette incongruité dessert les fans de l’acteur en faisant également fuir le chaland (pas bête la bête) qui délaisse la moindre proposition convenable, et pour preuve : Ice Road sorti l’année dernière, n’a attiré que 80 000 petits spectateurs en salles. Et pourtant comme on le soulignait dans notre critique le film est une sacrée course poursuite sur la glace dans la lignée des actionner fumants des années 1990. Tout ce que n’est pas Blacklight, œuvre fumeuse et oubliable à ne surtout pas consommer en salles (ni ailleurs s’il vous plaît) au risque d’une intoxication cinématographique.

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