Le Vétéran : The Lonesome Actor & The Mexican Kid

Liam Neeson est omniprésent au cinéma depuis sa starification suite au succès de Taken en 2008. L’acteur irlandais est devenu une valeur sûre pour les studios hollywoodiens l’employant dans tout et son contraire au centre de films d’action à l’image d’un Charles Bronson dans les années 1980 suite au triomphe du film signé Michael Winner Death Wish. Le comparatif est intéressant à tisser entre les perspectives de carrière de ses deux figures devenues des « Action Man » alors qu’ils devenaient de vieux acteurs. Tous les deux sont devenus des icônes à la gâchette ou la baffe facile à l’orée de leur soixantième année, comme quoi un bon acteur peut s’aguerrir avec l’âge. Liam Neeson est devenu ce nettoyeur, cet effaceur du cinéma américain pour des productions pour la plupart « Bis », mais parfois réjouissantes. On passera volontiers sur Blacklight ou The Good Criminal, mais dernièrement on conseille aisément Ice Road ou De Sang-Froid.
Il est étrange de constater que les « Liam Neeson’s Movie » les moins intéressants ont la permission d’une sortie au cinéma, alors que les propositions relevant le niveau trouvent une issue en SVOD et en DVD/Blu-Ray. Après la comédie romantique réalisée par James D’Arcy Made In Italy, c’est Le Vétéran qui trouve une fenêtre de tir seulement via la case « Première » de MyCanal et une sortie récente en DVD & Blu-Ray chez M6 Vidéo faute au COVID. Et pourtant Le Vétéran sous son pitch simple est un sacré film ayant saisi l’utilisation adéquate d’un Liam Neeson à la carcasse fatiguée courbée, mais puissante.

Le Vétéran suit Jim Hanson, un homme aigri et vieillissant qui voit arriver une mère mexicaine et son fils sur ses terres poursuivis par les membres d’un cartel mexicain. Celui-ci dénonce traditionnellement les immigrés clandestins aux autorités. Mais quand la mère est tuée dans une fusillade, l’américain récalcitrant décide d’aider le jeune Miguel à fuir. Le vétéran de guerre veuf et désabusé et le garçon orphelin vont devoir traverser les États-Unis, poursuivis par des criminels et des policiers corrompus. Un pitch commun ressassé de nombreuse fois au cœur des années 1950/1960 dans l’âge d’or du western américain. Et ne parlons pas du western italien prenant le relais jusqu’au cœur des années 1970 où ce voyage périlleux sera quelques fois l’excuse d’une production nouvelle pour une poignée de dollars en plus. Le Vétéran est un hommage sincère à un genre désuet qui ressurgit parfois pour des essais remarquables (Hostiles). Le film de Robert Lorenz est un western moderne où le pickup est filmé tel un cheval, où l’enfant est un petit villageois perdu et où le héros vieillissant a la dégaine du cow-boy usé. Liam Neeson prête à merveille sa silhouette courbée et ses traits ridés. Il accompagne l’enfant traversant les étendues américaines poursuivi par des antagonistes patibulaires. On se croit dans les meilleurs westerns, mais au 21e siècle. 

Ce qui est fabuleux avec ce vétéran est de projeter Clint Eastwood dans le rôle. Robert Lorenz est un collaborateur de longue date du réalisateur/acteur venant également de mettre en scène un scénario similaire avec Cry Macho. Sylvester Stallone a également basé son dernier opus de la saga Rambo sur ce schéma avec son allure de cowboy désabusée et fatiguée pour partir à la recherche de celle qu’il considère comme sa fille prisonnière au Mexique. L’histoire est donc émoussée, mais fonctionne toujours aussi bien avec un respect indéniable du genre et une production soignée. Robert Lorenz rend même un hommage direct à Clint Eastwood dans la séquence du motel en diffusant Pendez-les haut et court à la télévision. Le personnage de Jim est calqué sur la figure « Eastwoodienne », Liam Neeson s’en emparant avec une facilité et un respect déconcertants. Le Vétéran vaut principalement par son utilisation judicieuse de l’acteur qui se moule parfaitement au cœur de ce western moderne pragmatique et sans la moindre exubérance. Cela change pas mal des incongruités telles Blackbird ou encore Ice Road qui n’évite pas le hors-piste sur certaines séquences en dépit de ses qualités de divertissement indéniables. 

Le Vétéran est un film classique en tout point. Mais le long métrage est bien produit utilisant à merveille Liam Neeson en vieux cow-boy taciturne venant en aide à un jeune mexicain orphelin. Un lien va indéniablement se créer permettant d’installer une tendresse au cœur d’un récit balisé. Le sempiternel lien d’affection se nouant au gré des péripéties contre les méchants Mexicains, tatoués et armés ne laissant aucun survivant sur leur passage. La séquence de la station-service marque les esprits avec le destin funeste de la gentille vendeuse qui raccroche d’une conversation avec sa mère avant de mourir sous les balles de l’antagoniste principal. Une séquence poignante pour un film tragique cachant bien son jeu, Robert Lorenz est un metteur en scène rare qui avait eu le privilège de la prestation de Clint Eastwood – son maître de cinéma – pour son premier film (Une Nouvelle Chance), dernière apparition de l’acteur Eastwood chez un autre avant de se focaliser sur son propre cinéma pour d’innombrables et fabuleux chants du cygne.

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