Jakob’s Wife : Buvez, ceci est mon sang !

Nous y voilà enfin, l’année 2021 vient de toucher à sa fin, laissant derrière elle son lot de bonnes et de mauvaises surprises. En matière de surprises généreuses, prendre les rênes de la séance Shadowz hebdomadaire a été l’une de nos meilleures idées de l’année. Nous avons, par le biais du partenariat et l’excellente communication établie avec les équipes de la plateforme, découverts de belles pépites, des films qui resteront gravés à jamais dans notre mémoire et qui redonnent foi en l’avenir du genre. S’il peine à nous convaincre en salle, c’est véritablement sur Shadowz que nous avons trouvé notre bonheur. Quelle joie de découvrir toute une panoplie de films totalement inconnus avec à leur tête, pour la plupart, de jeunes réalisateurs en quête d’une reconnaissance certaine. Il y a encore de belles idées qui fourmillent au cœur de l’horreur. S’il aurait été facile de conclure doucement l’année après autant de programmes réjouissants, c’était compter sans les équipes de Shadowz qui nous offrent trois nouvelles exclusivités de derrière les fagots. Trois histoires avec des styles significativement différents, mais avec un seul dénominateur commun : celui de nous mettre une ultime branlée afin d’entamer l’année 2022 en bonne et due forme. Nous ne manquerons pas de revenir ultérieurement sur, notamment, le Grand Prix du PIFFF 2021 d’ores et déjà disponible sur Shadowz, mais nous ne pouvons pas ne pas revenir sur cette ultime coup de cœur de l’année 2021. Si vous avez l’habitude de suivre nos chroniques, vous savez que nous ne tarissons jamais d’éloges lorsqu’une exclusivité Shadowz nous frappe en plein cœur…et Jakob’s Wife n’a absolument pas dérogé à la règle.

Anne est mariée au pasteur d’une petite ville, Jakob Fedder, depuis 30 ans. Totalement effacée dans un quotidien qu’elle ne supporte plus, elle a l’impression d’être passée à côté de sa vie. Son mari ne lui accorde plus d’importance, lui coupe sans cesse la parole, pense à sa place, prend parti sans la consulter et ne la regarde même plus. Anne est devenue esclave malgré elle, toujours aux petits soins pour Jakob. Après une rencontre fortuite avec « Le Maître », elle découvre un nouveau sentiment de pouvoir et un appétit de vivre aussi féroce que mortel.

Depuis l’orée des années 2000, les bons films sur le mythe du vampire se comptent sur les doigts d’une seule main. Si l’équipe de Close-Up s’était amusé à revenir sur quelques films du genre qu’elle affectionne au sein d’un podcast consacré aux créatures de la nuit, force était de constater que peu de films sortis post 2000 n’avaient trouvé de véritable grâce à ses yeux. D’aucuns citeront quelques rares jolies exceptions comme Morse ou L’ombre du Vampire, mais le temps du vampire sauvage, sanguinaire et violent semblait révolu. Si l’on excepte les vraies parenthèses que sont Blade 2 et 30 Jours de Nuit (osons y ajouter Daybreakers également), le vampire fait pâle figure (sans mauvais jeu de mot) dans le paysage cinématographique depuis trop longtemps. Sans pour autant crier à la révolution, Jakob’s Wife redonne un élan au genre, lui insuffle une vraie hargne qui sent bon le travail bien fait, et est un plaisir immodérément succulent. Avec son esthétisme proche d’un film type « Sundance » entrecoupé de séquences à l’humour noir ravageur et ses scènes gores aussi spectaculaires que violentes, Jakob’s Wife est immédiatement devenu, à nos yeux, le nouveau porte-étendard du genre vampirique moderne. Réalisé par Travis Stevens (qui signe ici son second long-métrage), Jakob’s Wife sent clairement le film de passionné. Producteur derrière The Thompsons (la suite de The Hamiltons, deux films de vampires imparfaits, mais certainement dans le haut du panier de ce qu’il s’est fait de mieux dans le genre post 2000), Cheap Thrills, Starry Eyes ou encore Jodorowsky’s Dune, Travis Stevens prouve, par ses implications, qu’il a foi dans le genre. Lorsqu’il se lance dans la production de Jakob’s Wife, tout semble indiquer qu’il y a fait le même état des lieux que nous concernant le vampire au cinéma. Comment relancer l’intérêt du public pour ce genre de projet ? Tout simplement en allant piocher plusieurs éléments dans ce qu’il s’est fait de mieux dans le genre depuis toujours.

En effet, Jakob’s Wife ne réinvente absolument rien, mais tout y est d’une absolue maîtrise que succomber est la seule solution. Sous couvert de décortiquer les mœurs d’un couple de sexagénaire s’embourbant dans une routine aussi morose que mortelle, Travis Stevens dynamite les attentes du spectateur pour mieux le surprendre au fil des séquences. Avec une critique amère du christianisme à l’appui, Jakob’s Wife débute comme un drame quelconque pour aller embrasser un classicisme fantastique qui flirte avec les extrémités du gore nanardesque afin de nous rappeler pourquoi nous aimons tant l’image du vampire et tout ce qu’elle représente : le pouvoir, la force, l’hypersexualité. Et quand il s’agit d’aborder la sensualité et la sexualité, impossible de ne pas évoquer l’implication de Barbara Crampton. Actrice mythique découverte, pour la première fois à l’écran, nue, dans le Body Double de Brian de Palma, et que nous avons pu admirer dans des films tout aussi cultes que son tout premier rôle comme Re-Animator, From Beyond, Puppet Master ou plus récemment chez Rob Zombie pour son chef d’œuvre incompris, The Lords of Salem ou dans le You’re Next d’Adam Wingard. A l’instar de quelques actrices qui capitalisent sempiternellement sur le fétichisme qu’elles ont créé dans un ou deux films cultes (dixit Cassandra Peterson pour Elvira ou encore Linnea Quigley, pour ne citer qu’elles), Barbara Crampton n’a jamais cessé de tenter de s’accrocher à sa popularité en se remettant toujours en danger. Si elle a connu une sacré traversée du désert, on ne peut pas lui enlever qu’elle en impose toujours autant et qu’elle est plus sexy que jamais du haut de ses 62 printemps. En effet, lorsqu’il s’agit de la rendre prédatrice, Travis Stevens n’a pas besoin de grossir les traits pour susciter l’émoi chez le spectateur. Une simple coupe de cheveux et un maquillage appuyé et le charme de Barbara Crampton opère instantanément. Simplicité et sobriété collent parfaitement à la note d’intention du projet. Voilà pourquoi, lorsqu’interviennent l’humour et le gore, nous sommes à la fois décontenancé et conquis : la rupture de ton est saisissante et maîtrisée solidement. Jakob’s Wife puise indubitablement ses racines dans le Salem de Stephen King tant l’emprise et l’apparence du Maître sur la ville ressemblent à s’y méprendre à la manière dont l’auteur y décrit son personnage de Kurt Barlow. Et s’il vous fallait une ultime raison pour vous ruer sur le film, c’était bien celle-ci, on ne cite pas le King en vain, sic !

Il y aurait encore une multitude de choses à dire sur Jakob’s Wife, mais nous préférons vous laisser apprécier la pépite sans plus attendre. Shadowz conclut l’année 2021 avec un panache inouïe. Abreuvez-vous du sang de ce dernier sans modération et succombez aux forces maléfiques du Maître pendant que nous partons militer fermement pour que Jakob’s Wife paraisse rapidement au sein de la collection vidéo consacrée aux exclusivités Shadowz. Jakob’s Wife est un must-see et un must-have que nous nous devons d’ajouter rapidement à notre blu-raythèque.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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