Star Wars : Visions : Visions d’hommages multiples

A l’image de la série d’animation Animatrix, Disney continue les propositions autour de son univers Star Wars avec désormais Star Wars : Visions. Série d’animation ancrée dans l’univers bien connu de Georges Lucas, constituée de 9 épisodes réalisés par différents réalisateurs japonais. L’idée est de proposer, dans chaque épisode, une petite histoire, souvent totalement indépendante de l’histoire originelle, et proposant une vision artistique ou scénaristique très singulière. Une manière de rendre hommage à la saga à une petite échelle et parfois aussi l’occasion de créer sa carte de visite pour de potentiels intéressés.

Les histoires sont très diverses et variées mais on ressent énormément l’ancrage dans la culture nipponne. On ressent avec Star Wars : Visions l’intention de Disney de toucher un public amateur de l’animation japonaise. En plus de cela, l’osmose fonctionne. Inspiré par quelques classiques d’Akira Kurosawa, dont La Forteresse Cachée, Georges Lucas ne s’est jamais caché de l’inspiration à la culture japonaise. Alors qu’il n’y avait que peu de clins d’œil visuels réellement marquants jusque là dans les films, cette série d’animation incorpore complétement le mythe des Jedi et des Sith durant l’ère Edo. Chaque artiste y apporte sa patte visuelle en fonction de son univers et des éléments qu’il souhaite le plus marquant. Certains épisodes mettront en avant des codes d’honneurs familiaux ou de legs au Japon, d’autre s’attarderont plus à détailler les costumes et les décors, quand d’autres encore préfèreront mettre en avant des modes de vies d’une époque précise. L’influence y est totale, parfois même envahissante.

En effet, l’hommage est parfois trop présent. Tellement présent qu’il n’apparaît dans certains épisodes rien d’autre que cela. Entre un épisode rendant intégralement hommage à l’oeuvre d’Osamu Tesuka et un autre qui retrace l’histoire de la Forteresse Cachée, nul doute que les réalisateurs japonais s’en soient donnés à coeur joie vis à vis d’oeuvres mondialement moins populaires. Comme cet épisode un peu particulier, ressemblant à un très long ending de série d’animation n’ayant pour but que de mettre en avant la J-Pop (Japan pop) et les groupes de rock japonais. Bien souvent il ne s’agit ni plus ni moins qu’une histoire de samouraï avec des sabres lasers. Ce qui est particulièrement classe en soit, ne boudons pas notre plaisir, mais le titre « visions » perd un peu de son intérêt. Il s’agit alors plus de proposer des petites histoires indépendantes pouvant se produire dans l’univers Star Wars sans lien avec une quelconque politique d’envergure. Ce qui est la fois intéressant et problématique.

Intéressant car on ne voit jamais de personnages que l’on connaît (exception faite de ce fameux épisode un peu particulier). Un très bon point qui permet de s’affranchir totalement du joug des fans de la saga et de la famille Skywalker. Mais outre des clones/droïdes/stormtroopers, il n’y a parfois aucun rattachement à l’univers que l’on connaît. Cela devient donc problématique car les termes de Jedi ou Sith restent trop faibles pour vraiment développer une vision de cet univers. Seul le premier épisode apparaît comme une véritable masterclass à ce niveau avec beaucoup de détails très pertinents. L’épisode nommé L’ancien, ainsi que Les Jumeaux, proposent également quelques petites idées dignent du titre de la série. C’est simplement dommage que d’un point de vue spirituel, social ou même politique, la plupart des épisodes restent à ce point en surface. L’osmose excelle tout de même dans ce rendu parfois légèrement cyberpunk. Des codes de vie d’un autre temps, justifiant des tenues traditionnelles au sein d’un monde futuriste très marqué par l’univers de Star Wars, à l’image de l’épisode intitulé Lop & Ocho. Un mélange qui rend honneur à la série d’animation et montre tout le potentiel de l’initiative.

Tout cela ne retire cependant rien à l’incroyable diversité graphique. Chaque épisode est visuellement différent du précédent. À ce sujet, la série prouve l’immense panel artistique de l’animation japonaise. Une richesse visuelle largement supérieur à ce que beaucoup prétendent, par médisance. Les histoires en elles-mêmes, ne reflétant certes pas assez la profondeur infinie de cet univers, restent toutes très intéressantes. Il n’y en a pas de mauvaises ou mal écrites. C’est ce qui fait aussi la richesse de cette petite série. Chaque épisode propose irrémédiablement une visions de quelque-chose. Que ce soit la culture, l’amour, la romance, l’aventure, la famille, la technologie, les traditions ou l’amitié et j’en passe. Il y a toujours quelque chose à tirer de ces épisodes. Même si parfois, cela n’interfère pas suffisamment avec le cahier des charges de Star Wars.

Pour les quelques amoureux de la culture japonaise, sachez que quelques noms qui vous sont certainement connus ont travaillé sur Star Wars : Visions. Parmi eux nous pouvons citer Kenji Kamiyama (Ghost in the Shell, Eden of the East, Hirune Hime), Hiroyuki Imaishi (Gurren Lagann), Masahiko Otsuka (Gurren Lagann), Yuichiro Kido (scénariste de Dr Stone). Après quelques recherches, on peut d’ailleurs se rendre compte que beaucoup des réalisateurs et scénaristes de la série ont travaillé sur le film d’animation japonais Ride Your Wave sorti le 1er septembre 2021. Certains styles graphiques vous rappelleront sans aucun doute vos animés préférés. En définitive, Star Wars : Visions est une très bonne séries avec plusieurs épisodes de bonne intensité. Quelques-uns, dont le premier, sont époustouflants, d’autres un peu moins impactants mais aucun ne semble décevant. Il s’agit d’une production plutôt mineure dans le spectre de Star Wars, qui aura le mérite de contenter les fans d’animation japonaise, un peu en manque sur Disney+. Même si aujourd’hui la série est terminée en 9 épisodes, le concept reste encore très ouvert et pourrait tout à fait offrir des possibilités fantastiques d’ouverture vers de nouvelles séries d’animations, qui, quant à elles, ne seront pas anthologiques.

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