Toutes les Couleurs du Giallo : Douche Froide pour une Marque Jaune.

Parmi les dernières éditions signées par Le Chat qui Fume, le titre qui nous enthousiasmait le plus était Toutes Les Couleurs du Giallo, documentaire revenant sur la grande époque du thriller à l’italienne en compagnie des grandes figures ayant contribué à sa popularité. Ainsi, Dario Argento commente sa trilogie «Animale», Sergio Martino parle de Torso ou l’Étrange Vice de Madame Wardh en compagnie d’Edwige Fenech revenant sur son expérience.
Toutes les Couleurs du Giallo était donc une promesse d’un documentaire définitif sur le genre, tour d’horizon exhaustif sur les grands titres ayant fait la renommée du genre. Mais…

Il y a toujours un mais. Parce que finalement en lançant le Blu-Ray fort simple édité par Le Chat qui Fume (pas de menu ; pas de bonus), on s’aperçoit faire face à un montage des différents entretiens effectués par Freakorama, société de production italienne collaborante avec les différents éditeurs français adepte du cinéma italien comme Artus Films, Ecstasy of Film ou bien évidemment Le Chat qui Fume.
On se retrouve alors face à un nouveau montage effectué par Frederico Caddeo réunissant le meilleur des bonus réalisés pour les différents gialli édités en France par les éditeurs susmentionnés. Pour les adeptes des différents catalogues ou pour les aficionados de giallo ayant acheté la plupart des films, vous n’apprendrez pas grand-chose de plus, car vous possédez en somme la totalité des entretiens en bonus, et ce, en version longue. Bien évidemment, dans ce documentaire à la jaquette diablement superbe, Frederico Caddeo chope l’essentiel ou le sensuel des entretiens pour un métrage de 90 minutes entremêlés d’extraits des différents films. Alors, pour nous collectionneurs et cinéphiles adeptes du genre, le film fait redite. Notamment toute la partie sur Lucio Fulci qui vient chatouiller les oreilles de Dario Argento pour qui il n’avait peu de considérations pour son travail. Par des entretiens radiophoniques et des extraits, le film revient sur la partie Giallesque de la carrière de Fulci entre Perversion Story, Le Venin de la Peur, La Longue Nuit de l’Exorcisme ou L’Emmuré Vivante. Une belle partie lui est consacrée, car forcément la carrière du petit italien gouailleur est, ces dernières années, repassé au crible par les différents éditeurs, donc les bonus sont conséquents. On n’apprend malheureusement rien de bien nouveau…
Lucio Fulci fait ainsi suite à la première partie du film par Dario Argento, représentant majeur du genre, qui revient sur toute sa partie animale de ses gialli jusqu’à Profondo Rosso et même Ténèbres. Idéal pour introduire le genre de façon pédagogique et son évolution vers le fantastique que beaucoup de réalisateurs ont tenté de suivre plus ou moins avec succès. 

Quatre Mouches de Velours Gris réalisé par Dario Argento en 1971

Toutes les Couleurs du Giallo se dévoile avec du recul comme la porte d’entrée type pour tout néophyte du genre souhaitant avoir la meilleure perspective possible. Le documentaire est le témoin amenant vers les différents films cités tout le long-métrage, pour la plupart aux éditions épuisés, pour mieux ensuite partir à la recherche d’autres films sur les différents catalogues. Si Toutes les Couleurs du Giallo se trouvera futile après leurs découvertes et quelques achats bien chinés (redite avec les bonus / manque d’intérêt à revoir ledit doc), il aurait amplement suffi en tant que supplément compensatoire au cœur d’une nouvelle édition. Car il reste quelques perles à rattraper et éditer après avoir revu des propositions culottées telles que L’Assassin a réservé 9 fauteuils ou forcément Les Six Femmes de l’Assassin ou La Baie Sanglante de Mario Bava.
Bava père, instigateur d’un genre descendant légitimement du Krimi des années 1930 en Allemagne, lui-même filleul des romans noirs américains se vendant comme des petits pains dans les différentes gares à l’époque. N’omettons pas le polar à l’anglaise, quoique l’on dise, le Giallo italien en est un descendant direct, notamment des écrits d’Agatha Christie et son Les Dix Petits Nègres (enfin Ils étaient Dix). Si les Italiens ont épicé le thriller par diverses substances abstraites et fantastiques, approchés le genre avec une certaine misanthropie crasseuse, les liens sont évidents, voire flagrants. Tout comme le giallo sera la figure tutélaire du Slasher, sous-genre horrifique américain des années 1980 tirant sa moelle de La Baie Sanglante de Mario Bava, lequel Vendredi 13 doit beaucoup trop ses effets et son succès. Le giallo a été une époque bénite pour le cinéma italien, au cœur des années 1970, entre le western et le poliziottesco – néo-polar italien profitant des années plombs. Genre passionnant par sa forme et son style, il est vite tombé dans la redondance devenant un produit d’exploitation à défaut d’être l’expression des talents. Talents dont ce documentaire, à destination des profanes qui souhaiteraient une première approche, fait un beau tour de table entre réalisateurs et actrices qui ont tout autant fait le succès d’un genre toujours aussi populaire aujourd’hui.

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