Ride your wave : La forme de l’eau

Du surf et de l’amour ? Voici le nouveau film d’animation japonais du talentueux Masaaki Yuasa, Ride your wave (Kimi to, nami ni noretara). Scénarisé sous la plume de Reiko Yoshida (Silent Voice) il sort (enfin) le 1er septembre 2021 en France. Il a été présenté en juin 2019 au Festival international du film d’animation d’Annecy.

Hinako est une jeune fille enjouée, débrouillarde et passionnée de surf. Elle déménage dans une ville balnéaire dans le cadre de ses études. Lors d’un incendie, elle est sauvée par un pompier nommé Minato. Un jeune homme prévenant, gentil et doué. De cet incident va naître une incroyable fusion entre deux êtres que tout oppose. C’est le coup de foudre. Mais le jeune homme perd brutalement la vie en voulant sauver une personne en train de se noyer. Alors que tout le monde tente de surmonter sa peine, Hinako s’accroche à l’esprit de son ami, qui rejaillit dans sa vie sous forme d’eau… Commence alors un nouveau chapitre surprenant de leur romance.

Ride your wave rempli toutes les cases du shojo classique. Une love story avec des moments à deux le tout accompagné d’une musique douce et estivale sous la direction, de Michiru Oshima (Bloom into you). Une romance aquatique mignonne qui peut paraître assez lisse. En réalité il n’en n’est rien. Lorsque cette histoire d’amour s’arrête subitement après la perte de Minato, le film prend une autre tournure. Si au début le thème qui prédominait était l’amour, le deuil finit par prendre le dessus. 

Comment affronter ce deuil ? Chaque personne est différente et chacun a sa manière de gérer les choses. Hinako a la sienne. Elle lui permet de ne pas se laisser submerger par ses émotions et la triste réalité. Dès qu’elle commence à chanter la chanson fétiche qui caractérise si bien leur relation, Minato apparaît sous la forme d’un esprit dans l’eau. De cette manière Masaaki Yuasa inscrit son long métrage dans un imaginaire japonais. Il y a ici, la présence d’un petit esprit des eaux bienveillant qui apparaît lorsqu’on a besoin de lui. Il suffit simplement de chanter Brand new story du group de J-POP, Generations from Exile Tribe. 

Cette chanson est quasiment omniprésente dans le film. Elle est a la fois chanté par le couple lors de leurs moments passés en ensemble (aquarium, balade, Noël), en son d’accompagnement, mais c’est surtout Hinako qui la chante. C’est une musique très importante. Elle établit le lien entre le passé, le présent et le futur des deux protagonistes.  Une certaine poésie s’en dégage et nous permet de comprendre ce qui lie réellement les personnages. Bien plus qu’un amour sincère, une reconnaissance éternelle. 

A la mort de Minato, c’est littéralement le monde d’Hinako qui s’effondre. Elle ne pense plus qu’à une chose, lui. Le revoir, lui parler et le toucher. Et c’est donc à ce moment-là qu’apparaît Minato. On ne sait pas si on doit avoir de la peine ou être amusé par ce que l’on voit. Car, une fille qui marche dans la rue et qui parle à une bouteille sous la musique Brand your Story, n’est certainement pas banale. La réaction des passants en la voyant rendent compte du ridicule de la situation.  Son attitude peut amuser ou choquer. Elle qui était si enjouée au début, si autonome, devient dépendante de l’esprit de l’être qu’elle a perdu et perd toute notion du temps. 

Aborder le deuil et la mort au sein d’un film d’animation n’est pas une chose aisé. Le film réussit parfaitement à aborder les deux sans perdre de sa magie. Toujours dans un style si particulier entre envolée lyrique et réalité, le réalisateurs prend le chemin de celui qui est considéré comme le maître de l’animation japonais, Hayao Miyazaki. C’est d’ailleurs grâce au film Le château de Cagliostro, qu’il envisage une carrière dans l’animation. Toutefois, il est encore tôt pour dire qu’il lui arrive à la cheville, mais c’est en bonne voie. On voit très clairement l’influence de Miyazaki dans son film. 

Ride your wave nous entraîne dans l’univers de son réalisateur. Toujours avec ce goût pour la mer et l’eau (que nous retrouvons également au sein de Lou et l’île aux sirènes). Sa forme, sa couleur son animation cultive son aspect magique et salvateur. C’est une eau qui unie deux être. Et elle sépare également. Toutefois, elle n’est jamais présentée comme menaçante, seulement comme un obstacle à surmonter. 

Ainsi, le titre du film, fait référence à cette idée de prendre son courage à deux mains et d’affronter ses peurs. La narration surfe donc sous ce mantra positif. En temps de Covid-19 ( et de ses variants) c’est quelque chose qui nous parle et qui est plus susceptible de nous toucher. Il faut penser à l’après. 

Il est important de souligner la qualité de l’animation. Le soucis des détails, la palette de couleur sublime est le résultat  d’un travail de précision. La majorité du film se déroule en été. C’est une formule qui fonctionne parfaitement avec le genre. Malheureusement, le design des personnes est un problème. Aux allures difformes ( dans certains angles), ce design gâche un peu notre appréciation vis a vis du visuel. Les jambes sont parfois trop longues, tout comme le cou. Les traits fins de ces personnages n’arrange pas l’affaire. Il y a un contraste entre leurs apparences et le décors. Durant le film, c’est quelque chose qui est successible de déranger (surtout les amateurs d’animation japonaise). C’est probablement par souci de cohérence avec cet univers de douceur que la réalisation n’a pas voulu grossir les traits de ces personnages. 

Ride your wave est un film à voir. Par son graphisme, son histoire touchante et le thème qu’il aborde le plus : la période du deuil. Tout ceci combiné nous fait sortir de la salle avec les yeux mouillés, l’envie de faire un karaoké et Brand your story en tête. Kimi ga nagamete iru…

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