Kirikou et la sorcière : 20 ans et toujours vaillant

Des films qui ont marqué notre enfance, on garde toujours un souvenir vivace, gravé à jamais dans la mémoire. Ce genre de films, on les revoit toujours avec plaisir et avec une émotion particulière. C’est le cas avec Kirikou et la sorcière, véritable renouveau de l’animation française de son époque qui fête cette année ses 20 ans. Cela méritait bien une ressortie en salles dès aujourd’hui, l’occasion de redécouvrir la puissance inégalée de ce conte africain réalisé par Michel Ocelot.

Kirikou et la sorcière renferme en lui une magie tout à fait singulière. Inspiré par l’Afrique (il a passé son enfance en Guinée), Michel Ocelot pioche dans un conte de ce continent pour tisser les premières ficelles du film avec l’intention de vraiment traiter l’Afrique telle qu’on ne l’a jamais vu en film d’animation à l’époque. Les personnages sont donc tous africains, Kirikou est nu, toutes les femmes sont torses nus (ce qui ne manqua pas de poser quelques problèmes à un moment de la production) et Michel Ocelot entreprend de raconter son histoire à travers de superbes décors dont certains font directement écho aux tableaux du Douanier Rousseau tout en demandant au musicien Youssou N’Dour de composer une musique aux tonalités résolument africaines.

Mais qu’est-ce qui marque autant dans Kirikou et la sorcière ? Déjà la singularité de son héros, sachant parler avant de naître et se montrant, à quelques jours de vie à peine, bien plus malin que tous les adultes de son village. Un héros dont on garde en tête le visage, l’attitude et le phrasé si particulier. Kirikou (qui n’est pas grand mais qui est vaillant), apprenant que son village est tyrannisé par la terrible sorcière Karaba et ses fétiches (terrifiants quand on est gamin), décide de prendre les taureaux par les cornes et compte l’affronter, défaisant peu à peu son emprise sur le village. Bardé de scènes marquantes, Kirikou et la sorcière surprend par son approche formelle unique dont Ocelot a fait depuis sa marque de fabrique. Il surprend également en n’ayant pas peur de la poésie et de la naïveté, déroulant un récit que d’aucun trouverait simpliste mais qui renoue justement avec cette idée de conte que Michel Ocelot déroule.

C’est donc un conte initiatique que nous avons là où les différentes épreuves traversées par notre héros quasiment infatigable lui permettent de grandir et d’en apprendre plus sur le monde. Bien le cheminement du récit ne soit pas une grande surprise en soi, on redécouvre à chaque vision combien Kirikou et la sorcière est original et surprenant, créant l’émerveillement à chacune de ses séquences. Si la mise en scène accuse aujourd’hui d’un petit coup de vieux au niveau de la fluidité, le film en tire justement une nouvelle force et renouvelle le constat que l’on s’était déjà fait il y a vingt ans : il n’y a pas d’autres films comme Kirikou et la sorcière. Personne n’a jamais essayé de marcher dans les traces de Michel Ocelot depuis, le laissant être le cinéaste d’animation le plus singulier de notre pays, capable de faire naître la poésie à partir de quasiment rien, en l’occurrence un petit garçon tout nu qui s’enfante seul et qui parle dès la naissance. Unique, on vous dit.

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