No One Lives : Option boucherie !

Les cloches du week-end viennent de sonner. Après une semaine de reprise scolaire en cette période atypique, il est grand temps de troquer les cartables pour un bon plaid, des pop-corns et un film léger avec de la tripaille dans tous les coins. Et cela tombe bien, il y a parfaitement ce qu’il vous faut sur Shadowz. Pour notre séance consacrée cette semaine, nous avons voulu revenir sur un réalisateur japonais totalement barré, qui aime les effets gores à outrance et dont son passage sur le sol américain avait particulièrement attiré l’œil des amateurs de films de genre. Pour cette nouvelle séance Shadowz, nous avons voulu vous parler de Ryuhei Kitamura. Si nous aurions préféré vous présenter The Midnight Meat Train (chers confrères de Shadowz, si vous nous lisez), mais le catalogue ne proposait que son survival suivant sorti en 2013, No One Lives. Qu’à cela ne tienne, le film regorge de qualités suffisamment bonnes pour lancer les hostilités du week-end. Alors, installez-vous confortablement, faites livrer la bonne pizza qui va bien et laissez-vous guider au pays des psychopathes ravagés.

Une bande de criminels décide de s’en prendre à un couple de passage dans leur petite ville. Mais ils vont vite découvrir qu’ils ont affaire à bien plus dangereux qu’eux. Survivront-ils à la nuit d’horreur qui les attend ?

Sur le papier, No One Lives ne cache rien de ses intentions : ce sera bref, concis, simple et efficace. Pas besoin de fioritures, ce que cherche Kitamura c’est de la charcuterie bien saignante, une débauche d’effets gores à tous les étages. No One Lives est un pur produit de festival, le genre de film décomplexé qui se vit dans une salle pleine d’amateurs de sensations fortes. Sorti à la fin de toute la vague torture porn qui faisait légion depuis le début des années 2000, Kitamura va y piocher ce qu’il s’est fait de mieux dans le genre afin de consolider les acquis qui lui sont propres. Son talent de metteur en scène n’est plus à remettre en question. Qu’on aime ou pas son travail (il suffit de revoir Versus pour comprendre toute l’énergie qui construira son cinéma), Kitamura se pose comme un cinéaste de l’action, un cinéaste du mouvement…sous cocaïne, cela va sans dire. Tout fuse dans tous les sens, ça va très vite, c’est une grosse dose d’adrénaline à laquelle il faut se préparer. En dépit du fait qu’il a su montrer un assagissement pour les besoins de certains des scripts qu’il a mis en scène (en ce sens, The Midnight Meat Train demeure son chef d’œuvre à ce jour), c’est un réalisateur qui a besoin que tout soit condensé, que tout aille vite, et si possible dans un espace restreint. Insuffler de la dynamique en prenant souvent le pari de poser ses personnages en huis-clos, voilà ce qui consolide durablement les projets de Kitamura. Et ce n’est pas No One Lives qui nous dira le contraire. Bien que l’action prenne place dans différents lieux au fil du temps, les personnages seront sans cesse enfermés. L’optimisation de l’environnement et jouer avec chacun des éléments du décors (et des corps) constituent l’un des atouts majeur de No One Lives. S’il ne révolutionne absolument pas le genre, le film peut se targuer de se hisser sur le haut du panier de ses consorts.

No One Lives reprend merveilleusement le précepte lancé par Hitchcock qui disait que plus un méchant est réussi, plus le film a des chances d’être bon. En ce sens, Luke Evans (alors en pleine ascension) démontre un savoir-faire impressionnant. Il incarne à la perfection le psychopathe froid, insensible et jusqu’au-boutiste qu’on lui demande d’être. Tel un enfant au milieu d’une fête foraine, il se donne à cœur joie à traquer, torturer et mutiler ses proies. Tantôt dans une posture de chasseur, tantôt dans celle d’un boogeyman sauce Michael Myers, il revêt plusieurs masques et rend les mises à mort aussi dynamiques que variées. Dépeint dès les premières minutes comme un homme sans émotion et totalement mutique, il est immédiatement identifié par le spectateur qui saura très vite que personne n’en réchappera (revoir le titre du film pour comprendre qu’on ne nous ment pas). De fait, toutes les victimes (à une exception près) ne seront qu’une succession de clichés ambulants peu, voire jamais, développés. On pourrait reprocher au scénario de ne pas faire dans la finesse, de se contenter de lignes de dialogues vulgaires et consensuelles au possible et d’accélérer notre envie de les voir mourir vite afin de ne plus les entendre jacasser à tout va. Mais cette faiblesse devient l’essence même du projet. Nous sommes venu chercher une proposition gore et craspec à souhait, nous avons droit à ce que nous avons commandé. No One Lives est typiquement le genre de série B qu’on adorait louer dans nos vidéos-clubs, le genre de proposition décérébrée qui rend le catalogue de Shadowz si complet. Entre des programmes un peu plus exigeants (What Keeps You Alive) et du fun jubilatoire où une pluie de sang n’est jamais assez (Démons), No One Lives mérite que vous lui laissiez toutes ses chances.

S’il n’est pas le film de Kitamura que nous conseillerions de voir en premier afin de vous familiariser avec son style, No One Lives demeure un produit tout de même savoureux qu’il serait dommage de bouder. Pour la mise en scène survoltée de son réalisateur et le charisme sadique de son tueur, il y a de sacrés bonnes raisons de vous y arrêter le temps d’une séance dopée aux amphétamines qui donnera un sérieux coup de boost à votre début de week-end.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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