The Mortuary : Mise en bière sanglante

Présenté en compétition lors de l’édition 2019 du PIFFF, The Mortuary avait fait un effet monstrueux sur les spectateurs ayant croisé sa route. Décrit par beaucoup comme l’une des meilleures anthologies horrifique vue depuis des lustres, The Mortuary est le premier long-métrage réalisé par Ryan Spindell. Réalisateur de plusieurs courts-métrages remarqués, il puise les origines de son film via une de ses créations, The Babysitter Murders, qui était directement inspirée du Halloween de John Carpenter. Puisant parmi les épisodes des Contes de la Crypte et les fleurons du genre comme Creepshow, Spindell s’essaye au difficile exercice du film à skectchs. Plus qu’un simple recueil qui envelopperait un best-of de quelques-uns de ses travaux, The Mortuary était le moyen pour Ryan Spindell de rendre hommage aux œuvres qui l’ont forgé et de montrer, par la même occasion, de quel bois il se chauffe. Il nous aura fallut patienter près de trois ans pour qu’il soit visible à une plus grande échelle. Fraîchement débarqué au sein du catalogue Shadowz, les portes vers votre ultime voyage nous sont désormais grandes ouvertes.

Une jeune femme pénètre dans une très vieille maison funéraire afin de s’enquérir de l’offre d’emploi affichée à l’extérieur. Elle est accueillie par l’imposant Montgomery Dark, croque-mort de son état. L’entretien d’embauche prend la forme de récits macabres racontés par le taulier, tous plus terrifiants les uns que les autres, pour le plus grand plaisir de la candidate.

De Body Bags à Cat’s Eyes en passant par Trick ‘r Treat ou encore The ABC’s of Death, il y a fort à parier que Ryan Spindell a redoutablement travaillé son sujet et ses sources. La plupart des films dans le genre possèdent toujours des ventres mous, des segments inégaux, rendant parfois la lecture en demi-teinte et gâchant la qualité de certaines histoires assombris par le manque d’ambition des autres. Non content de s’affairer à un exercice délicat, Spindell le réalise seul, et c’est probablement la meilleure décision qu’il pouvait prendre. Bien entendu, il n’évite pas les poncifs du genre, mais il se les réapproprie pour mieux servir ses atouts. Il distille plusieurs indices dans chacun de ses segments afin de tous les relier d’une quelconque manière. Avec un savant dosage entre l’humour, le second degré et des partis pris horrifiques tranchés, The Mortuary s’illustre comme une anthologie forte et complète. Spindell parvient à concilier de l’horreur malsaine avec de l’horreur plus « léger » par le biais d’un esthétisme tantôt grossier et fun sauce Peter « Braindead » Jackson (la scène de l’accouchement par un endroit particulier est à hurler de rire et de douleur) tantôt onirique au possible dont notamment une séquence dans un ascenseur qui ne déplairait absolument pas à Guillermo Del Toro. Ryan Spindell fait monter la température crescendo et contourne le fameux moment redouté du ventre mou par un jeu de cause à effet plus que bienvenue. En effet, la première histoire parle d’un vol physique et donne lieu à un segment qui reprend le principe de vol sur un plan métaphorique en y incluant une nouvelle thématique qui sera une des accroches du sketch suivant et ainsi de suite… Spindell semble avoir mûrement réfléchit au positionnement de ses séquences, on y ressent en permanence le soin apporté aux détails, c’est un vrai délice.

The Mortuary évite donc soigneusement tous les écueils du film à sketchs et parvient à se hisser honorablement sur le haut du panier. Il doit également son bon fonctionnement grâce à son fil rouge emmené par l’inégalable Clancy Brown. L’acteur est divinement grimé et habite totalement son personnage de croque-mort macabre. D’ailleurs, si l’on remarquera certains maquillages de très bonne facture, il n’en sera pas le cas des CGI. La plupart des effets spéciaux numériques manquent d’harmonie pour se confondre parfaitement au sein de l’univers. Peut-être est-ce un choix esthétique délibéré qui rend le ton du film plus cartoonesque ? Si tel est le cas, nous n’y avons pas toujours été très réceptifs. Mais ce n’est qu’un petit grain de sable au milieu de toutes les immenses qualités du film. Pour un premier long-métrage, Ryan Spindell fait preuve d’un amour immodéré pour le genre. On y sent une approche à la fois nostalgique et l’envie de prouver que l’on peut encore surprendre avec des préceptes éculés depuis des années. The Mortuary est une surprise immense qui renouera indéniablement avec l’envie de partager un bon petit morceau d’horreur en famille (à partir de 12 ans bien tassés évidemment, certaines séquences demeurent graphiquement très éprouvantes). Et comme toute bonne anthologie de l’horreur qui se respecte, l’épilogue du film nous entraînera au cœur d’un tourbillon extrêmement enivrant. Nous n’aurons plus envie de quitter la maison funéraire, bien trop avides de nouvelles histoires. Ryan Spindell renoue avec cette même furie qui nous animait autrefois lorsque l’excitation nous prenait si promptement que l’on s’empressait de vite rembobiner la cassette pour recommencer le film. The Mortuary est un hommage tendre d’un sale gosse qui n’a jamais quitter sa passion enfantine pour les bobines obscures qu’il louait à tour de bras. Plus qu’un exercice de style qui fait office du meilleur curriculum vitae qui soit, The Mortuary prouve que Ryan Spindell possède l’étoffe d’un grand en devenir. Retenez bien son nom, il sera à suivre de très près.

The Mortuary est le meilleur film à voir cette semaine sur Shadowz, à n’en point douter. Il réunit tous les ingrédients qui nous font aimer le genre depuis toujours. Terriblement irrévérencieux, jubilatoire par moment, très généreux en hémoglobine et diablement intelligent dans le traitement de ses thématiques les plus dures (et les plus délicates à aborder pour éviter qu’elles ne deviennent grotesques) comme la banalisation des viols ordinaires ou encore l’infanticide. Shadowz nous fait grâce d’une pépite aux relents 80’s qui sonne terriblement actuel. The Mortuary est une pépite indispensable.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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