Horror in the High Desert : Satisfaire ses followers, quitte à y rester !

Ce mois de Novembre se termine en apothéose sur Shadowz. Pas moins de trois nouvelles exclusivités viennent de paraître sur la plateforme. Difficile pour nous d’avoir eu à choisir tant nous voulions voir les trois films afin de vous proposer la meilleure des séances Shadowz possible. Ce sont les tâches de la vie quotidienne qui auront eu raison de notre choix et nous nous sommes tournés vers Horror in the High Desert uniquement pour sa courte durée (oui, nous ne vous cachons rien) qui rentrait en parfaite concordance avec notre emploi du temps bien chargé. Ce choix par défaut n’exclut pas le fait que nous reviendrons probablement sur les autres propositions de la semaine lors d’une prochaine chronique. Quoiqu’il en soit, cette semaine nous allons nous adresser principalement aux amateurs de reportages sur des affaires de disparition et autres chroniques criminelles. En effet, Horror in the High Desert s’inscrit dans le genre particulier du « documenteur » afin d’étoffer son récit. Il en va de votre capacité à vous immerger au cœur de celui-ci puisqu’il s’agit d’un film au budget dérisoire mais aux ambitions horrifiques bien présentes. Faites Entrer l’Accusé n’a qu’à bien se tenir, la séance Shadowz de la semaine risque fort de marcher sur ses plates-bandes.

En juillet 2017, un randonneur expérimenté disparaît dans le nord du Nevada. Après une recherche approfondie, il n’a jamais été localisé. A l’occasion du troisième anniversaire de sa disparition, des amis et proches se souviennent des événements et, pour la première fois, parlent de l’horrible conclusion de son destin.

Construit comme un documentaire lambda comme on peut en voir des dizaines à la télévision ou sur diverses plateformes de SVOD, Horror in the High Desert prend le temps d’accrocher son spectateur. Écrit et réalisé par Dutch Marich, le film dresse le portrait d’un sympathique citoyen apprécié par son entourage et au tempérament discret. Passionné par les trains, la nature et l’informatique, il est décrit par ses proches comme une personne sans histoire. Le film suscite vivement notre intérêt en distillant minutieusement ses précieuses informations. Petit à petit, l’éminent Gary révèle ses secrets et ce qui l’a mené peu à peu vers une issue fatale. En effet, afin de justifier son dernier acte, le film joue la carte des réseaux sociaux. Nous apprenons rapidement que Gary tenait un blog vidéo et était suivi par plus de 50 000 abonnés. Il y comptait ses aventures, ses découvertes et partageait sa passion avec eux. Bien évidemment, chaque médaille possède son revers et Gary va subir les foudres d’internet. Après une énième escapade, il raconte être tombé sur une cabane isolée au beau milieu d’une forêt à trois jours de marche de toute civilisation. Il la décrit comme sinistre et effrayante. Il y a distingué une forte odeur de fumée et a vite pris les jambes à son cou, guidé par son sixième sens qui lui sommait de partir. Une fois revenu dans sa tente, la nuit ne fut pas de tout repos au point de dormir avec ses chaussures aux pieds afin de pouvoir décamper rapidement en cas de danger. Au petit matin, il a distingué des traces de pieds nus tout autour de sa tente. Il n’a pas demandé son reste et est vite rentré chez lui. Seulement, la curiosité malsaine d’internet va le pousser à retourner sur les lieux afin de prouver la véracité de ses propos puisque ses abonnés bienveillants se sont curieusement transformés en juges bourreaux. Internet ne veut pas croire sur parole, internet veut voir.

Par le biais de cette critique, Dutch Marich ne cache pas ses ambitions : il veut clairement mettre à mal l’hypocrisie et la malversation des gens d’internet qui peuvent ruiner la vie de n’importe qui en l’espace d’un seul commentaire. Jamais notre société n’a été autant conditionnée par les réseaux que depuis la chute d’Harvey Weinstein. Depuis, internet s’est vu allouer les services de nombreux social justice warriors qui ne parviennent plus à différencier une noble lutte pour une cause valable d’un lynchage en bon et due forme. S’il y a des combats qui méritent d’être menés à corps perdu, il y a aussi des futilités qu’il vaut mieux laisser courir. Ainsi, l’histoire de Gary à propos d’une étrange nuit dans une forêt avec une présence inquiétante qui rode autour de sa tente ne mérite pas autant d’acharnement de la part d’abonnés qui, de base, sont censés adhérer aux contenus du vidéaste qu’ils suivent. S’il affirme que cela s’est passé, pourquoi l’obliger à y retourner au lieu de le croire sur parole ?

Avec Horror in the High Desert, Dutch Marich met à mal la curiosité malsaine qui gangrène les consommateurs sur internet. Il démontre clairement que les nouveaux monstres, les barbares des temps modernes, se cachent désormais derrière un écran et un clavier, et cela fait terriblement froid dans le dos. D’ailleurs, une fois le postulat de fond installé et dès lors que le film aura fait monter le frisson crescendo, Dutch Marich enfonce le clou par un dernier tiers glaçant. Impossible de ne pas évoquer Megan is Missing de Michael Goi (toujours inédit chez nous, si vous nous lisez chez Shadowz, sic!) qui, sur un sujet radicalement différent, glaçait tout autant le sang dans un dernier acte abominable en ayant pris le temps de poser minutieusement toutes ses cartes en amont. En revanche, Horror in the High Desert ne verse pas dans l’imagerie choc, au contraire. Il parvient à nous faire trembler en filmant juste un buisson et en laissant notre imagination vaquer aux pires débouchées. En ce sens, le film se rapproche plutôt du Projet Blair Witch et parvient à instaurer une mythologie alléchante quant au boogeyman. Dutch Marich annonce par ailleurs qu’il a clairement plus d’un tour dans son sac puisque le film se ferme sur une fin ouverte laissant fantasmer sur une suite qui devrait étoffer le mystère autour de l’assaillant. Le projet est déjà en post-production et se nomme Horror in the High Desert 2 : Minerva. La mise en bouche aura été suffisamment appétissante pour nous donner sciemment envie de nous ruer sur la suite lorsqu’elle sera disponible.

Horror in the High Desert n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut. En revanche, Dutch Marich parvient à tenir en haleine par le biais d’artifices qui ont fait leur preuve. On assiste autant émerveillé qu’effrayé à l’émergence d’un possible grand boogeyman. Ne reste plus qu’à espérer que la suite transformera l’essai tant le film est plein de belles promesses. Encore une belle exclusivité Shadowz qui, si elle ne trône clairement pas sur le podium des meilleures exclus de l’année, aura le mérite de mettre en lumière un auteur ambitieux. Ne serait-ce que pour la fraîcheur conceptuel du film, Horror in the High Desert mérite qu’on lui laisse sa chance.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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