Reprise en main : L’espoir au travail

Connu pour ses documentaires (notamment ses deux derniers, Debout les femmes ! et J’veux du soleil ! co-réalisés avec François Ruffin), Gilles Perret a décidé de s’attaquer à la fiction avec Reprise en main, tourné dans la vallée de l’Arve en Haute Savoie d’où il est originaire. Toujours axé sur les questions sociales et mû par la volonté de mettre en avant la classe ouvrière, Gilles Perret livre ici un récit duquel ressort un optimisme fort bienvenu en ces temps troublés.

Reprise en main raconte l’histoire de Cédric, travaillant comme son père avant lui dans une usine de mécanique de précision. Apprenant que l’usine doit être cédée à un fonds d’investissement, Cédric tente le tout pour le tout et réunit ses amis avec un objectif : se faire passer pour des financiers dans le but de racheter l’usine afin de ne plus dépendre de spéculateurs cyniques uniquement intéressés par les dividendes. Un projet fou, rendu possible grâce à quelques magouilles financières douteuses mais entièrement légales que le film expose en détails.

Reprise en main se montre donc assez ludique en nous plongeant en même temps que Cédric dans un univers qui nous est inconnu afin de nous en expliquer les rouages tout en maintenant un ton léger où l’espoir a toujours sa place, chose de plus en plus rare dans un cinéma social s’adaptant à la triste réalité et se montrant donc résolument pessimiste. Mais Gilles Perret, en grand amoureux du collectif et de la possibilité de soulever des montagnes quand on s’unit, préfère un discours positif. Il le dit lui-même avec raison : ‘’ce n’est pas par le désespoir qu’on donnera envie aux gens de se bouger’’.

En résulte donc un film qui pourrait presque sembler naïf mais qui séduit par cette volonté d’unir ses personnages et le spectateur autour d’un même but sans pour autant franchir le cap du manichéisme. Et si le scénario n’échappe pas à quelques facilités et quelques dialogues moins sentis que d’autres, Perret a eu l’intelligence de rassembler autour de lui un joli casting, capable de faire passer à merveille les quelques faiblesses du récit. Pierre Deladonchamps s’impose sans mal dans le rôle principal, apportant de belles nuances à un personnage qui aurait pu être lisse et l’on prend toujours autant de plaisir à voir à l’écran Laetitia Dosch, capable de faire exister rapidement un personnage dans ses contradictions. Ce duo principal est joliment entouré par toute une galerie de seconds rôles joliment choisis où l’on retrouve avec plaisir quelques acteurs trop rares (Vincent Deniard, Yannick Choirat, Marie Denardaud, Sophie Cattani) et d’autres acteurs qu’on aime beaucoup (Grégory Montel toujours sur le même registre mais toujours attachant, Finnegan Oldfield…).

C’est donc un joli film porteur d’espoir que Gilles Perret réalise avec Reprise en main, attaché à ses valeurs de toujours mais sans jamais insister avec lourdeur dessus, préférant laisser les personnages parler à sa place. De quoi nous égayer en ces temps troublés pour mieux nous emporter dans cette énergie impulsant le récit pour croire, le temps d’1h45, qu’un autre monde est parfois possible.

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