Petite leçon d’amour : Un traité « par-dessus la jambe »…

C’est dans le cadre d’un Paris pluvieux, contemporain, aux portes d’un printemps augurant moult vicissitudes que s’ouvre le nouveau film de la jeune Ève Deboise, nous présentant sans ambages son anti-héroïne Julie (Laetitia Dosch) sous un jour se voulant à la fois sympathique, maladroit et attachant: promeneuse de chiens de son état, panier percé et modèle photo à ses heures perdues la jeune trentenaire et jolie Julie découvre dès les premières minutes de cette comédie de moeurs, dans l’intimité d’un café pratiquement déserté, la copie du devoir de mathématiques de la jeune Océane sur laquelle la mystérieuse lycéenne adresse quelques mots passionnés, énamourés et suicidaires à l’adresse de son professeur (Pierre Deladonchamps). S’ensuivra une enquête rondement menée par la doggy-sitteur à travers laquelle Julie fera la rencontre de Mathieu (le professeur de maths convoité par Océane, en l’occurrence…) qui – sous des dehors d’odieux connard proprement égoïste et antipathique – couve en réalité une belle sensibilité doublée d’une mélancolie imbibée d’alcool et de blessures sécrètes…

Clairement anecdotique, pas entièrement déplaisant mais parfois agaçant dans le registre loufoque qu’il arbore assez impudiquement le long métrage que représente Petite leçon d’amour n’a de fait que trop peu convaincu notre rédaction pour mériter un éloge quelconque, même partiel. Si Laetitia Dosch et Pierre Deladonchamps ne sont aucunement à blâmer en cette occasion (la première campant tout à fait correctement cette figure féminine pleine de charme et d’imperfections malhabiles, le second prouvant une nouvelle fois la largesse de sa palette dramatique – l’acteur nous avait déjà conquis dans le bien-nommé Vaurien sorti l’année dernière, ndlr) la tonalité comique et situationnelle du récit platement développé par la réalisatrice en fait une fable somme toute assez fade et sans transcendance, typiquement auteurisante et surtout assez (voire trop) légère et superficielle.

On pense notamment aux films vaudevillesques du cinéaste (surestimé à notre sens) Emmanuel Mouret, à tout cet univers parisien présenté tel un microcosme aux préoccupations petites-bourgeoises peu ou prou insignifiantes mais paradoxalement sur-dramatisées : pérégrinations diurnes et nocturnes du couple formé par Julie et Mathieu, incidents multiples filmés sous un jour délibérément burlesque et finalement dérisoire, etc… Petite leçon d’amour nous fait l’effet d’une comédie finalement assez revêche malgré sa volonté de badiner avec son audience à renfort de bulles de savon inconséquentes et oubliables. Par ailleurs la mise en scène, peu inspirée malgré sa tenue de comédie-dramatique mettant un point d’honneur à mettre ses acteurs au devant de décors naturels résolument convenus, parachève la banalité d’un film ayant déjà vieilli de vingt ans au regard des premières scènes. L’exemple même du petit film parisien tendant à devenir une caricature médiocre d’un certain cinéma d’auteur poussiéreux et lénifiant.

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