Peur Bleue : Stephen King au sommet du conte horrifique

Le compte à rebours est lancé, nous approchons des fêtes de fin d’année à grand pas. Pour ce faire, Shadowz ne nous laisse pas tomber et a prévu un programme de qualité pour égayer nos soirées et, ainsi, gommer les sempiternels téléfilms de Noël. Au programme du jour, un film doudou en ce qui nous concerne. Après tout, nous sommes dans la période propice au réconfort et nous n’allions pas bouder notre plaisir à l’idée de vous parler d’une adaptation de Stephen King qui ne se pose pas régulièrement comme une évidence pour la plupart des gens, mais qu’il est grand temps de réhabiliter. Peur Bleue (Silver Bullet) est l’adaptation du roman court L’année du Loup-Garou, paru en 1983, dans lequel King évoque le quotidien morbide d’une petite ville fictive du Maine sur toute une année calendaire. Basant son récit sur les cycles lunaires, King va directement à l’essentiel : un mois, une victime. En biais, il introduit l’histoire d’un frère et d’une sœur qui, aidés de leur oncle, décident de chasser la bête qui terrorise la petite ville de Tarker’s Mills. Le roman se lisant très rapidement (moins d’une heure de lecture à tout casser), il n’en fallait pas moins pour qu’une adaptation au cinéma voit le jour. D’autant qu’au milieu des années 80, King avait véritablement le vent en poupe. Peur Bleue sort en fin d’année 1985 aux États-Unis et mi-janvier 1986 sur nos écrans. Pour les fans les plus téméraires, vous avez forcément dans votre collection cette affreuse édition DVD et qui était difficilement trouvable dans nos bacs à l’époque. Doté d’une unique piste VF mixée dans un mono désastreux et d’une image proche d’un VHS-Rip, il fallait se tourner du côté de l’import pour espérer l’avoir dans une qualité un peu plus présentable. Quel plaisir de le voir débarquer dans un master propre au sein du catalogue Shadowz. Si cela peut amener à une jolie édition blu-ray par chez nous, nous serions les premiers heureux (avis aux éditeurs, notre carte bleue attend patiemment, sic!). Préparez vos plus belles balles en argent, la pleine lune approche.

Dans la petite ville de Tarker’s Mille où vit la famille Coslaw, Jane, la fille aînée, entretient des rapports difficiles avec son jeune frère, Marty, qui est paraplégique. Depuis quelque temps, des meurtres sanglants ont lieu dans les environs à chaque pleine lune. Les victimes sont diverses et variées : un travailleur des chemins de fer, une jeune femme, un vieux jardinier alcoolique et un jeune adolescent, le meilleur ami de Marty. Ce dernier soupçonne un loup-garou d’en être la cause. Les soupçons de Marty deviennent une certitude lorsqu’il aperçoit le monstre un soir de pleine lune. Il s’en tire de justesse en lançant une fusée d’artifice en plein visage de la bête, lui crevant un œil. Marty demande de l’aide à sa sœur et son oncle, Red, afin de débusquer le meurtrier avant la prochaine pleine lune.

Ce qui rend Peur Bleue aussi délectable qu’incontournable tient, en premier lieu, par son casting. Porté à merveille par le regretté Corey Haim, Peur Bleue n’est que sa troisième apparition dans un long-métrage, et pourtant il est déjà en pleine possession de ses moyens. D’une aura à tomber par terre, Haim ensorcelle l’écran et bouffe littéralement tous ses partenaires de jeu. On ne voit que lui, on ne veut voir que lui. D’un talent inné, Haim est de ces destins tragiques dont on préfère ne garder que les meilleures prestations et oublier ses frasques personnelles. Et il va sans dire que Peur Bleue se classe directement dans le haut du panier des incontournables de l’acteur. De plus, il forme un duo exceptionnel avec Gary Busey qui campe son oncle Red. En l’espace de quelques regards, ils nous font ressentir toute une histoire, tout un vécu, un vrai lien entre neveu et oncle. Saluons la force de l’écriture de Stephen King, qui adapte lui-même son propre roman et qui se permet d’étoffer les liens qui unissent les deux hommes, là où Red (Al dans le roman) ne se montrait que peu présent à l’écrit, bien qu’il soit infiniment attaché à son neveu. King triture également la relation entre Marty et sa sœur. Jane, interprétée par Megan Follows, est le moteur qui anime la riche dynamique qui sévit entre Marty et son oncle. Un poil plus effacée du récit, elle demeure néanmoins essentielle à ce dernier. Sans Jane, Marty ne peut se révéler aussi fort et héroïque. Sans Jane, l’oncle Red peut perdre pied à tout instant du fait de son alcoolisme prononcé. Jane est l’élément central du trio. Megan Follows lui confère un jeu nuancé, tout en subtilité. Si elle semble s’effacer devant les mastodontes qu’elle a pour partenaire, elle se révèle, en réalité, bien plus maline. Peur Bleue possède un vrai trio de héros hors normes portés par trois acteurs au talent inéluctable. D’autant que du talent, il en faut pour tenir tête à l’antagoniste. Confié à un Everett McGill grandiloquent, il synthétise bon nombre des sujets de prédilection de King pour ce qui est de créer des méchants vraiment malfaisants. Mais nous nous garderons bien de rentrer dans les détails, nous en avons déjà trop dit et ne ne voudrions pas « divulgâcher » d’avantage sur qui est le loup-garou.

Peur Bleue est le seul et unique film réalisé par Daniel Attias. Ce dernier connaîtra une carrière assez prolifique à la télévision. On lui doit certains épisodes de séries notables parmi lesquelles New Girl, The Walking Dead, Six Feet Under, Lost, Alias, Les Soprano ou encore Buffy Contre Les Vampires qui ne représentent qu’une infime partie de son CV. Pour Peur Bleue, on ne peut pas dire que sa réalisation soit inspirée. En effet, il se contente de mettre en image le récit de Stephen King, rien d’autre. Connaissant la part d’implication de l’auteur dans énormément de ses adaptations, il y a fort à parier qu’il y est allé de sa supervision. Par ailleurs, Peur Bleue jouit d’un budget modeste d’environ 7 millions de dollars. Ce dernier ne justifie en rien son aspect téléfilm, mais pourtant le constat est là et n’est pas à omettre dans les raisons du succès mitigé qu’a rencontré le film. De plus, il se permet des envolées humoristiques qui peuvent totalement sortir du récit le spectateur le plus pointilleux (la scène de la batte de base-ball compte parmi nos meilleures madeleines de Proust, là où certain n’y verront qu’un sursaut nanardesque). Produit par Dino De Laurentiis, Peur Bleue doit probablement une partie de son « échec » aux ambitions trop grandes de ce dernier qui n’a pas mis les fonds nécessaires pour obtenir le résultat visuel voulu. Pourtant, Peur Bleue s’est payé les services de Carlo Rambaldi pour ses effets-spéciaux. Il avait travaillé sur la marionnette géante du King Kong de John Guillermin et est à l’origine de l’alien dans E.T. de Steven Spielberg. Seulement, en dépit de son talent, le résultat à l’écran apporte la preuve inéluctable qu’on obtient les créatures équivalentes au budget qu’on alloue au film. Il n’y a pas de secret. Mais, attention, l’aspect kitch du loup-garou confère à Peur Bleue tout ce capital sympathie qui fait qu’on l’aime d’un amour inconditionnel. Nous ne faisons que constater les faits.

Nous pourrions décortiquer encore de bien des manières la nécessité de voir et revoir Peur Bleue. Seulement, les images parlent mieux que nous et nous préférons en rester là en ce qui le concerne. Nous vous invitons vivement à vous ruer immédiatement dessus sur Shadowz. Peur Bleue est un divertissement solide dans lequel ses plus gros défauts deviennent ses plus belles qualités. Le tout est porté par un casting exceptionnel, englobé dans un aspect de conte grâce au récit en voix-off qui fait défiler l’histoire au fil des séquences. Assurément le film d’horreur adéquat pour les fêtes de fin d’année.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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